[email protected] Elle se lève aux aurores, se débarbouille le visage à la hâte, enfile sa «tenue de travail» comme aiment la taquiner ses proches, et entame une journée pour le moins harassante. Les courses, c'est son époux qui s'en occupe. Chômeur, il lui doit au moins cela. Elle, maniaco-dépressive de la propreté, entame le nettoyage, ou comme le lui répète sans cesse sa fille, passe à «la désinfection journalière des lieux». «Oui, vous pouvez penser ce que vous voulez, moi, les enfants que je garde doivent se sentir dans un endroit propre et agréable.» Mais ce n'est pas tout ! Cette nourrice hors pair exerce chaque jour que Dieu fait ses talents de cordon-bleu. Sa joie, c'est de voir les enfants réunis autour d'une table gastronomique, à se lécher les babines après avoir dégusté un gratin de pommes de terre généreusement rissolé, des cuisses de poulet rôties, soigneusement dorées, ou des quiches aux crevettes croustillantes. Elle a plus d'un tour dans son sac pour épater les enfants, qui, sortis de l'école, se précipitent vers la table qu'elle a amoureusement dressée. Infatigable, elle veille à ce que tous se lavent d'abord les mains. Des serviettes brodées de leurs initiales sont accrochées dans la salle de bains, nette et éclatante. Le déjeuner pour ces gamins est une véritable partie de plaisir, ils mangent et en redemandent. «Nina» est là pour satisfaire leurs désirs. Il y en a même qui ne veulent pas quitter la cuisine. Le flan au caramel qu'elle a réalisé elle-même était trop délicieux, tout comme la tarte aux fraises qui fond dans la bouche. Ils s'en délectent ! Mais où puise-t-elle toute cette énergie ? «Ce n'est pas seulement l'argent. Les enfants que l'on me confie sont les miens. Quand ils rentrent chez moi, ils sont joyeux, heureux, ils m'enlacent et me couvrent de baisers. Leur première question : «Nina, qu'est-ce que tu nous as préparé aujourd'hui ?» Et moi, je fonds comme beurre au soleil. C'est ça qui me fait réveiller à 6h du matin pour être au rendez-vous de midi, pour leur offrir les meilleurs plats. Parfois c'est eux qui me proposent le menu, et c'est avec plaisir que je me plie à leurs exigences. On me dit souvent que j'en fais trop, mais moi, je vois mes gamins, ils ne laissent jamais rien dans leurs assiettes, et ne tarissent pas d'éloges à mon égard. Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Pour la petite histoire, un de mes petits refuse de manger le couscous de sa maman. Le vendredi, il lui est arrivé de venir à la maison, quand j'y suis, pour le déguster. Eh bien, c'est cela ma réussite. Toute jeune, j'ai rêvé d'ouvrir un resto, je n'ai pas eu cette chance, et c'est tant mieux. J'ai plus : une grande cuisine, une table digne d'un grand restaurant, et des enfants qui se régalent dans la joie et la bonne humeur !