Le sous-traitant avait fini sa contribution, «dommage, vous avez manqué la dernière occasion de vous racheter. A vous, vos sponsors et vos semblables, je dis à très bientôt». Eh bien, me voilà. Après ma réponse du 17 novembre 2014, M. Saïd Sadi se débine et refile le débat à son sous-traitant habituel pour sortir de l'impasse qu'il s'est créée lui-même. Pour moi, tout ce que son sous-traitant écrira à ce sujet sera comptabilisé sur M. Saïd Sadi. Aussi, pour permettre au lecteur de suivre ce débat ou plutôt ce feuilleton, ma réponse abordera 3 sujets. 1- Mon frère le colonel Lotfi M. Saïd Sadi se réfère au livre, Autopsie d'une guerre, écrit par Son Excellence Monsieur Ferhat Abbas, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Aucun Algérien, et tout particulièrement Ali Chérif Deroua, ne peut mettre en doute la moralité, l'éthique et la probité de Ferhat Abbas. A mon tour de citer intégralement ce témoignage auquel il se réfère et auquel j'ajouterai quelques précisions sur les dates. Au mois de juin 1959, soit quelques semaines avant la fameuse réunion du GPRA de juillet 1959, Ferhat Abbas écrit en parlant de Lotfi «Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels autant dire des ANALPHABÈTES. J'ai observé chez LE PLUS GRAND NOMBRE D'ENTRE EUX, une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d'être des "sultans'' au pouvoir absolu. Derrière leurs querelles, ajoute-t-il, j'aperçois un grave danger pour l'Algérie indépendante. Ils n'ont aucune notion de la démocratie, de la liberté, de l'égalité entre les citoyens. Ils conserveront du commandement qu'ils exercent le goût du pouvoir et de l'autoritarisme. Que deviendra l'Algérie entre leurs mains ? Il faut que tu fasses quelque chose pendant qu'il est encore temps. Notre peuple est menacé». Dans le livre cité, 18 pages plus loin, et dans le contexte des évènements qui ont échelonné la Révolution, c'est-à-dire, après le Congrès du Conseil national de la Révolution algérienne à Tripoli, fin décembre 1959/début janvier 1960, Ferhat Abbas écrit : «Avant de quitter Tunis, Lotfi m'avait renouvelé ses craintes... Il en était outragé». Et il cite cette phrase de Lotfi : «J'aime mieux mourir dans un maquis que de vivre avec ces loups.» D'autre part, M. Saïd Sadi, dans son bestseller décrivant Boussouf, écrit «engagé très tôt dans les rangs de la résistance, cet INSTITUTEUR originaire du Nord Constantinois...» Dans la première citation de Ferhat Abbas, j'ai sciemment écrit en majuscules, ANALPHABÈTES et LE PLUS GRAND NOMBRE D'ENTRE EUX et j'en ai fait de même en ce qui concerne INSTITUTEUR que M. Saïd Sadi reconnaît à Boussouf. M. Saïd Sadi, dont la connaissance de la langue française ne prête à aucune équivoque, aurait dû, de lui-même tirer la conclusion que Boussouf n'était pas concerné par ces citations. Puisque M. Saïd Sadi ne le fait pas, je me dois de le faire pour éclairer le lecteur : On ne peut pas être instituteur et être traité d'analphabète. Lotfi qui était bachelier a utilisé «le plus grand nombre d'entre eux il n'a pas «voulu mettre tous les colonels dans le même sac», sinon il aurait formulé la phrase plus simplement par «j'ai observé chez eux une tendance aux méthodes fascistes». Donc pour moi, Boussouf n'est pas concerné par les réflexions de Lotfi rapportées par Ferhat Abbas et que M. SaïdSadi utilise à outrance. Maintenant, c'est au lecteur d'avoir sa propre opinion sur Boussouf, et ce, en connaissance de cause, du moins sur ce point. D'autre part, M. Saïd Sadi écrit ou fait écrire par son sous-traitant, dans sa réponse du 23 novembre 2014 «l'adjoint du colonel Lotfi dont le nom est cité dans la réponse de M. Saïd Sadi du 17 novembre 2014 et que je ne voudrais pas citer parce que je ne le connais pas. Historiquement, officiellement, les trois adjoints de Lotfi avaient pour noms : Othmane (Benhaddou Bouhadjar) qui lui a succédé après sa mort et qui est malheureusement un «oublié de l'histoire de la Révolution», Boubekeur (Mohamed Kadi) dont le fils est l'actuel ministre des Travaux publics et Nasser (Bouizem Mokhtar) qui nous a quittés il y a quelques années. 2 - Boussouf Abdelhafid M. Saïd Sadi doit assumer ses écrits, lui qui voudrait ouvrir les yeux de la jeunesse sur l'Histoire de la Révolution. Il déclarait dans sa conférence à Iferhounène (Le Soir d'Algérie du 2 novembre 2014) « dès l'automne 1956, c'est-à-dire un mois après avoir pris ses fonctions en tant que responsable de la Wilaya V, Boussouf ordonne l'exécution de Lotfi qu'il avait convoqué à son PC basé au Maroc». Après ma mise au point, M. Saïd Sadi se défend d'une drôle de manière, c'est le moins que l'on puisse dire en écrivant : «Ce serait donc moi (âgé de neuf ans à l'époque des faits qui aurais révélé que Boussouf avait ordonné l'exécution de Lotfi». Il l'avait déclaré, il faut l'assumer, d'autant plus que, sachant qu'il s'est coincé lui-même, il cite littéralement la déclaration de son «témoin» qui ne correspond nullement à celle qu'il a avancée au préalable : «Nous avions reçu une convocation de ‘'45'', c'est-à-dire Boussouf, nous demandant de nous rendre à Engad... Mes amis... je vais vous faire une confidence que j'ai faite ce matin à mon ami Bali. Nous étions du côté d'Isser (Bensekrane), je reçois un message nous demandant de procéder à l'arrestation de Lotfi et de l'exécuter. Le message était signé ‘'45'' ; Nous avons refusé.» Soit il était un gamin et à ce titre il n'a pas à se la ramener, soit il assume. D'autre part, il fallait par éthique citer ce témoignage et son auteur et ne pas se l'approprier indûment et en le déformant, puis le rejeter après avoir été découvert. M. Saïd Sadi qui n'est pas tombé de la dernière pluie, se devait de ne pas se laisser abuser par un tel témoignage. Jamais, au grand jamais, je n'ai entendu quelqu'un dire que Boussouf était un numéro 45 ou autre. Les numéros sont réservés à mon humble connaissance aux prisonniers. Par les temps qui courent, pourquoi pas 007. Je tiens à soutenir que je ne connais pas ce témoin et que je n'étais pas au courant de ce colloque, n'en déplaise à M. Saïd Sadi. De grâce, arrêtez de falsifier, de bricoler et de bidouiller l'Histoire de l'Algérie. Le 22 juin 1962, Si Mabrouk écrit une lettre que vous trouverez ci-jointe. Lorsqu'on perd le pouvoir et que l'on demande à ses éléments de revenir en Algérie pour reconstruire le pays, on ne peut que respecter cette figure emblématique de la Révolution. Il n'a pas demandé de prendre position pour un des deux camps dans la crise de 1962. Il ne leur a pas demandé de rester à sa disposition. Lorsque de juillet 1962, date de l'indépendance de notre cher pays jusqu'au 31 décembre 1980 date de son décès, jamais au grand jamais Si Mabrouk n'a donné de déclaration publique ni pour ni contre les pouvoirs qui se sont succédé dans son pays, ne doit-on pas le respecter ou du moins ne pas l'impliquer dans l'histoire de l'Algérie de 1962 à 1980. Il avait considéré avoir rempli sa mission pour l'indépendance de l'Algérie. Alors pourquoi et comment ne pas le respecter ? D'autre part, M. Saïd Sadi a revendiqué, mieux, il a décidé dans ses trois derniers écrits, de s'accaparer l'exclusivité sur Abane, Ben M'hidi, Ben Boulaïd, Amirouche, Zighoud et Lotfi. Eh bien, je les revendique moi aussi et à juste titre parce qu'ils ont été mes compagnons. Pour ne pas avoir à le révolter, je ne les revendique pas comme frères afin de ne pas lui donner l'occasion de crier au scandale. 3 - Ma relation avec Saïd Sadi Ma première rencontre remonte au lundi 30 octobre 2000, date à laquelle je lui ai rendu une visite de courtoisie après l'entrée du RCD avec deux ministres, dans le gouvernement dirigé par M. Ali Benflis ( 26 août 2000). Depuis cette date, nos rencontres devenaient régulières. Au mois de février 2001, il m'avait sollicité de l'aider à adhérer à l'Internationale socialiste dont je connaissais le président. J'ai pris les contacts nécessaires et le 10 mars, j'ai reçu un appel téléphonique d'un ami, M. José Lamégo, ancien ministre portugais, membre de la direction du parti socialiste portugais et directeur des relations internationales de son parti, ami intime du président Antonio Guttérès, président de l'Internationale socialiste, m'annonçant son arrivée dans le cadre d' une délégation de l'Otan devant séjourner du 11 au 13 mars 2001, en visite officielle. Je téléphone le même jour à M. Saïd Sadi qui se trouvait à Paris pour lui faire rencontrer cette personnalité. Il me répond qu'il sera absent d'Alger, mais qu'il va prendre contact avec M. Tarek Mira directeur des relations internationales du RCD et député à l'APN pour le remplacer. Celui-ci me téléphone et m'informe que ce sera M. Djamal Ferdjallah, vice-président du parti qui assistera au dîner offert en honneur de José Lamégo. Je tiens à préciser que c'est moi qui ais payé l'addition. Et c'est ainsi que le contact a été effectué. Le lendemain, M. José Lamégo et M. Mira se sont rencontrés à l'APN et quelques mois plus tard, le RCD a été invité à assister au congrès du Parti socialiste portugais. Aussi, je me demande comment M. Saïd Sadi ose dire «qu'il a pu me croiser il y a quelques années». A lui qui classe les gens en bon et mauvais cholestérol, je me dois de lui demander pourquoi avoir fréquenté le mauvais cholestérol (....) (Ali Chérif Deroua) pendant une décennie. Je demande à M. Saïd Sadi de confirmer ou infirmer ce que j'avance. Après s'être autoproclamé l'apôtre de la démocratie en Algérie, avec les résultats que l'on connaît, voilà qu'il veut devenir le chantre de l'Histoire de la Révolution, jouant en même temps le rôle d'héraut en prévoyant l'avenir de notre pays, attendant d'être le prophète d'une cause.... Il se met dans la posture d'un oracle infaillible, triant les Algériens en bons et mauvais citoyens, distribuant les éloges à ceux qui lui conviennent et bannissant le reste et tout particulièrement ceux qui osent dire certaines vérités. Drôle de conception de la liberté, drôle de conception du débat. Pour finir cette mise au point, j'aimerais demander à M. Saïd Sadi de méditer ces deux axiomes : La nation, c'est un vouloir vivre ensemble (Ernest Renan). Et Malheur à la nation dont chaque partie se prend pour la nation tout entière. (Gebrane Khalil Gebrane). Ali Chérif Deroua Document Lettre de Abdelhafid Boussouf aux éléments du MALG République Algérienne Ministère de l'armement Et des liaisons générales CIRCULAIRE A tous les militants en activité au sein des services du MALG. Immédiatement après le référendum du 1er juillet 1962, l'indépendance de notre pays sera proclamée. Immédiatement après, on verra la fin de 132 ans d'une domination coloniale dont les rigueurs et les méfaits sont dans toutes les mémoires, de 132 ans de luttes incessantes dont le couronnement a été le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954. Ce serait faire injure à tous les militants que de rappeler les immenses sacrifices de notre peuple au cours de cette lutte. La victoire finale n'a été possible que grâce à l'unité, à la foi et à l'effort de tout un peuple. La participation de tous les militants en activité au sein des services du MALG au combat commun a été plus qu'exemplaire. L'effort de chacun (éléments et cadres des services), les résultats obtenus sont un témoignage remarquable de la foi et de l'esprit de sacrifice qui ont animé les militants tout au long de la dure épreuve que notre pays a traversée et ceci, nul ne pourra le contredire. Mais l'indépendance, si chèrement acquise, n'est pas tout et notre Révolution continue, notre combat se poursuit. L'Algérie doit repanser ses blessures, être reconstruite et elle ne peut le faire sainement qu'avec, d'abord et avant tout, les militants qui ont œuvré pour sa libération. C'est dire les tâches, dures certes mais combien exaltantes, qui attendent chacun de vous. Notre pays a besoin de toutes les énergies, de toutes les compétences et il ne saurait en trouver de meilleures que parmi ceux qui lui ont tout sacrifié. Notre mission à l'extérieur touche à sa fin et nous allons tous retourner vers le territoire national, certains dès le 1er juillet, d'autres quelque temps après, deux mois environ. Comme la presque totalité des militants de l'organisation, la majeure partie des éléments du MALG commencera à rejoindre l'Algérie à partir du 1er juillet. Il s'agit de ceux dont la mission à l'extérieur est venue à terme et dont la présence au pays est plus utile dans l'immédiat. A ces militants qui vont rentrer, il est demandé de prendre une part active à la reconstruction du pays avec le même esprit qui les a fait rejoindre la Révolution. Pour les autres le retour est quelque peu différé : il s'agit de ceux dont l'activité ne peut être brusquement stoppée, car fonction des contingences extérieures, de ceux dont la technicité ou la compétence spéciale peuvent encore être nécessaires à la Révolution. A ceux-là, il est encore fait appel, si besoin est, à l'esprit de sacrifice qu'ils ont manifesté en toutes circonstances. Des décisions ont été prises, elles vous seront communiquées en temps opportun. Il est demandé à tous de garder intacte la foi qui les a fait participer au succès du combat commun. Là est le gage de l'avenir de notre pays. Tunis le 22 juin 1962.