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Journées cinématographiques de Carthage
Après le schématisme théâtral, le cinéma !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 12 - 2014

De notre envoyée spéciale à Tunis, Sarah Haidar
Les films se suivent et ne se ressemblent pas dans les neuf salles qui abritent les trois compétitions officielles de ces 25es Journées cinématographiques de Carthage. De documentaires en fictions, les cinémas d'Afrique et du Moyen-Orient se révèlent dans toute leur diversité.
Parmi les quinze longs métrages de fiction en lice pour le Tanit d'or, Soleils est une production franco-burkinabé coréalisée par Dani Kouyaté et Olivier Delahaye. Un voyage initiatique dans le temps et dans l'espace fait par Sotigui le griot (Binda Ngazolo) en compagnie de Dokamisa (Nina Melo), une jeune fille africaine oublieuse de son histoire.
Tourisme culturel !
Du XIIIe siècle où une «charte» humaniste fut élaborée par l'empereur mandingue Soundiata Keïta, à l'ère contemporaine où ils visitent religieusement la prison de Mandela devenue musée ou revoient le règne idyllique du président burkinabé Sangoulé Lamizana (1966-1980), en passant par l'Europe du XVIIIe siècle où ils entendent les préjugés racistes d'un Hegel ou d'un Voltaire sur les Noirs, Sotigui tire de chaque escale un enseignement à inculquer à Dokamisa afin qu'elle recouvre sa mémoire et se réapproprie sa culture et son histoire africaines.
Soleils peut donc être considéré comme un road-movie atypique mais son discours moralisateur et son angélisme trop appuyé lui enlèvent toute velléité de cinéma. Verbeux, démonstratif et schématique, cet hommage bien-intentionné à l'Afrique et à son Histoire lumineuse, aussi admirable soit-il, ne dédouane pas les réalisateurs (également scénaristes) de la tragique platitude du film. En effet, les bons sentiments ne suffisent pas à faire du cinéma, encore moins à élaborer un langage visuel et dramaturgique conséquent : les personnages de Soleils sont de simples silhouettes figées déclamant leur texte comme dans une mauvaise pièce de théâtre ; dénués d'épaisseur psychologique, le griot sagace et humaniste, la fille frivole qui reviendra bientôt à la raison après avoir découvert la beauté et la noblesse de la culture africaine, les personnages de contes convoqués pour illustrer telle ou telle leçon de morale, tous incarnent un discours et non pas une créature de fiction, ce qui ne tardera pas à semer une infranchissable distance entre ces êtres déréalisés et le spectateur.
La mise en scène, quant à elle, est aussi carrée et anémiée que l'est le scénario et c'est ainsi que Soleils se présente comme un film à regarder les yeux fermés, c'est-à-dire une histoire écrite qu'on semble avoir forcée à s'adapter au grand écran, sans grand succès !
Chantier A ou l'esthétique du mal-être
Du côté de la compétition documentaire, l'Algérie participe avec le film Chantier A de Sami Tarek, Lucie Dèche et Karim Laoualiche. Ce dernier est le personnage principal qui revient dans son village en Kabylie après dix ans d'absence.
Il s'agit là également de voyage mais d'une toute autre nature. Karim est un homme torturé, taciturne et contemplatif qui traverse la géographie de son pays comme on parcourt son âme. Le propos limpide du film contraste avec une mise en scène mélancolique, quasiment chorégraphiée, qui célèbre la beauté même du spleen et de l'étrangeté en ce monde.
Chantier A brasse plusieurs questionnements à la fois existentiels et typiques aux thèmes de l'exil et du retour dans la terre natale pour y chercher quelque chose d'indicible. C'est un pèlerinage païen et chaotique qui devra mener à une esquisse de réponse, à une rencontre avec soi et à un peu moins de souffrance.
Les choix narratifs et la mise en scène tantôt onirique, tantôt nerveuse, sont là pour sublimer ce sentiment d'étrangeté qui travaille le personnage de l'intérieur mais aussi pour proposer une forme cinématographique déroutante où le documentaire emprunte le lyrisme des plus belles fictions sans jamais se départir de sa rigoureuse temporalité de l'«ici et maintenant». Chargé en contre-sens philosophiques, Chantier A est également une invitation à un voyage intérieur, au creux de cette entité abstraite et pourtant si sanguine qu'est l'esprit humain, ses contradictions, son mal-être et son éternelle errance.
C'est un film qui pleure avec un sourire mais qui sait aussi rugir et hurler ; il baigne dans un halo d'ombres et de lumières qui confèrent au périple allant de la Kabylie au Sahara, des allures de chevauchée introspective avec tout ce que cela implique pour le spectateur en dialogue émotionnel et en identification presque brutale avec le personnage.
Enfin, ce qui fait de Chantier A un film fondamental de la cinématographie documentaire contemporaine en Algérie, c'est qu'il ne s'inscrit dans aucune école et possède son propre style, aussi apatride et profondément beau que Karim Loualiche, physicien, poète et musicien qui, rappelons-le, a été fauché par une crise cardiaque en 2011.


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