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C'est ma vie
Voyages initiatiques de Tahar 2e partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 06 - 2013


Par Salem Hammoum
Les montagnards tirent toujours quelque chose de positif de la misère et des malheurs qui les entourent.
Une chance pour ces oubliés du développement qui vivent en dehors des ordres normatifs des Etats. Une injustice au préjudice de ces hommes qui assument pourtant le réel et qui domptent leur milieu. Ayant comme seul compagnon le dur relief, leur isolement est cependant prémisse et prétexte de réflexion. C'est ce qu'essaye d'expliquer Tahar à ses amis citadins : la recherche de solutions et d'outils pour comprendre les choses en ayant de grandes directions dans leur existence, un art de vivre qui commence d'abord par la réflexion. Le jeune philosophe qu'il est en train de devenir aujourd'hui se voit donc mal vivre en ville où il ne peut pas voir l'horizon pour réfléchir au-delà. Dans sa montagne, il peut bifurquer, prendre de l'élan et voir derrière l'horizon. Tahar ne croit pas que la lecture amène forcément au cinéma, mais qu'elle aide à le faire. C'est très complexe comme démarche, explique-t-il pour développer le rapport entre le cinéma et la littérature. Mais, suggère-t-il, la façon d'amener une histoire aide la réflexion pour être reçue ensuite par le cinéma. Revisitant de nouveau son enfance, il clame cette naïveté qui lui fait croire en la réalité des films, aux héros, au bien et au mal. Grand, il est déçu de savoir que cette réalité est jouée. Une belle déception dont il a du mal à s'en remettre. Ainsi, cette même naïveté enfantine qui dit qu'un film tient la main, autrement dit qu'il faut faire confiance au film, est clouée au pilori de la bêtise humaine. Mais Tahar, qui s'est investi dans le cinéma comme on s'investit dans la vie, continue encore à faire l'enfant estimant que si on ne fait pas confiance au film, on n'y entre pas. Car il faut avoir une bonne foi et une confiance qui est du domaine de l'enfance pour aimer les films, y entrer et en faire. Cette relation avec l'enfance est indispensable pour pouvoir s'ouvrir à l'expression dans le cinéma. Quand, enfant, Tahar voyait par exemple L'Odyssée de l'espace ou Les Oiseaux d'Hitchcock, il se disait que cela devait exister car la frontière entre la réalité et le virtuel, le vrai et le faux, est très ténue. Une subtile démarcation qui fait croire au possible de l'image. Faute de salles de cinéma et d'espaces de projection, il cherche les films, devient téléfilm, traque les émissions sur le 7e art sur la chaîne nationale qui diffusait encore des films grand public mais surtout sur les chaînes thématiques étrangères et sur le Net. Il les voyait de manière très naïve, mais c'était des films choisis qui nourrissaient son esprit, une curiosité qu'il satisfit plus tard grâce à ses nombreux voyages. Car Tahar a beaucoup voyagé et vu beaucoup de films par la suite. C'est ainsi qu'il embrassa divers horizons, visita de nombreux pays et fit beaucoup de rencontres avec des gens différents et avec différents centres d'intérêt. Autant de coutumes, de traditions et civilisations qui amenèrent différentes façons de vivre qui l'aidèrent beaucoup le jour où il décida de faire du cinéma. Une passion née bien avant mais qui s'imposa à lui de plus en plus. Surtout qu'il a l'avantage de la plume, un penchant pour l'écriture qu'il maîtrisait parfaitement dès l'école, ce qui lui servait très bien dans l'écriture de scénarios, chose qui lui avait permis d'être sélectionné haut la main aux ateliers d'écriture scénaristique de Namur, en Belgique, et d'autres encore avec à la clé un petit financement pour réaliser quelques courts métrages. L'expression écrite, son exercice favori à l'école, permettait à Tahar de voyager dans l'imaginaire. Et il ne connut jamais la phobie de la page blanche. Par la suite, il a découvert que l'écriture de centaines, voire de milliers de pages ne signifiait pas forcément le passage à l'écriture au sens noble du terme. Car pour lui, en écriture comme dans les autres expressions du cinéma, le secret est d'essayer de ne pas écrire en fait, c'est-à-dire d'écrire le moins possible. Et de savourer la liberté de dire des choses dans une sorte d'univers, un instant d'histoire qui vous permet de dire «ça c'est moi qui l'ai fait». Ce qui amène par la suite à écrire autre chose et aboutir à du volumineux, à observer, à saisir des détails et quelques subtilités de la société dans un style puis à découvrir le chemin où on s'exprime le mieux et de la manière la plus fulgurante et la plus ciblée possible. Et s'il peut dire ou conceptualiser quelque chose par le mot, mieux que par le cinéma, il le fera par le mot. Par contre, il sait qu'il y a des moments où il ne peut exprimer les choses de la manière la plus précise que par le cinéma. Même s'il lui arrive aussi de préférer les écrire ou les peindre. Sa première expérience avec le cinéma ne fut pas aussi réjouissante que cela. Des ateliers et des chantiers d'écriture à l'étranger, il n'en gardera pas que de bons souvenirs. Il ne bougera point avec son scénario Au gré du vent. Une histoire qui recoupe l'histoire. Pour lui, les ateliers c'est l'école des pauvres, et la meilleure façon d'apprendre c'est sur le tas. Et c'est de cette façon qu'il a appris à faire du cinéma, de la fiction, du documentaire et des reportages. Sept en tout, dont deux longs métrages, mais aussi beaucoup d'essais de filmage qu'il n'a jamais montrés, comme ces essais romanesques et philosophiques qui dorment dans ses tiroirs. Et même s'il ne le dit pas, il sera l'objet de beaucoup de sollicitations en Algérie et à l'étranger pour aider ses potes dans la réalisation de leurs films, surtout comme directeur-photo. Et à la maison familiale, on verra défiler de jeunes cinéastes de diverses nationalités. Des Français, des Russes et même des Colombiens. Son amour pour l'image lui permet ainsi de donner à une idée la forme la plus précise possible. Globe-trotter de l'image, il rencontrera ou croisera des cinéastes connus comme Sissako, François Niney, philosophe et critique de cinéma, et Godard, ou des gens de l'ombre avec qui il correspondra. Ce n'est pas pour autant qu'il sera vraiment attiré par le milieu du cinéma qui l'intéresse en tant que dynamique et en ce qu'il renferme comme travail. Les gens qui en font ne comptent pour lui que pour ce qu'ils font, pas pour ce qu'ils sont. Zinet est de ceux-là. Le cinéaste disparu l'intéresse pour son parcours, sa trajectoire et son destin, mais aussi pour le travail qu'il avait réalisé à cette époque, parce qu'il a fait des films impressionnants de lucidité et de travail qui est strictement cinématographique. Un travail qui n'est pas du domaine du témoignage, car, de par sa dimension caractéristique, le cinéma, pense Tahar, n'est pas quelque chose qui témoigne. Pas étonnant alors qu'il trouve que Tahia Ya Didou est un film fondateur, mais qui, hélas, n'a pas de successeur. Il y a aussi un film qui a épaté Tahar : Nahla de Farouk Beloufa qui rivalise avec les films des années 70, années d'or du cinéma algérien. Et c'est dans ce sens qu'il trouve Nahla maître dans cet éventail de films. Après, il y a aussi quelques autres films algériens qui tapent dans l'œil de Tahar qui s'intéresse aussi et beaucoup à ce qui se fait ailleurs, considérant que le cinéma n'est pas quelque chose qui relève de la condition sociale ou qui élève l'individu, l'individu s'élevant de lui-même par l'expérience de la vie. Et le cinéma ne sert qu'à traduire ses pensées parce qu'il n'a pas choisi cette expérience. Car, dès qu'une pensée est exprimée, elle perd de sa consistance, c'est pourquoi, il pense que le cinéma est un langage qui a ses limites. Ce n'est qu'un langage qui conduit, propage et diffuse la beauté des choses. Et le cinéma que fait le mieux Tahar se situe en dehors de la performance, un cinéma qui ne se compare pas, un élan vers la beauté et vers les choses qui ne sont pas vidées de leur substance. C'est pour ça, estime-t-il, qu'on a abouti à une post-société où le lien organique et les liens verticaux et horizontaux n'existent plus. Et le travail auquel aspire ce cinéaste est un travail qui flaire les choses, qui prend racine quelque part, qui démarre d'une situation ou d'un sentiment parfois inexplicable et qui aboutit finalement à quelque chose. Le défi pour le réalisateur est, après, de le concrétiser et d'amener les choses du domaine du fantasmé vers le sensoriel et le perceptible. Un cinéma qui agit sur les sens avant le cerveau, d'où ses limites L'avantage du cinéma c'est justement, et aussi, ses limites et c'est beaucoup mieux comme ça, estime Tahar, qu'il y ait plus de mystères que de certitudes. Car, selon lui, le cinéma ne doit pas fabriquer des certitudes mais doit au contraire agir dans les espaces intercalés là où justement le cinéma pourrait agir en profondeur car ce qui fait l'homme, c'est sa réflexion.


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