Pour Me Ali Haroun, les condamnés à mort de la guerre de Libération souffrent de l'indifférence des pouvoirs publics. Une indifférence qu'il qualifie d'«injustice historique» que l'Etat doit absolument corriger. Rym Nasri - Alger (Le Soir) L'ancien responsable politique de la Fédération de France du FLN, Me Ali Haroun, reconnaît que l'Etat algérien n'a pas accordé de l'importance aux condamnés à mort de la guerre de Libération. Pourtant, précise-t-il, «ces combattants ont apporté une énorme contribution à la Révolution mais qui n'a pas été reconnue après l'Indépendance». Pour lui, ces condamnés à mort sont victimes d'une «injustice historique» que l'Etat doit corriger. Il déplore ainsi la disparition des renseignements et des archives sur les condamnés à mort de la guerre de Libération en 1962 dans des circonstances que le conférencier n'a pas jugé de divulguer maintenant. Intervenant hier, au forum d'El Moudjahid à l'occasion de la Journée nationale des condamnés à mort, Me Ali Haroun cite le cas de Abderrahmane Khelifati, condamné à mort et guillotiné à l'âge de 17 ans. Selon lui, le jeune militant était mineur lors de l'exécution d'une mission commandée par la Fédération de France du FLN. «Les autorités françaises se sont arrangées pour falsifier sa date de naissance et ont exécuté un mineur. C'est très grave», dira-t-il. Une exécution qui a eu lieu malgré l'intervention de Khroutchev, secrétaire général du Parti communiste de l'URSS, du roi du Maroc, Mohammed V, et même du Pape, tous contactés par les avocats du jeune Khelifati en moins de 48 heures, précise encore Me Ali Haroun. Il rappelle ainsi que tous ces condamnés à mort ont été jugés en droit commun et non pas comme des combattants de guerre car la France refusait à l'époque de reconnaître la guerre de Libération. «En 1999, le Parlement français reconnaît que la guerre de Libération était bel et bien une guerre. La France doit alors reconnaître les conséquences de cette guerre», ajoute l'avocat. L'ancien condamné à mort de la Fédération de France FLN, Brahim Ould Hamou, précise que sur 114 condamnés à mort, 22 ont été exécutés tout en insistant sur le terme «guillotinés». «C'est une mort atroce», dit-il. Il déplore de son côté, le fait qu'on ne parle pas de ces condamnés, pourtant, «ils ont tous connu le couloir de la mort». Il se rappelle ainsi du premier guillotiné Addellah Belil, originaire de Sétif, à la mi-septembre 1958. «Il avait refusé de porter le bandeau sur les yeux et a affronté la mort avec le sourire car il savait qu'il allait mourir pour une cause juste», raconte-t-il. Des sacrifices qui, pour cet ancien condamné à mort, ont permis d'arracher l'Indépendance.