Le secrétaire général du FLN a révoqué dix mouhafedhs. La direction du parti estime que ces responsables sont rejetés par la base militante et sont donc dans l'incapacité de mener la campagne en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Un argument rejeté par les concernés. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - En l'espace de 48 heures, Amar Saâdani a relevé de leurs fonctions dix secrétaires généraux de mouhafadhas. Les wilayas concernées sont Biskra, Tébessa, Souk-Ahras, Bouira, Bordj-Bou-Arréridj, Annaba, Béchar, El Bayadh, Constantine et Batna. «C'est une purge en bonne et due forme qui est menée au sein des structures du parti. Le FLN n'a pas vécu une situation pareille depuis la tenue du 4e congrès», a déclaré Abderahmane Belayat en marge d'une réunion de crise avec les mouhafedhs exclus. Le coordinateur national du Bureau politique du FLN estime que d'autres mouhafedhs devraient être révoqués dans les prochains jours. «Il faut s'attendre à de nouvelles décisions de ce genre. Saâdani a décidé de sévir contre ceux qui ont signé pour la convocation d'une session extraordinaire du Comité central.» Boualem Djâafar, mouhafedh de Bordj-Bou-Arréridj, avoue ne pas comprendre la situation. «J'ai appris que j'avais été relevé de mes fonctions par hasard. Je n'ai reçu aucune notification. Aujourd'hui, à travers un arrêté, Amar Saâdani a décidé de nommer Moussa Benhamadi en qualité de mouhafedh de Bord-Bou-Arréridj. C'est une décision antiréglementaire car Saâdani aurait dû nommer un des membres du bureau de la Mouhafadha et non pas un membre du Bureau politique», explique-t-il. Mais pour Boualem Djâafar, cette purge est liée directement à l'élection présidentielle. «J'ai été contre la désignation de Amar Saâdani à la tête du FLN. Pour moi, c'est un véritable putsch. Maintenant, on m'accuse d'être contre la candidature du Président Abdelaziz Bouteflika et donc incapable de mener campagne en sa faveur. Ces accusations sont sans fondement puisque depuis les élections de 1999, j'ai été à la tête du comité de campagne de Bouteflika dans la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj. Et cela est valable pour l'ensemble des mouhafedhs qui ont été écartés. C'est une situation très intrigante», explique ce cadre. Selon lui, les décisions prises pas Saâdani sont loin de faire l'unanimité au sein de la direction du parti. Ainsi, Messaoud Chihoub, Boualem Bousmaha et Djilali Amar auraient refusé d'être nommés mouhafedhs par intérim à Constantine, El Bayadh et Batna. Le chargé de la communication du FLN confirme que ces révocations ont un lieu avec la campagne électorale. «Ces mouhafedhs ont été désignés et non pas élus. Ils étaient rejetés par la base militante de leurs wilayas. Ils ne peuvent donc pas être efficaces afin de mener la campagne électorale pour le candidat Abdelaziz Bouteflika. Le secrétaire général du FLN a décidé de régler ce problème en écartant ces mouhafedhs qui ne font pas l'unanimité», a déclaré Saïd Bouhadja. Une chose est sûre, cette nouvelle crise n'est pas pour arranger les affaires de Amar Saâdani. Le camp de ses adversaires ne cesse de grossir. SESSION EXTRAORDINAIRE DU COMITE CENTRAL Les redresseurs fin prêts Les conditions «politiques, réglementaires, juridiques et militantes» pour la tenue d'une session extraordinaire du Comité central du FLN sont réunies, a souligné, hier, Abderahmane Belayat. Selon le coordinateur du Bureau politique, un comité de membres du CC s'apprête à saisir l'administration pour obtenir les autorisations nécessaires à l'organisation de cette session. «Nous sommes actuellement à la recherche d'un hôtel pour accueillir cette rencontre. C'est donc une question de timing», a précisé Belayat.