Tout porte à croire que le FFS est en train de se vider de sa base militante et d'un nombre important de cadres et d'élus locaux dans la wilaya de Béjaïa, le plus important fief du plus vieux parti d'opposition algérien. Les démissions en cascade atterrissent quotidiennement depuis une quinzaine de jours au niveau du siège national. Ce bal des démissions ouvert le 30 décembre dernier par la totalité de l'encadrement politique de sa fédération de Béjaïa, à sa tête le député Khaled Tazaghart, rejoint quelques jours après par des militants des sections communales de Béjaïa et Chemini est visiblement loin de s'arrêter. La semaine écoulée, ce sont les militants et élus locaux de pas moins de quatre sections des communes de Tamokra, Amalou, Tazmalt et Timezrit à claquer la porte du FFS. En plus de certains maquisards et anciens militants de la première heure de 63, ils sont près de 400 militants dont plus d'une dizaine d'élus locaux à rompre définitivement les liens organiques avec le parti en signe de protestation contre «une ligne politique en contradiction avec des fondamentaux du parti». Les mêmes défections sont également enregistrées dans la wilaya de Bouira avec entre autres les démissions d'un membre du Conseil national, le maire d'Aghbalou, l'ex-P/APC de Cheurfa ainsi que les premiers secrétaires des sections d'El Adjiba et Aghbalou. «L'homme d'honneur est celui qui ne s'engage pas à la légère et qui n'engage pas les siens à la légère». C'est par cette citation du chef historique de leur parti, Hocine Aït Ahmed, qu'une cinquantaine de militants de la section de Timezrit annoncent, dans une déclaration rendue publique, leur démission collective du parti. «Le FFS est né dans la douleur pour faire face à la recomposition violente de l'été 62, corps et âme, nos valeureux martyrs ont combattu l'armée des frontières qui a dénié le droit au peuple algérien d'accéder à sa propre autodétermination. Cinquante ans après, cette mémoire est souillée par un appareil né d'un coup de force scientifique lors du 5e congrès, d'ailleurs, nous avons la conviction que Hocine Aït Ahmed aurait été scandalisé s'il avait assisté aux assises», écrivent les militants démissionnaires du FFS de Timezrit dans leur document. Les frondeurs font observer que depuis le dernier congrès, «l'appareil a verrouillé carrément le parti en transformant les structures de bases en cellules de renseignement en menant une guerre tout azimut contre les forces vives du parti et tous les militants autonomes qui n'adhèrent pas à la stratégie de normalisation». «Nous n'accepterons jamais d'être une marchandise à troquer pour ceux qui courent derrière le confort du système en tournant le dos à toutes les valeurs démocratiques véhiculées par le FFS», concluent les mêmes militants démissionnaires tout en dénonçant avec une rare virulence ce qu'ils qualifient «d'atteinte à la mémoire du parti et à la souveraineté de la base». Se refusant d'être des militants du «second collège et otages de l'appareil», des maquisards et anciens de 63, les cadres membres du Conseil national et des élus APC/APW des wilayas de Béjaïa et Bouira qui ont décidé de quitter organiquement les rangs du FFS ne comptent pas se taire à travers l'organisation d'un meeting populaire avec la présence du député de Béjaïa, Khaled Tazaghart , aujourd'hui à partir de 11h à la maison des jeunes de la municipalité de Chemini. Une rencontre avec la population, au cours de laquelle les frondeurs du FFS comptent faire des révélations sur ce qui «se trame au sein de l'appareil» de leur ex-parti, a-t-on déclaré.