Hier, s'est déroulé à l'Ecole supérieure des beaux-arts (ESBA) à Alger un hommage émouvant, artistique et musical à Ahmed Asselah et son fils Rabah sauvagement assassinés le 5 mars 1994 dans l'enceinte de l'Ecole que Ahmed Asselah dirigeait depuis les années 1980. Cela fait 20 ans que cet évènement dramatique s'est déroulé au sein de l'ESBA. Parce qu'ils appartenaient à une génération qui avait refusé de se taire et de se conformer aux préceptes et surtout de se soumettre aux menaces perpétrées par des groupes extrémistes des années noires, Ahmed a été assassiné un matin devant son fils Rabah âgé de 22 ans et étudiant en deuxième année à l'ESBA. Ce dernier, voulant porter secours à son père fut également assassiné. Les anciens étudiants et des artistes ont voulu marquer le coup en organisant un hommage artistique et musical au sein de l'ESBA. L'une des organisatrices explique que l'hommage ne concerne pas seulement la famille Asselah mais toutes les personnes assassinées durant cette période, comme par exemple Dr Aslaoui, T. Djaout, Pr Boucebci, Belkhenchir, Liabès, Mekbel, Alloula, Lyes Mesbah et ses camarades, et tant d'autres. Un «mur d'expression» a été réalisé pour l'occasion, «ce sont près de 690 personnes qui nous ont envoyé leur dessin, peinture, poèmes pour construire ce mur». Un mur qui fait le tour de la salle où se déroule l'évènement, on y voit des inscriptions telles que «on n'oublie pas», des poèmes, des photos et des dessins d'artistes et d'enfants tapissent ce «mur d'expression». L'hommage débute avec non pas «une minute de silence» mais «une minute d'applaudissements», ensuite, place à la musique avec Kawthar Meziti, suivi d'un moment poésie avec Samira Negrouche et enfin du chaâbi avec Reda Doumaz, qui était «un ami de Ahmed», me précise une organisatrice. L'école est envahie par les anciens qui reviennent avec émotion sur leurs années passées sur les bancs de l'ESBA et de jeunes étudiants ; «on tenait à organiser cet évènement ici pour que la jeune génération connaisse cette histoire. Ils ne savent pas forcément il faut la leur raconter», dit une organisatrice. Etait également présent à l'évènement, l'actuel président de la fondation «Essalah», le professeur Hocine Asselah cousin de Ahmed, «c'est un hommage organisé par l'Ecole des beaux-arts et qui ne concerne pas seulement Ahmed et son fils Rabah mais toutes les personnes injustement assassinées durant cette période. Au niveau de la fondation, nous demandons également que la vérité soit faite, sinon comment faire le deuil. C'est impossible !» Les artistes se succèdent sur scène pendant que la salle continue d'échanger, de se retrouver après quelques années d'absence.