Les ministres allemands de la Justice et de l'Intérieur ont présenté hier un nouveau projet de loi qui prévoit jusqu'à trois ans de prison pour les sportifs coupables de s'être dopés. «L'objectif de cette loi est de préserver l'intégrité du sport et de combattre le dopage. Le texte que nous présentons est une loi efficace, courte et claire mais également une loi qui fait preuve de fermeté», a déclaré Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur, également chargé des sports, lors d'une conférence de presse à Berlin. «Le sport en Allemagne a une énorme signification sociale, le sport génère des modèles particulièrement auprès des jeunes, le sport est également un fleuron de l'Allemagne dans le monde, il y a donc un intérêt public considérable à le préserver d'évolutions ou d'influences négatives», a-t-il expliqué. De son côté, Heiko Maas, ministre de la Justice, a défendu la disposition prévoyant des peines de prison pour les dopés, la qualifiant de «décision importante». « Nous voulons ainsi montrer que du côté de l'Etat, nous ne sommes pas décidés à laisser le dopage ternir l'image du sport». Le texte qui, selon ses promoteurs, devrait accroître la pression sur les tricheurs ne va concerner que les sportifs de haut niveau allemands, soit environ 7 000 athlètes qui figurent sur les listes de l'agence antidopage nationale (Nada). L'adoption du projet est envisagée pour l'année prochaine, après débat au Parlement. Outre les peines d'emprisonnement, l'article 4 de cette loi prévoit des amendes ainsi que la confiscation des prix éventuels reçus lors de performances accomplies grâce au dopage. Enfin, le texte doit simplifier l'échange d'informations entre les parquets, les tribunaux et la Nada. Le président du Comité olympique allemand (DOFB), Alfons Hörmann, a salué sur la chaîne ARD un projet qui reprend «les demandes centrales» du monde du sport. «De manière générale, ce que le gouvernement présente va exactement dans la direction que nous envisageons». Mais certains se montrent moins enthousiastes, comme Werner Franke, biologiste et croisé de la lutte antidopage allemande, ou Ines Geipel, présidente d'une association de victimes du dopage, qui dénoncent une stigmatisation des sportifs. «Nous savons que le dopage est un système dans lequel il y a de nombreux intérêts en jeu et maintenant, on choisit encore la variante du menton noir, avec les athlètes dans le rôle des méchants», a commenté cette dernière à la radio SWRinfo.