Aujourd'hui, il n'en reste plus que quatre pays qui sont deux titans sud-américains et deux colosses européens aussi déterminés les uns, les autres. Le hasard de la programmation a donné lieu à deux duels au sommet Europe- Amérique du Sud. Quoi de mieux pour servir d'apothéose à un Mondial brésilien catalogué parmi les plus attractifs dans les annales de cette compétition tant prisée. Ces magnifiques affiches sont de véritables classiques du genre. A la lecture des palmarès de ces quatre mastodontes du football mondial, c'est un poids de dix trophées et 20 finales de Mondial. Jamais un dernier carré au passé aussi riche n'a été réuni dans l'histoire de cette compétition. A lire le nom des animateurs de chacune de ces deux confrontations, c'est toute une réminiscence de souvenirs qui revient en surface. Alors place à des épanchements analytiques. Aujourd'hui (17h locales, 21h à Alger) à Belo Horizonte : Brésil-Allemagne Les retrouvailles l Après s'être rencontrés, en 2002, le Brésil et l'Allemagne seront face à face dans un duel détonant. Devant la «Seleçao», la Nationalmannschaft sera poussée par cette revanche qui la ronge depuis malgré que cette rencontre ne se déroule pas dans les circonstances du moment que la précédente explication était en finale et que cette fois ce sera en demi-finale. A revoir le parcours de ces deux ensembles, il faut avouer qu'ils sont identiques dans le sens d'une léthargie dans l'effort soutenu et continu et d'une apathie au beau jeu connu et apprécié de ces deux géants du football mondial. Il faut dire que cette situation a engendré une déception et du public brésilien et allemand et aussi des milliers de spectateurs ayant garni les travées des stades où se sont produites ces formations-là sans oublier les millions de téléspectateurs disséminés à travers le monde. La vox-populi ne comprend pas comment les Brésiliens, magiciens de la balle déçoivent malgré leurs cinq titres mondiaux tout comme les Germaniques, eux aussi auréolés de leurs trois sacres. C'est sûr que le coach brésilien Luiz Felipe Scolari et son homologue allemand Joachim Löw en sont conscients de ce que leurs protégés ont produit comme jeu truffé de déchets inconcevables pour des joueurs de haut niveau mondial. Aussi, ils tenteront de les sermonner et aussi les sensibiliser pour qu'ils se remettent en cause et aller vers un feu d'artifice footballistique comme apothéose de ce Mondial et par-là même se réconcilier avec les puristes. Ainsi, les techniciens opposent d'abord le jeu de chacun des deux formations pour tenter d'avoir une projection technico-tactique de ce que sera comme match. Du côté des Brésiliens, jouant à domicile et devant leurs milliers de fans, le coach Scolari est plus que condamné de réussir son Mondial. Jusqu'à présent, il a réussi cahin-caha à atteindre cet avant-dernier tour. De l'avis des spécialistes, le jeu brésilien est dépendant du stratège Neymar qui est la plaque tournante incontournable. La vedette du FC Barcelone a inscrit 4 buts, fait deux passes décisives sur les 10 réalisations sans oublier le 5e but dans la série des pénaltys contre le Chili, et c'est le tireur attitré des coups francs. Face aux Allemands, Neymar brillera par son absence tout comme la tour de contrôle Thiago Silva. Certes, l'effectif des Auriverdes est assez fourni avec la présence de David Luiz, d'Oscar, Hulk, Luiz Gustavo, Fred etc. En somme, Scolari aura le choix entre un 4-3-3 ou un 4-4-2. Il faut avouer que Scolari est redouté par sa ruse. Pour le camp allemand, le spectaculaire beau jeu passe en second après le réalisme froid. Pour les amateurs d'un football chatoyant et coloré, il faut aller voir ailleurs car la Mannschaft ne régale pas. Pourtant, l'équipe allemande est toujours portée vers l'avant avec un esprit frais et offensif mais il n'y a pas cette touche de créativité, d'insolence créative à la brésilienne ou à l'algérienne qui déroute le spectateur. Un regard sur la composante de la formation chère à Joachim Löw met en exergue une tendance à un rajeunissement mesuré. Dans un système en 4-2-3-1. En ce Mondial, la troupe à Löw, bien que possédant un impressionnant gardien de but Neuer est quelque peu fébrile dans la charnière centrale. Cependant, cette armada compte des éléments à l'image de Hummels, Schweinsteiger, Ozil, Muller, Klose, Lahm, Kroos, orchestrant des combinaisons à la perfection mais d'une froide rigueur qui portent leurs fruits. En survolant les deux camps, force est de constater que tout se jouera sur un détail. H. C. Quelques matches dans le match La demi-finale Brésil-Allemagne promet d'être un «grand match», comme le souligne David Luiz en raison de ses joueurs et de la tradition des deux pays. Quelques duels à surveiller en l'absence de Neymar. Dante contre Müller Ce sera une des affiches entre les deux coéquipiers du Bayern Munich qui se connaissent par cœur. Dante joue son premier match du Mondial au point chaud de la charnière centrale en remplacement du capitaine et titulaire Thiago Silva. David Luiz a affirmé que le Brésil «était bien servi avec Dante», mais le défenseur du Bayern aura une pression énorme sur les épaules. Muller (53 sélections, 24 buts) a marqué quatre buts dans la compétition, tous au premier tour, dont un triplé retentissant contre le Portugal. Et depuis, plus rien... Il reste toutefois le joueur le plus dangereux de la Nationalmannschaft, par ses appels atypiques, son altruisme, son sens du but et sa roublardise. Même s'il a aussi tendance à perdre du temps et de l'énergie à réclamer des fautes. Dante aura du boulot. Un duel des latéraux Lahm contre Marcelo, Howedes contre Maicon. Une des clés du match réside dans ces affrontements. Le Brésil a souvent laissé des boulevards aux autres équipes. Lahm et Howedes peuvent s'engouffrer dans ces espaces mais attention car Maicon et Marcelo peuvent en profiter. Maicon, qui a avantageusement remplacé Dani Alves, sera particulièrement à surveiller. Côté allemand, il y a toujours l'éternelle questions «de savoir où va jouer Philipp Lahm», avait dit son sélectionneur Joachim Löw avant le quart. Le capitaine de l'équipe nationale et du Bayern (30 ans) connaît ce poste par coeur et s'avère précieux pour soutenir les attaques. Höwedes (26 sélections, 2 buts) est lui aussi stoppeur dans l'âme et en club à Schalke, et cela se voit en sélection, où le joueur de 26 ans se montre incapable de monter, et en difficulté dès que le jeu accélère de son côté. Un avantage pour le Brésil sur la droite ? La bataille du milieu Löw avait deux points fixes (Lahm et Kroos) et deux joueurs pour se « partager le job » du troisième poste de l'entrejeu, Schweinsteiger et Khedira. Il a rebattu ses cartes vendredi en reléguant Lahm sur un côté et en relançant l'ancien duo «Basti-Sami». Les deux relevaient de blessure avant le Mondial et c'est leur état physique qui pourrait conditionner la configuration du milieu allemand; Schweinsteiger est apparu un ton en-dessous contre la France. Lahm reviendra-t-il au poste que Josep Guardiola lui a confié au Bayern Munich ? Le seul joueur qui échappe aux interrogations est Kroos, auteur de trois passes décisives (notamment contre la France), précis sur coups de pied arrêtés et patron tout en sobriété de la création et de la bataille du milieu. Côté Auriverde, c'est aussi le casse-tête. Luiz Gustavo avait été un des meilleurs Brésiliens lors des quatre premiers matches mais était suspendu lors du match référence contre la Colombie. Scolari doit donc choisir entre ce joueur connaissant bien le foot allemand (deux ans à Hoffenheim, deux ans au Bayern, un an à Wolfsburg) et «punir» Paulinho ou Fernandinho, bons contre la Colombie. Il pourrait être tenté d'aligner les trois sans Neymar mais devra probablement trancher pour conserver son système. Pays-Bas Les «Oranje» ont l'esprit de famille Louis van Gaal, le sélectionneur des Pays-Bas, a instauré «un véritable esprit de famille», atout du groupe néerlandais au Mondial brésilien, encore renforcé par la présence des proches des joueurs à Rio. A 48 heures d'une demi-finale forcément stressante face à l'Argentine, les joueurs néerlandais parviennent donc à se détendre grâce au climat instauré par leur entraîneur, pourtant réputé austère et strict. La scène se répète avant chaque match. Dès sa montée sur le terrain pour la séance d'échauffement, Arjen Robben se tourne vers les tribunes et cherche du regard son épouse et son fils Luka, cinq ans. Une fois repérés, il leur souffle un baiser, se frappe la poitrine avec le poing puis la pointe du doigt comme pour dire «je joue pour vous!». Robin van Persie et Dirk Kuyt n'agissent pas autrement. Et une fois le match terminé, après le traditionnel tour d'honneur, les papas de la sélection néerlandaise s'en vont étreindre leurs proches, prendre leurs enfants dans les bras. Ces images sympathiques ont fait le tour des télévisions. Chez les Oranje, on vit la Coupe du monde en famille, et le groupe de 23 joueurs semble uni par une vraie joie de vivre ensemble. Ipanema et tourisme Les lendemains de match, Van Gaal autorise les familles à assister aux entraînements. A la fin de ceux-ci, les enfants des joueurs montent sur le terrain et tapent le ballon avec les paternels. Et Van Persie y prend beaucoup de plaisir, comme l'ont montré des images avec sa fille. C'est très relax chez les Oranje. «C'est très rafraichissant de pouvoir se retrouver en famille avec femmes et enfants les lendemains de match», expliquait Kuyt en conférence de presse. Et lors des trois jours de congé offerts par Van Gaal à ses ouailles durant ce Mondial, tous ont profité de la plage d'Ipanema ou des sites touristiques de Rio pour décompresser. L'ambiance au sein même du groupe s'en ressent. «Par rapport à l'atmosphère de l'Euro-2012, c'est le jour et la nuit. J'ai l'impression de revivre le Mondial-2010, où, là aussi, l'ambiance au sein du groupe était très bonne», explique Wesley Sneijder dans les médias néerlandais. Van Gaal se félicite aussi de cet état d'esprit, qui est selon lui «pour beaucoup» dans les performances de son équipe. Le sélectionneur loue en outre «le sens des responsabilités» de ses hommes. Trois finales perdues «Notre stage au Portugal fut merveilleux et a permis de former un groupe soudé», apprécie le futur entraîneur de Manchester United. «C'est la première fois que nous passions du temps ensemble en tant que groupe. Je n'ai jamais dû intervenir ou les contrôler pour quoi que ce soit», racontait samedi soir le sélectionneur, après la victoire aux tirs au but face au Costa Rica. «C'est peut-être, à ce niveau, le meilleur groupe de joueurs que j'ai jamais entraîné. Ils savent exactement quand ils doivent prendre leurs responsabilités», avait-il encore dit. Il y a donc une vraie complicité à l'intérieur du groupe, ce qui a régulièrement manqué par le passé. Les grands tournois ont de fait souvent été marqués par des querelles au sein du vestiaire Oranje. Samedi soir, après avoir été remplacé par Tim Krul pour la séance de tirs au but, le gardien Jasper Cillessen a eu un mouvement d'humeur, shootant dans une bouteille d'eau. Un geste de frustration qui ne l'empêcha pas ensuite d'être le premier à féliciter son remplaçant, ravalant son orgueil et sa frustration. Le groupe d'abord. Cette ambiance pourra peut-être aider les Néerlandais à remporter un premier titre mondial après les finales perdues de 1974, 1978 et 2010.