Quand le bleu embrasse le blanc ; quand les motifs se t�lescopent, se meuvent, se heurtent pour enfin se reconna�tre, c'est l� o� prend corps l'œuvre d'art qui puise sa force du doigt� puissant du peintre. C'est en effet en ces termes laconiques qu'on peut pr�senter l'exposition de l'artiste peintre Rachid Koreichi, qui se tient � la galerie Isma au centre des arts de l'Office Riadh El-Feth (OREF), jusqu'au 16 d�cembre prochain. L'intitul� de l'expo "Sept variations indigo" est en lui-m�me un oc�an de significations. Les 49 œuvres expos�es ont en commun le chiffre symbolique et magique 7, ceci a d'ailleurs une relation �troite avec les soci�t�s arabomusulmanes. Ce chiffre prend � la fois une dimension mystique, philosophique et scientifique. C'est quelque part une union sacr�e entre trois �l�ments qui ne se retrouvent pourtant que pour se fuir. "L'artiste m�ditait, il �tait venu chercher l'inspiration dans cette cit� vieille de plusieurs mill�naires. Alep au nord de la Syrie. Comme les couleurs voyagent, il voulait retrouver des traces de bleu sur cette route de l'Inde d'o� venait l'indigo", �crit le pr�sentateur de l'expo, M. Ren� Guitton. Mais c'est quoi l'indigo? Voil� la d�finition que nous propose Hachette. "Mati�re colorante bleue de synth�se autrefois tir�e de l'indigotier." Cette teinture avait fait l'objet de nombreuses �tudes dont certains secrets furent peu � peu r�v�l�s : indigo m�l� d'�corce de grenade avec addition d'eau de dattes ou de suc de raisin noir broy� ou de figues pi�tin�es. Cette mac�ration �trange conf�rait � l'indigo d'Alep une haute r�putation dans toute la M�diterran�e. Cependant, avec Rachid Koreichi, inutile de prendre cette d�finition au "mot", car ce concept transcende toutes les d�finitions. Chez cet artiste, il faut chercher la signification dans le signe, il faut se doter de cette philosophie du symbole pour comprendre enfin que la peinture chez lui est une alchimie qui sert son faiseur � transformer toutes les couleurs au bleu. "Difficile alchimie. Car l'œuvre de Rachid Koreichi, comme celle des grands peintres, plasticiens, sculpteurs… r�pond � l'art du voir et du savoir. Jeu de forme et de la culture. Jeu de traces d'une m�moire ancestrale." "Le voil� qui trace et peint, h�site et invente des formes qui s'enlacent et s'�treignent. Au bout de ses pinceaux jaillissent l'infiniment grand et l'infiniment petit : ce point de vue � partir duquel il regarde le monde, ce point de vue que le spectateur ressent diff�remment selon la distance � laquelle il per�oit les empruntes." Par ailleurs, cette exposition se veut aussi un hommage de l'artiste � trois figures du mysticisme dans le monde musulman. C'est un clin d'œil � Rabi'a Al Aadaouia, cette mystique de l'Islam n�e en 713, dans le sud de l'Irak. C'est une pens�e � Ibn Al- Arabi, ce ma�tre soufi n� en Espagne au XIIe si�cle. Et enfin c'est un grand hommage � Abd El Kader, cet autre soufi qui a su tenir t�te � l'arm�e coloniale. "Le soufisme, c'est l'ouverture aux autres, la d�marche des hommes qui œuvrent pour une dimension nouvelle dans la relation entre les peuples et les religions, dans le respect de leur diversit�."