La Tunisie a découvert, hier, mercredi, les plus ravageuses des actions terroristes : les attentats kamikazes. Deux tentatives, qui auraient pu faire d'énormes dégâts humains et matériels, ont été déjouées dans deux villes proches, Sousse et Monastir. Elles ciblaient les infrastructures touristiques, et donc le poumon économique du pays. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) La première tentative d'attentat kamikaze a ciblé l'hôtel Riadh Palms de la ville côtière de Sousse, dans le centre-est touristique de la Tunisie. Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur tunisien, un kamikaze s'est fait exploser sur la plage, près de l'hôtel Riadh Palms, après avoir été repéré et pourchassé alors qu'il avait pour objectif d'atteindre l'établissement hôtelier. Le kamikaze est mort déchiqueté dans l'explosion. Il en est la seule victime. La plage était déserte au moment où il s'est fait exploser, vers 9 heures, selon la même source. Quelque temps auparavant, une autre tentative d'attentat kamikaze a été déjouée dans la ville de Monastir. La tentative d'attaque visait l'enceinte du mausolée Bourguiba. Elle est l'œuvre d'un jeune qui était en possession d'une ceinture d'explosifs. Selon le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, le kamikaze a été arrêté. «L'homme âgé de 18 ans portait une valise contenant une bombe qu'il allait faire exploser», a précisé Mohamed Ali Laroui. Là aussi, c'est un somptueux édifice touristique qui est ciblé. Le mausolée Bourguiba accueille de nombreux touristes. Les autorités tunisiennes redoutent l'existence d'autres kamikazes prêts à passer à l'action. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur tunisien a souligné d'ailleurs que les unités antiterroristes ont procédé immédiatement après au ratissage des alentours du mausolée à la recherche d'un complice du kamikaze. Ces deux tentatives d'attentats kamikazes renseignent sur une aggravation de la situation sécuritaire en Tunisie, malgré les efforts de ces dernières semaines à endiguer le phénomène qui menace sérieusement le pays. Jusque-là, les terroristes tunisiens ont recouru aux attentats ciblés contre les personnalités politiques ou sinon à des attaques armées contre les forces de sécurité. Hier mercredi, ils se sont signalés à travers un autre mode opératoire mais aussi par une nouvelle cible : l'attentat kamikaze contre les infrastructures touristiques du pays. Outre la destruction de ce potentiel touristique, duquel la Tunisie tire le principal de ses ressources en devises, les attentats kamikazes poursuivent de provoquer, comme dommage collatéral, de saborder l'afflux touristique vers le pays. Les tentatives d'attentats kamikazes interviennent quelque temps après que le président tunisien Moncef Marzouki eut promulgué un décret portant délimitation de zones d'opérations militaires, ce qui signifie un plus d'engagement dans la lutte contre le terrorisme. Elles interviennent aussi à un moment où est mené un dialogue politique visant à trouver une solution à la crise qui accable le pays depuis la chute du régime de Ben Ali. L'opposition et le gouvernement tunisien planchent toujours, sous la médiation du puissant syndicat UGTT, sur le profil du remplaçant du chef du gouvernement Larayedh qui, finalement, a cédé à la pression et accepté de partir et de laisser place à un cabinet de technocrates. Cela devrait intervenir dans un délai ne dépassant pas deux semaines.