Le calme est revenu vendredi à Ghardaïa, après une autre nuit de violence intercommunautaire. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des bandes de jeunes ont poursuivi le saccage des commerces mozabites, profanant même un cimetière mozabite. Il aura fallu l'intervention de la gendarmerie pour que la situation soit enfin maîtrisée. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Une nouvelle nuit de violence, donc, dans la nuit de jeudi à vendredi au chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa. Une bande de jeunes, composée d'une centaine de personnes, selon des témoignages de ces violences, s'est à nouveau adonnée à des saccages et pillages des commerces mozabites. Nos témoins parlent de quatre maisons incendiées et autant d'autres pillées entre 21 h et 1 h. «Ils ont même profané un cimetière mozabite, après avoir mis le feu à la loge du gardien et aux salles attenantes», affirme M. D. qui accuse la police d'avoir été passive. «Ces scènes de violence ont duré entre 21 h et 1 h, jusqu'à l'intervention de la Gendarmerie nationale qui, sans déployer des renforts excessifs, a pu vite faire revenir le calme. Ce qui signifie que la situation est maîtrisable, pour peu qu'il y ait une volonté», ajoute-t-il. Mais comme les lendemains de violence sont difficiles à vivre, Ghardaïa s'est réveillée vendredi groggy. La peur tenaille les ventres. Il suffit d'un rien pour que ça dérive de nouveau. Les tensions sont restées vives, même si le calme, précaire, a régné ce vendredi. Les commerces ont baissé leurs rideaux, en guise de protestation contre ces violences qui durent depuis une semaine. Les autorités locales, la police en premier chef, sont accusées de laxisme. «Nous vivons une situation des plus explosives, pire que celles que la région a connues en 1985 et 1990», témoigne, au téléphone, ce jeune Mozabite qui dit craindre que la situation bascule vers l'irréparable. Point rassurés, nombre de commerçants mozabites s'affairaient vendredi à vider leurs magasins et transférer leurs marchandises vers des lieux sûrs. «Les dégâts sont énormes. Ce sont les grossistes et les commerces de luxe qui ont été ciblés. Les pertes se chiffrent en milliards», déplore le même jeune. Les Mozabites se disent outrés par le comportement de la police qui, selon eux, n'a rien fait pour arrêter ces violences. «Nous avons appelé à l'intervention de l'armée et de la gendarmerie», confirme notre interlocuteur. Depuis une semaine, des bandes de jeunes sèment la terreur au niveau des quartiers de la ville de Ghardaïa, plus précisément dans les quartiers où vivent les populations mozabites. Les appels des notables locaux à la sagesse n'ont pas eu d'écho. Le pacte signé par les notables des deux communautés sous l'égide du ministère de l'Intérieur est inopérant. Du moins, il n'a pas empêché que les violences éclatent de nouveau. Le militant des droits de l'Homme, Kamel Dine Fekhar, a renouvelé ses accusations à l'encontre de la police. Dans des déclarations à la presse, il accuse même la police d'être complice des bandes de jeunes qui s'en prennent aux biens des Mozabites. La DGSN avait infirmé ces accusations.