De notre envoyé spécial à Tamanrasset, Kamel Amarni Après sa fracassante sortie de la veille, faite à Adrar où il affirmait clairement que Bouteflika se représentera en 2014, Abdelmalek Sellal poursuivra, le lendemain jeudi, ce qui est désormais une vraie campagne électorale, dans la wilaya de Tamanrasset. «Comme vous le savez, ce gouvernement entreprend des visites et des rencontres pour suivre l'application du programme d'un homme que vous connaissez tous. Elles sont sous son égide.» Et il rentre d'emblée dans le vif du sujet. «Cet homme a vécu longtemps ici parmi vous», lancera le Premier ministre à ses interlocuteurs du jour, les représentants de la «société civile» de la wilaya de Tamanrasset. «Il a combattu dans cette région pendant la guerre de Libération. Puis, il a œuvré pour le rétablissement de la paix et de la sécurité et, aujourd'hui, il compte mener le pays vers la modernité.» Depuis quelques semaines, Sellal prend le plus grand soin de donner plus de «lisibilité à sa campagne en cours. Ce n'est pas par hasard qu'il cite systématiquement Bouteflika. Une manière de préciser que la campagne en cours est bien celle de Bouteflika et pas la sienne propre. Aussi, Sellal n'hésite plus, à seulement cinq mois de l'élection présidentielle, à évoquer le «prochain plan quinquennal». Un plan quinquennal 2014-2019 ! Dans le discours du Premier ministre, cela devient même une banalité. Il l'a déjà dit à Adrar, mercredi, lorsqu'il évoquait les projets de chemin de fer prévus pour la wilaya, puis le lendemain jeudi à Tamanrasset. Il le fera par exemple en parlant du problème du logement. «Je ne veux plus entendre parler de crise de logement dans les wilayas du Sud. Nous allons distribuer des terrains, pas mois de 250 m2, pour chaque lot, et des aides pour des constructions individuelles. Et si cela ne suffit pas, il y aura une autre tranche à partir de 2014.» Abdelmalek Sellal parle de plus en plus souvent d'avenir. Tant au plan politique, sécuritaire qu'économique. Ce qui est en soi un message lourd de sens. Evoquant les énormes potentialités de cette wilaya hautement stratégique, Sellal dira : «Je m'engage à vous rassurer que l'avenir de cette wilaya sera radieux. Aujourd'hui, nous n'avons qu'un seul problème. Il est avec Al Qaïda, qu'ils aillent au diable. Mais cela se réglera assurément.» «L'économie nationale prendra une nouvelle voie» Tout le monde connaît les grandes potentialités de la région où, comme le rappellera Sellal, «il y a eu d'énormes découvertes en tout. Des matières qui sont très demandées sur le marché international. Même le fer, nous avons fini par en faire la découverte d'un gigantesque gisement dans la région d'Ouzal (qui signifie le fer en berbère, ndlr). La Sonatrach commencera également très prochainement l'exploration dans la région du nord de Tamanrasset où l'on soupçonne la présence d'énormes gisements de pétrole et de gaz». Ceci dit, Sellal prévient que «l'économie nationale a pris une nouvelle voie. Désormais, l'Etat ne s'occupera plus des petits projets économiques. Pour cela, il y a les dispositifs comme l'Ansej, etc. Certes, il y a encore de la bureaucratie et des mentalités fossilisées. Nous allons régler tout cela. Mais prenez des prêts au niveau des banques. Investissez et ne me parlez surtout plus de cette histoire de "riba" (l'intérêt dû aux banques et que les islamistes considèrent comme illicite, ndlr). Il faut bien que les banques travaillent et prennent leurs intérêts pour continuer à travailler, à payer leurs fonctionnaires, à rembourser elles-mêmes à leur tour la Banque centrale. C'est la règle du jeu. Ou alors, prenez les prêts, remboursez les intérêts et je prends sur moi cette "riba" pour aller en enfer à votre place» ! Un discours osé, qui ne plaît pas forcément aux islamistes mais qui est plus que nécessaire pour un fonctionnement normal de l'économie et du pays.