Amar Saâdani, boss contesté du FLN, sait crawler à contre-courant. C'est de ce point de vue qu'il faut sans doute regarder la décision qu'il a prise d'entraîner le vieux parti unique reconfiguré dans l'aventure du siècle : soutenir l'officialisation de tamazight et son inscription dans la Constitution. On se frotte les yeux. On se pince. Rêve, réalité ! Euphémisme. Une telle position ne manque pas d'étonner. Au FLN, on le sait. On sait même que cette abdication est difficilement explicable. Comment, après tant de batailles ardues et parfois irrationnelles pour écraser la langue berbère au nom des martyrs et des saints, on finit comme ça par dire, avec la candeur d'un enfant de chœur, que, oui, il faut officialiser la langue qui donne le prurit à des générations de censeurs sourcilleux et irritables. Inexplicable. C'est pourquoi un porte-parole du FLN nous explique que si Amar Saâdani va au charbon, c'est parce que, lui, n'est pas vraiment un apparatchik qui squatte les recoins du parti qu'il vente ou qu'il pleuve, opérant, quand besoin est, un repli tactique. Non, Saâdani vient de la base, il comprend donc que tamazight devienne langue officielle. De la position de Saâdani ou de l'argument qu'utilise son porte-parole, on ne sait ce qui est le plus madré. S'il suffisait de venir de la base pour briser, une fois là- haut, le tabou de l'officialisation, on le saurait. Et puis, Saâdani, quand il était à la base, on ne l'aura pas beaucoup entendu militer pour la reconnaissance de tamazight. A moins qu'à la base, on parle tellement bas que personne n'entend. N'est-ce pas plutôt une position tactique ? Tout ce qui titille ses adversaires est bon à prendre. A la base comme au sommet. Arris Touffan