Samedi soir, après la journée mouvementée entre prises de parole, répression et arrestations, les opposants au 4e mandat mais plus largement à «ces élections présidentielles considérées comme une mascarade» se sont réunis et un mouvement de contestation est né «Barakat !» (ça suffit !) Saadia Gacem - Alger (Le Soir) «Barakat !», le nom du mouvement a été voté après débat et plusieurs propositions, en référence au slogan scandé à la fin de la guerre de Libération par des citoyens fatigués après sept ans de violents combats avec la France «Sebaa Snine Barakat !» (7 ans ça suffit). Ils étaient une quarantaine à se retrouver samedi soir, à Alger, dans le but de faire un bilan de la journée de contestation de ce 1er mars, des arrestations et libérations et surtout débattre de la suite à donner au mouvement. Le groupe dresse un bilan positif de la journée de contestation, cependant, plusieurs arrestations ont été enregistrées : «des dizaines d'interpellations de citoyens qui ont pris part à ce rassemblement et qui entendaient simplement exprimer leur opinion d'une manière pacifique, un droit garanti par la Constitution». Selon les informations recueillies par le mouvement, les personnes appréhendées ont été dispatchées dans plusieurs commissariats Baraki, El Harrach, Boulevard Che Guevara, Cité des Annassers, Cavaignac, Bab Jedid et Zéralda.» Lors de cette réunion, les échanges étaient vifs et les manifestants tentent d'aller au-delà de l'étiquette «anti-4e mandat». «Il ne faut pas personnaliser les revendications. C'est tout le système qui ne va pas !», clame un participant. La salle acquiesce, «50 ans barakat !» ajoute un opposant. Tous se disent d'accord sur le fait que ce n'est pas seulement «Bouteflika qui est visé par le mouvement» mais «tout le système en place depuis 1962 ! ». Le groupe insiste sur le fait qu'il est important d'être vigilant quant à l'éventuel «récupération du mouvement par un parti politique», «On insiste sur la non-récupération du mouvement citoyen par des partis politiques mais sans les exclure.» De plus, le groupe ne souhaite pas être assimilé à d'autres mouvements dans le monde arabe par exemple. «Nous ne voulons pas de Printemps arabe, nous voulons une transition pacifique et un changement radical d'un système has been !». Le mouvement se veut «indépendant et ouvert». A la suite de la réunion-débat entre les organisateurs et les participants de cette manifestation, le groupe a annoncé la naissance du mouvement «Barakat !» Un communiqué a été publié dans les réseaux sociaux et la presse. Les participants précisent dans leur communiqué que «Barakat est un mouvement citoyen pacifique et autonome qui rejette le quatrième mandat et milite pour l'instauration d'un véritable régime démo... cratique en Algérie. Le mouvement appelle tous les citoyens à se mobiliser autour de cette initiative». Le mouvement considère que l'Algérie n'a «jamais été une véritable démocratie et par conséquent, il est temps de procéder à une réforme du système». Les discussions se poursuivent sur les orientations à donner au mouvement, différentes idées émergent comme par exemple «l'application de l'article 88 de la Constitution concernant le président sortant (destitution pour raison médicale), proposer des assises avec le peuple algériens». Concernant les élections présidentielles, le débat se poursuivra lors de la prochaine rencontre car il n'y a pas eu de consensus sur la question qui est à débattre «le boycott ou l'annulation des élections ?» Le mouvement insiste sur le fait qu'il faut appeler «à la lutte pacifique en vue de jeter les fondements d'un ordre démocratique régi par l'Etat de droit et soumis au mandat du peuple.» Pour le moment, le mouvement n'a pas appelé à d'autres actions, des réunions d'organisation sont prévues dans les jours à venir pour la poursuite du mouvement et des débats.