Le ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a finalisé son rapport sur les consultations qu'il avait menées en juin dernier autour du projet de révision de la Constitution. Selon une source sûre, ce rapport aura même été remis à Abdelaziz Bouteflika il y a de cela quelques jours. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Il ne reste plus que l'aval du Président pour lancer officiellement le processus final», nous révèle notre source. Après les consultations qu'il avait menées avec des représentants de la classe politique, du mouvement associatif et syndical, ainsi que des personnalités nationales, Ouyahia a tout synthétisé pour aboutir à un rapport détaillé. «Il s'agit, en fait, de dégager les grandes lignes qui font consensus à l'issue des consultations qui ont été une sorte de sondage auprès des différents courants qui traversent la société algérienne de 2014», développe encore notre source. Cette révision, un vieux projet de Bouteflika, aura été, cette fois, l'engagement phare de sa campagne électorale pour la dernière élection présidentielle. Lors de son investiture, cela avait même pris la forme d'un engagement public et ferme : avant la fin de l'année 2014. C'était déjà un projet plusieurs fois annoncé mais toujours ajourné. C'était notamment le cas en novembre 2008 lorsque, pour faire sauter l'obstacle, à savoir l'article 74 limitant les mandats présidentiels possibles à seulement deux, Bouteflika procédait «à une révision partielle» de la Constitution tout en annonçant une autre «révision en profondeur, à venir». De report en report, et pour plusieurs raisons, on arrive au 15 avril 2011. En pleine tempête qui secouait alors toute la région, et comme mesure préventive contre ce qu'on avait nommé à tort «printemps arabe», Bouteflika prononçait son fameux discours sur «les réformes politiques». Lesquelles réformes qui devaient, s'était-il engagé à l'époque, aboutir à une révision en profondeur de la Constitution en 2012. La pression ayant toutefois baissé de plusieurs crans par la suite, cette révision ne verra pas le jour. Bouteflika voulant manifestement utiliser cette carte dans la perspective des présidentielle de 2014, il ne reviendra à la charge qu'en début 2013 lorsqu'il chargea Abdelmalek Sellal de l'installation de la commission nationale «d'experts», de révision de la Constitution, dite «commission Kardoune», du nom de son président. Bouteflika prévoyait un double coup d'éclat pour le mois de mai 2013 : un grand remaniement du gouvernement et la révision de la Constitution. C'était seulement son terrible accident de santé, survenu le 27 avril 2013, qui fera tout renvoyer dans le temps. La suite on la connaît. Ceci étant, et selon notre source, le calendrier sera scrupuleusement respecté cette foisci. «Ce projet de révision, qui se déclinera sous la forme d'un projet de loi, sera bien sûr examiné par le Conseil des ministres avant d'être soumis à l'approbation du Parlement qui sera convoqué pour une réunion commune des deux chambres vers le mois de novembre. Décembre, au plus tard.» Selon également notre source, la Constitution en préparation «fera sauter de nombreux tabous. Comme par exemple l'officialisation de la langue amazighe. L'occasion est d'autant plus propice que l'on ne prévoit pas de référendum et que cette question a fait l'objet d'un large consensus lors des consultations». Il était, en tout cas, temps...