Très fréquentes mais méconnues, les pathologies du sommeil demeurent non reconnues en Algérie comme maladie. La Société algérienne de médecine du sommeil sensibilise ainsi sur la nécessité de leur prise en charge par la Sécurité sociale. Rym Nasri - Alger (Le Soir) Les pathologies du sommeil sont très variées et leurs complications aussi diverses : des complications liées à la croissance de l'enfant, cardiovasculaires, sexuelles, métaboliques et même sur le rendement au travail. La Société algérienne de médecine du sommeil (Sams) a consacré ainsi son 1er congrès au thème «le syndrome d'apnées du sommeil», une maladie caractérisée par le renflement et l'arrêt respiratoire pendant le sommeil. «Outre l'insomnie, le syndrome d'apnées du sommeil est probablement la pathologie la plus fréquente des troubles de sommeil. C'est une pathologie qui n'est pas reconnue en Algérie comme maladie. Elle est méconnue par le médecin et le malade lui-même», affirme le président de la Sams, Dr Amrani, hier au deuxième jour du congrès, tenu à Alger. Pourtant, le syndrome d'apnées du sommeil est une maladie aussi fréquente que le diabète et l'hypertension artérielle. D'où d'ailleurs, «l'occasion pour sensibiliser les médecins sur cette pathologie et les former», poursuit-il. Il est également question de se pencher sur la sensibilisation des autorités concernées pour que cette maladie soit «reconnue, prise en charge et remboursée par la Sécurité sociale». Autre objectif de la rencontre : «Sensibiliser l'Algérien sur la somnolence au volant afin de réduire le nombre de victimes des accidents de la circulation», ajoute le Dr Amrani. Intervenant, le Dr Alain Nicolas, psychiatre à l'hôpital Le Vinatier à Lyon (France), qualifie les pathologies du sommeil de «fréquentes» et d'«invalidantes» et dont l'impact est fort sur la qualité de vie. «L'insomnie touche 20% de la population, le syndrome des jambes sans repos et le syndrome d'apnées du sommeil touchent entre 4 à 6% de la population chacune», dit-il. Des pathologies qui non seulement affectent la santé des patients en les privant de sommeil mais qui engendrent également d'autres maladies. Il cite ainsi le syndrome d'apnées du sommeil (SAS) qui provoque souvent de l'hypertension artérielle, des troubles cardio-vasculaires ou encore des risques d'AVC. Idem pour l'insomnie souvent «sous-estimée». Pourtant, c'est une maladie qui en provoque d'autres. «Les risques des dépressions nerveuses sont multipliés par 10 chez les insomniaques et la prise en charge précoce de l'insomnie permet de diminuer le nombre de dépressions. D'autant que le coût de la prise en charge de la dépression nerveuse est trois fois celui de l'insomnie», précise le Dr Alain Nicolas. Pour le spécialiste, traiter ces trois pathologies permettra ainsi d'avoir un impact très important sur la santé publique. Ces maladies ont aussi une incidence sur la vie sociale et la vie professionnelle du patient. «L'impact de l'insomnie sur la société américaine est de 80 millions de dollars chaque année», souligne-t-il. Il insiste ainsi sur la nécessité de la prise en charge des troubles de sommeil. «Ces maladies ne sont pas spécifiques d'une seule spécialité car les perturbations du sommeil se reflètent sur tout l'organisme. Elles concernent ainsi les pneumologues, les neurologues, les psychiatres et de plus en plus les ORL», souligne-t-il encore.