Le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, a convoqué l'ensemble des mouhafedhs pour une réunion, aujourd'hui samedi, au siège du parti à Hydra, sur les hauteurs d'Alger, et ce, à partir de 11h. Une réunion à laquelle aucun ordre du jour n'a été préalablement fixé, une première dans l'histoire de l'ex-parti unique. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - En tout cas, rien n'a été précisé dans le texte de la convocation adressée aux concernés. Ce ne sera pas la seule «surprise» pour autant. Tous les mouhafedhs ont été, en effet, invités à se présenter à la réunion munis de leurs cachets humides, ce qui est également une première du genre. «Jamais cela ne s'était fait auparavant avant Saâdani», nous confie une source au parti. A vrai dire, et à se fier déjà aux deux précisions sus-citées, il est évident que le seul objectif de la réunion d'aujourd'hui est d'amener les mouhafedhs, qui représentent la base au niveau national, à faire allégeance à l'actuel patron du FLN. Dans cette espèce de guerre des tranchées avec ses opposants, Saâdani tente ainsi d'étouffer le camp d'en face. Dans de telles conditions, il faut donc s'attendre tout naturellement à voir les mouhafedhs invités à conclure leur réunion par une motion de soutien au secrétaire général. C'est d'autant plus vital pour lui que, depuis quelques jours, les rangs de ses contestataires se sont renforcés par un renfort d'un très gros calibre : Tayeb Louh, le ministre de la Justice en exercice, rien que cela ! Certes, Louh a pris le plus grand soin de ne jamais s'impliquer de manière publique et voyante avec les «redresseurs». Mais au FLN, où ce genre de manœuvres est vraiment ancré dans les mœurs, nul n'ignore désormais que c'est bel et bien Tayeb Louh qui mène cette nouvelle «campagne». A travers deux militants du parti, cadres respectivement au ministère de la Justice et celui du Travail et de la Protection sociale. Ce que craint Saâdani est surtout la confusion qui saisit une base désemparée. Si Amar Saâdani avait été imposé de force par Abdelaziz Bouteflika, fin août 2013, à la tête du parti, un coup de force qui constitue d'ailleurs sa seule «source de légitimité», son désormais nouveau rival est également l'un des plus proches de l'actuel locataire d'El-Mouradia et un membre de premier plan du puissant cercle présidentiel depuis 2002. La confrontation avec Tayeb Louh ne peut plus, dès lors, avoir lieu sur ce terrain si avantageux pour l'actuel SG du FLN, qu'est le soutien à Bouteflika. Au FLN, tout comme dans l'ensemble des partis ou organisations du pouvoir, il suffit effectivement de «taxer» son opposant «d'anti-Bouteflika» pour s'en débarrasser sans coup férir. Avec comme vis-à-vis un Tayeb Louh, la donne change radicalement et, pour le contrer, il faudra, cette fois-ci, à Saâdani, un surcroît d'imagination...