Un tribunal turc a refusé hier la remise en liberté de l'ancien chef de l'armée turque, le général Ilker Basbug, qui purge une peine de prison à vie pour complot contre le gouvernement, contrairement aux réquisitions du parquet, ont rapporté les médias turcs. Cette décision est la première rendue par la justice turque depuis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est déclaré favorable à un nouveau procès pour des centaines d'officiers, dont le général Basbug, condamnés en 2012 et 2013. Pour la première fois, le procureur chargé du dossier avait requis la remise en liberté de l'ancien officier et son placement sous contrôle judiciaire, estimant qu'il devait être tenu compte de «la personnalité et la situation sociale» de l'intéressé. Depuis un mois, M. Erdogan accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen d'avoir infiltré la police et la justice pour manipuler plusieurs enquêtes sur la corruption visant des proches du pouvoir, afin de le déstabiliser à la veille des élections municipales de mars et présidentielle d'août 2014. Fin décembre, l'armée turque a profité de ce conflit dans la majorité islamo-conservatrice au pouvoir depuis 2002 pour introduire une requête en révision des procès des deux affaires baptisées «Marteau-pilon» et «Ergenekon». L'état-major turc a argué dans ces demandes du fait que les preuves utilisées contre les militaires avaient été fabriquées. Les déclarations de M. Erdogan en faveur d'une révision des deux procès ont suggéré un changement de son attitude vis-à-vis de l'armée, qu'il s'était jusque-là efforcé d'écarter de la vie politique, à coups de purges et de procès. L'armée turque a, depuis 1960, fait trois coups d'Etat et contraint un gouvernement à la démission.