La persistance depuis 8 mois des tensions à Ghardaïa, ponctuées par des affrontements intercommunautaires souvent extrêmement violents, n'a pas été sans exacerber la colère des Mozabites qui, hier encore, se sont mobilisés pour interpeller les pouvoirs publics. Simultanément à un rassemblement devant le siège de la wilaya de Ghardaïa, des Mozabites ont manifesté à Alger, devant la Maison de la presse Tahar-Djaout. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Des dizaines de Mozabites se sont en effet rassemblés devant la Maison de la presse pour lancer à nouveau le cri de détresse d'une communauté qui se sent constamment agressée. Cette manifestation a été organisée suite à l'assassinat, le 29 juin dernier, d'un jeune Mozabite, El Yassa Aouf. Elle est à l'actif de la société civile mozabite qui, par une telle action, entendait dénoncer la situation d'insécurité qui règne depuis plusieurs mois dans la vallée du M'zab. Pendant près d'une heure, les manifestants mozabites, dans leur discipline exemplaire, ont scandé des slogans hostiles aux autorités et au terrorisme. «Y'en a marre de Belmokhtar», «où sont les promesses, M. Sellal ? Où est la sécurité, M. Sellal ?», «les coupables en liberté, les innocents en prison», «les Mozabites n'ont pas trahi la révolution et ne se sont pas compromis avec le terrorisme», pouvait-on entendre clamer ou lire comme slogans. Le rassemblement devant la Maison de la presse à Alger s'est dispersé dans le calme. Tout comme le sit-in observé au même moment devant le siège de la wilaya de Ghardaïa, a-t-on appris de bonne source. Une délégation a été reçue par le wali de Ghardaïa. Une plate-forme de revendications a été remise au premier responsable de la wilaya. Outre la sécurité, les Mozabites réclament une relance économique dans la région affectée par les événements qui l'ont secouée depuis décembre 2013. Les Mozabites réclament surtout des autorités que justice soit faite et que Ghardaïa ne soit pas «la cité de l'impunité». Pour rappel, les affrontements intercommunautaires à Ghardaïa ont causé des pertes en vies humaines et des dégâts matériels qui s'évaluent à plusieurs milliards de dinars. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'était rendu à Ghardaïa pour une mission de conciliation. C'était la veille de la célébration du Maoulid Ennabaoui. Ces bons offices se sont avérés vains. La situation ne s'est guère améliorée depuis. Les Mozabites qui ont manifesté hier dimanche ont reproché justement au Premier ministre de ne pas avoir tenu ses promesses. Lors de son déplacement à Ghardaïa, Sellal avait promis de faire revenir la sécurité. Une promesse qui ne s'est toujours pas réalisée.