Election historique en Tunisie. Les Tunisiens prenaient part, hier, à la première élection présidentielle libre. Pas moins de 27 candidats se disputent le poste de président. Moncef Marzouki, candidat à sa propre succession, et Beji Caïd Essebsi sont donnés favoris. Celui qui aura la faveur des urnes aura la lourde tâche de faire sortir la Tunisie de la zone de turbulences. Au pointage de 15 heures, le taux de participation avoisinait les 32 %. Une participation en deçà de celle espérée pour une consultation aux enjeux multiples. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Les Tunisiens ont commencé hier à voter avec l'espoir de sortir définitivement de la phase de transition. Une consultation populaire placée sous très haute surveillance. Autour des bureaux de vote, les forces de sécurité ont été déployées dès les premières heures de la journée. Pour réduire les risques d'attentats terroristes, le gouvernement tunisien avait pris, à la veille de l'élection, la décision de fermer les frontières avec la Libye voisine. C'est dans ce contexte régional tendu que la Tunisie vit cette expérience démocratique avec l'ambition d'apporter la preuve que sa révolution ne connaîtra pas le même sort que celui qu'a connu la Libye. En dépit d'une pléthore de candidats, la bipolarité Marzouki- Essebsi s'est installée. A 87 ans, Béji Caïd Essebsi, de Nidaa Tounès, se place comme l'alternative au président sortant. Auréolé de la victoire de son parti lors des législatives du 26 octobre, il est considéré par les analystes comme le favori. Il a été parmi les premiers à voter dans une banlieue de Tunis, lançant «Vive la Tunisie !» peu après avoir glissé son bulletin dans l'urne. Moncef Marzouki, qui avait pris la tête de l'Etat fin 2011 à la suite d'un accord de coalition avec les islamistes d'Ennahda, est considéré par ces mêmes analystes comme outsider dans une élection qui devra confirmer l'expérience tunisienne. Les islamistes d'Ennahda, classés deuxièmes lors des législatives, n'ont présenté aucun candidat et n'en ont soutenu aucun. Près de 5,3 millions d'électeurs sont appelés à départager les candidats dans cette course au palais de Carthage. Si aucun d'entre eux n'arrive à rafler la mise en obtenant la majorité absolue, un second tour aura lieu fin décembre. L'instance électorale (ISIE) doit annoncer au plus tard le 26 novembre les résultats. La publication de sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote a été interdite. Le vainqueur sera appelé à présider la Tunisie pendant cinq ans, un mandat renouvelable une seule fois. La Constitution tunisienne a, en effet, limité le nombre des mandats à deux. En réussissant à organiser des élections dans les délais initialement fixés et sans sombrer dans le chaos, la Tunisie aura au moins tenu le pari de sortir indemne d'une zone de turbulences dans laquelle d'autres pays de la région continuent de se débattre.