«On a beau tout prévoir, on a toujours de mauvaises surprises» Organiser un mariage, une fête de naissance, une circoncision ou tout autre évènement est tout un art. Eviter les couacs et les imprévus de dernières minutes l'est encore plus. Wassila B. et Ghania I., respectivement pâtissière professionnelle et grand-mère ayant organisé plusieurs mariages nous livrent leurs conseils et astuces pour passer une fête zen... Soirmagazine : A chaque fête, notamment le mariage, pères, mères et mariés stressent. On considère ceci presque comme une obligation, pourquoi ? Wassila B. : je rencontre le plus souvent des parents qui viennent me solliciter ou bien me poser des questions sur les gâteaux présentés le jour du mariage. Les questions vont bien sûr du prix au temps de préparation qu'on met pour une quantité précise. Je trouve que cela est tout à fait normal de poser ce genre de questions. Ce qui l'est un peu moins c'est de s'interroger une année à l'avance et de commencer déjà à stresser. Je trouve que cela devient exagéré. Des fois, je me retrouve face à des clientes qui ne savent pas par où commencer les préparatifs et stressent sans pouvoir canaliser leurs énergies. Il faut tout simplement être organisé dès qu'on connaît la date du mariage. C'est la clé pour ne pas stresser. Ghania I. : Je comprends le fait d'être stressé de cette façon. Nos traditions et coutumes nous poussent à l'être. C'est très compliqué de ne rien oublier et de répondre à l'exigence sociale. L'organisation du mariage de mon premier enfant a été un stress total, du début jusqu'à la fin. J'ai passé des nuits blanches à me demander ce que j'avais oublié ou ce que je devais commander. Je me suis retrouvée à la fin de la fête avec des dizaines de kilos en plus à cause du stress. Et dans tout cela, les gens ont trouvé à redire. A ceux qui me sollicitent pour les aider, je dis une chose : c'est normal de stresser, mais il ne faut pas en faire une maladie. Le tout est d'être organisé et être entouré de bonnes personnes qui sont là pour vous aider et qui vous ne stressent pas. La nuance est de rigueur ! Que conseilleriez-vous aux personnes devant organiser une fête ? Avez-vous une recette miracle ? je ne pense pas qu'il y ait de recette miracle, mais je dirai qu'il faut rester tranquille et optimiser son énergie. Il faut avoir une bonne façon de gérer de bout en bout les préparatifs de la fête. Il faut être organisé et ne pas harceler ses fournisseurs, que ce soit le gérant de la salle ou le pâtissier ou bien encore le locataire des chaises et des tables. Il faut rester courtois et ne pas se faire des ennemis à cause de son angoisse. Dans certaines situations, je me suis retrouvée en face de personnes qui paniquaient tellement qu'elles ne savaient plus parler avec les gens. Je refusais même de prendre leur commande, tant cela m'embêtait de travailler pour eux. Ils deviennent irrespectueux et grincheux et ne sont jamais contents. Ghania I. : Il faut être organisé. Je fais des repérages aussi pour choisir une bonne salle des fêtes ou une bonne couturière. Mais, je ne deviens pas obsédée. Au bout de trois choix, je statue avec la personne que j'estime la plus adaptée à répondre à mes envies et à celles de mes enfants. Je sollicite également beaucoup les membres de ma famille, notamment les aînés. De cette façon, j'allie l'utile à l'agréable. Je leur donne le sentiment d'être respectés et je peux avoir leur avis notamment pour la préparation des plats. Pour ce qui est des préparatifs des vêtements et accessoires avec mes enfants, nous faisons en sorte de récupérer les robes et autres, un mois à l'avance. J'estime que le dernier mois est fait pour le nettoyage de la maison, les achats pour la fête et les gâteaux. S'agissant du caméraman et du photographe, je choisis au pif et en considérant les prix. Le plus important reste aussi le DJ ou l'orchestre, c'est selon les bourses C'est très important pour la réussite d'une fête. Là, avec mes enfants, nous essayons d'avoir le meilleur. Mais bon, ce n'est pas lui qui va mettre l'ambiance mais les invités. Y a-t-il des imprévus ingérables ? A priori, je dirais que dans mon domaine, tout est gérable. Je dis bien a priori. Je me suis, toutefois, retrouvée en face de clients qui ont beaucoup de malchance par rapport aux gâteaux. Je vous cite une cliente qui a suivi les préparatifs de bout en bout, venant très souvent à la boutique. Le jour de la livraison, tout était prêt et dans le véhicule. Durant le trajet, ils ont été malmenés, et arrivés à la maison, les gâteaux ont été écrabouillés. Ils étaient irrécupérables Elle a dû, dans la précipitation, en acheter ailleurs et en vrac. Une vraie catastrophe. Une autre s'est retrouvée avec une centaine de gâteaux non consommés parce qu'elle avait tout simplement oublié de les servir. Comme je vous disais plus haut, et au risque de me répéter, il s'agit d'une bonne organisation. Si la première cliente avait dès le départ su où entreposer ses gâteaux dans un lieu sûr au lieu de venir tout le temps à la boutique, rien de tout cela ne serait arrivé. Idem, pour la deuxième cliente, si elle avait su gérer le transport des gâteaux, des robes et autres accessoires, cette erreur aurait pu être évitée. Ghania I. : Oh que oui, il y a toujours des imprévus ingérables. Et le pire de tout est le décès d'un proche, la veille du mariage ou quelques jours avant. Je pense que c'est le pire qui puisse se produire. Il y a aussi les intoxications alimentaires ou que la mariée se retrouve avec une conjonctivite le jour de sa tasdira. On a beau dire que c'est le mektoub mais sur le moment, on s'effondre et on pense à annuler le mariage. J'ai vu des mamans penser sérieusement à annuler un mariage en pensant que cette union serait maudite à cause de ce genre de catastrophes. Le tout est de croire en son destin et de se dire qu'une nouvelle page est en train de s'inscrire. Comme je dis, on a beau tout prévoir, il y a toujours un imprévu. Un dernier mot... Pensez à déguster et à goûter les mets et gâteaux que vous avez commandés ou faits. Beaucoup de mes clientes me disent qu'à cause du stress, elles n'ont rien pu avaler. Elles le regrettent, bien sûr après coup. Je conseille aux lecteurs de prendre leur temps, malgré tout de profiter de ce qu'ils ont mis du temps à bâtir. Après tant d'efforts, le réconfort ! Ghania I. : Je dis tout simplement qu'il ne faut pas oublier l'essentiel. Celui d'être heureux pour son fils ou sa fille, de leur donner votre bénédiction. Le reste, c'est superflu. Et que malgré toutes les dépenses faites et les heures de travail abattues, les mauvaises langues trouveront toujours à redire. Ceux qui seront heureux et contents pour vous, réellement, apprécieront et vous féliciteront.