«Dénoncer pour dénoncer est très facile. Que chacun fasse son travail». Telle était la réponse du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, aux menaces de grève et autres critiques émises lors d'une réunion tenue le mardi dernier à Alger par l'UGCAA, aile Salah Souilah. Yazid Yahiaoui - Bouira (Le Soir) Plus explicite, et en guise de réponse détaillée à ces responsables syndicaux, le ministre Benbada a rappelé que pour organiser le secteur de la distribution, lutter contre la spéculation et assurer la stabilité des prix des fruits et légumes sur le marché, huit hypermarchés de gros sont prévus à l'échelle nationale. Il s'agit de grandes surfaces qui s'étaleront sur 12 à 30 hectares, à Aïn Defla dont les travaux de réalisation ont déjà démarré ; mais également à Mascara, Sétif, Guelma, Bouguezoul, Ouargla et Oued Athmania qui sont au stade d'études. Tous ces projets, une fois réalisés, devront moderniser la distribution du marché de gros avec des techniques de tri, de calibrage, de pesage, etc. et viendront en appui aux marchés de gros déjà existants et datant du temps de la France, et d'autres réalisés juste après l'indépendance, mais qui ne répondent plus aux normes et à la demande nationale de plus en plus croissante, excepté celui d'El Karma à Oran construit en 2010 sur une superficie de 20 hectares. Par ailleurs et pour réguler le marché des fruits et légumes et lutter contre le commerce informel qui nuit aussi bien à l'économie nationale qu'aux commerçants légaux, le ministre a indiqué que l'Etat est en train d'éradiquer progressivement ce phénomène en intégrant les commerçants informels, souvent de jeunes désœuvrés et travaillant avec leurs tables le long des trottoirs et autres endroits inadéquats. A ce titre, il dira que pendant l'été 2012, il a recensé plus de 40 000 commerçants travaillant sans registres du commerce dans l'informel au niveau de quelque 1340 marchés clandestins ou informels. Depuis, l'Etat a détruit quelque 840 marchés, soit près de 65 %, et régularisé près de 18 000 jeunes. La régularisation, et pour ne pas faire fuir ces jeunes habitués à certaines pratiques comme celles de ne pas payer les impôts et autres locations des lieux, a exonéré ces jeunes nouvellement intégrés dans le formel des impôts pendant la première année, permis de travailler sans registre du commerce et par-dessus tout, exonéré du payement de location de leurs stands ou places au niveau des marchés de proximité où ils sont intégrés, pendant une période de six mois. Tout cela pour permettre à ces commerçants nouvellement intégrés dans le commerce légal, de s'habituer au payement des impôts et posséder des registres du commerce en bonne et due forme. D'ailleurs et parlant des marchés de proximité, le ministre Benbada a souligné qu'il y a actuellement quelque 2 000 opérations inscrites à l'échelle nationale et financées soit par le ministère de l'Intérieur à travers les collectivités locales, soit par le ministère du Commerce. Cela étant, et puisque qui dit commerce dit distribution, le ministre a eu à visiter la plateforme logistique de la grande distribution Numilog, filiale du groupe Cevital d'Issad Rebrab, et réalisée à Bouira. Cette plateforme logistique possède une surface de stockage de 75 000 m2, dont 28 000 m2 dédiés uniquement au froid sous forme d'une centaine de chambres froides. Lors de la visite des lieux, M. Issad Rebrab n'a pas caché ses ambitions en informant le ministre que son groupe ambitionne de construire deux autres plateformes identiques à Sétif et Mascara mais que pour le moment les deux projets sont victimes de considérations bureaucratiques en sollicitant l'intervention du ministre pour débloquer les situations et permettre à ces projets de voir le jour. D'ailleurs, par la même occasion et si les contraintes venaient à être levées, le patron de Cevital dira qu'après la réalisation de ces trois grandes plateformes, d'autres plateformes satellites seront construites pour assurer une meilleure distribution à travers le territoire national et en moins de 48 heures. Aussi, le ministre Benbada qui a promis de prendre en charge ces doléances, est revenu sur ce sujet lors du point de presse en rappelant que ces plateformes logistiques, notamment celles de Rebrab, seront un appui indéniable pour l'économie nationale et pour les entreprises qui seront déchargées d'un lourd fardeau que constitue la distribution de leurs produits. Cependant, le ministre a averti que ces plateformes doivent impérativement prendre en considération dans la livraison vers les grandes surfaces comme celles de Numidis, Ardis, Family shop et autres supermarchés, le décret exécutif n°12-111 du 6 mars 2012 fixant les conditions et les modalités d'implantation et d'organisation des espaces commerciaux et d'exercice de certaines activités commerciales qui leur fait obligation d'avoir 60% de leurs chiffres d'affaires à partir de la commercialisation des produits nationaux. Par ailleurs, au sujet de la flambée des prix des légumes secs constatée ces dernières semaines, le ministre a tenu à rassurer les ménages en indiquant qu'après une réunion avec le DG de l'OAIC qui l'a informé de la disponibilité des légumes secs en quantité, il a été décidé d'assurer la distribution de ces produits directement avec les grandes surfaces, les hypermarchés, les supermarchés et autres coopératives de consommation pour éviter toute spéculation et vendre ces produits à des prix raisonnables comme les haricots blancs à 220 dinars au lieu de 300 dinars, les pois chiches à 160 dinars, les lentilles à 120 dinars, etc. Cela dit, le ministre a promis une baisse sensible des prix, au plus tard dans trois semaines. La même promesse est réitérée concernant les produits de la viande blanche mais cette fois-ci, le ministre a envoyé quelques fléchettes à son homologue de l'agriculture qui n'arrive plus, selon lui, à réguler le marché ni à faire fonctionner convenablement les systèmes de régulation existants. Notons que lors de sa visite, le ministre a inauguré le siège de l'Inspection régionale du commerce à Lakhdaria, ainsi qu'un laboratoire de contrôle de qualité et de répression de fraudes à Sour-El-Ghozlane en promettant un laboratoire dans chaque wilaya du pays pour assurer la qualité des produits de consommation et préserver la santé du citoyen.