Oued Tlélat se remet difficilement de ses émotions... Les feux de la rampe qui l'ont fait émerger de l'anonymat ont à l'évidence perturbé un tant soit peu sa quiétude habituelle... Elle est subitement hissée au rang d'une curiosité nationale et internationale, l'espoir d'un rêve enfin réalisé, le symbole de la renaissance espérée de l'industrie automobile en Algérie... Après les honneurs d'un matin de novembre, l'usine fraîchement inaugurée retrouve sa sérénité. A quelques centaines de mètres de l'autoroute, seuls des panneaux d'orientation indiquent le chemin vers un complexe encore sans identification extérieure. A l'intérieur, un bâtiment flambant neuf accueille le siège de la direction générale de Renault Algérie Production (RAP) et où le Président Directeur Général Bernard Sonilhac accueille la délégation de journalistes représentant la presse nationale pour une visite guidée organisée à l'initiative de la filiale du constructeur français. Après moult hésitations politiques et d'appréhensions sur la rentabilité d'un tel projet, un protocole d'accord a été, rappelons-le, signé en mai 2012, entre Renault, d'une part, et la SNVI et le Fonds national d'investissement, d'autre part, permettant la création d'une unité de montage de véhicules de tourisme à une cadence évolutive de 25 000 unité/an dans une première phase, 75 000 dans une deuxième et 150 000 en période de maturation intégrant l'ensemble des phases de production, à savoir emboutissage, tôlerie, peinture et montage. Une montée progressive de la production D'emblée, Bernard Sonilhac insiste sur les efforts consentis de part et d'autre, et dans un délai assez court pour être fin prêt à la date prévue du lancement, le 10 novembre écoulé. Sur les 152 ha de la superficie totale réservée à l'usine, seuls 14 ha sont actuellement mis en exploitation à travers des bâtiments anciens réhabilités et modernisés pour accueillir les installations de la chaîne de montage. En parallèle, une grande opération de recrutement des personnels était lancée suivie des cycles de formation aussi bien en Algérie que dans l'usine de Renault en Roumanie. L'effectif actuel de l'usine a atteint les 250 personnes réparties entre les différentes structures de l'unité, il atteindra les 350 dès la mise en activité de la deuxième équipe prévue vers le mois d'avril 2015. Le processus retenu dans le cadre du protocole d'accord est l'assemblage en Semi Knock Down (SKD). Un système qui se traduit par la réception de la voiture en éléments détachés et leur assemblage sur une chaîne spécialement dédiée. Des dizaines de conteneurs sont ainsi acheminés chaque semaine depuis les ports roumains jusqu'à Oran où un couloir vert assure l'accélération des procédures douanières et une continuité dans l'activité de l'usine. Après la phase d'installation de la chaîne et la constitution des équipes, il fallait attendre «l'accord de fabrication» du constructeur qui vérifiera d'abord les performances des installations et la qualité des premières voitures. Une fois le processus approuvé, un «accord de livraison» fut ensuite signifié à l'usine pour mettre ses véhicules dans le réseau de Renault Algérie et les proposer à la vente directe au client. Signalons aussi que la nouvelle Symbol a fait l'objet d'essais routiers aussi bien en Europe qu'en Algérie sur des milliers de kilomètres pour tester sa résistance et ses performances dans des conditions climatiques et de roulage extrêmes. Un préalable imposé par les ingénieurs de Renault avant de proposer aux clients cette voiture tant attendue. «La fiabilité des produits est garantie» Ce système de production suscite néanmoins des avis mitigés chez les Algériens, notamment sur la «fiabilité» des véhicules montés localement comparativement à ceux importés de l'usine mère. Pour le PDG de Renault Algérie Production, «la chaîne de montage de Oued Tlélat est parfaitement similaire à ce qui se fait en Roumanie. Et Renault est particulièrement exigeant en matière de qualité. Notre chaîne de montage est conforme aux normes du constructeur et a subi avec succès les examens très sévères pour l'obtention de l'accord de production». Dans le bâtiment rénové accueillant la chaîne de montage, les techniciens algériens s'affairent dans un rythme régulier et avec des gestes précis à accomplir les différentes tâches de composition du puzzle de la voiture. Au commencement de la chaîne l'arrivée sur chariot de la caisse complète et peinte avec ses ouvrants, au premier poste du processus où les portes sont démontées pour faciliter les opérations de pose et d'installation des différents éléments de la voiture. Un couloir permet aux visiteurs de suivre le cheminement du montage sans perturber l'activité du personnel. C'est donc la planche de bord avec ses câblages de venir se fixer à l'avant, suivie quelques mètres plus loin de la célèbre phase de «mariage» qui voit le montage de la caisse sur le châssis sur lequel ont déjà été fixés précédemment et sur un autre poste le bloc moteur/boîte de vitesses, les trains roulants, etc. S'ensuivra alors l'étape d'installation des sièges, des roues, des feux, des batteries, de la mise à niveau des différents liquides... La voiture prend forme au bout de 4 heures d'assemblage. Un rythme qui est appelé à s'accélérer à mesure que le processus est maîtrisé par les techniciens pour passer de 10 véhicules/jour montés actuellement à 25/jour prochainement. 400 points à contrôler En bout de chaîne, la Symbol algérienne est confiée à une équipe d'experts chargée de vérifier et contrôler quelque 400 points, depuis le bon fonctionnement des charnières des ouvrants, jusqu'au parallélisme, en passant par la suspension, la climatisation, l'étanchéité, etc. Une piste et des bancs d'essai ont été par ailleurs mis au point pour précisément faciliter ces contrôles et détecter d'éventuelles anomalies. Dans ce cas de figure, le véhicule revient au bâtiment pour recevoir les correctifs nécessaires. Une fois tous les contrôles subis avec succès, la voiture reçoit une signature électronique et est automatiquement intégré dans la Base Véhicule Monde (BVM) avant de rejoindre un grand parc de stockage en attendant son acheminement vers le réseau de Renault Algérie où les premières commandes ont déjà été enregistrées. La deuxième étape de développement de l'usine débutera à partir de 2019 avec l'intégration des phases tôlerie et peinture dans le processus de fabrication et une évolution de la production jusqu'à 75 000 véhicules/an et une augmentation du nombre d'employés à plus 2 000 personnes. Il est important de signaler que le taux d'intégration est estimé actuellement à 12% avec seulement un opérateur local qui alimente l'usine en produits plastiques. Il est attendu qu'au cours de l'année 2015, une société algéro turque se chargera de la livraison des sièges. En tout état de cause et au-delà du montage de la voiture en Algérie, c'est l'espoir de voir l'industrie automobile en Algérie se développer et contribuer à la relance économique nationale tant souhaitée. L'usine en quelques chiffres - Superficie totale : 150 ha - Superficie exploitée : 12 ha - Capacité de production par an: 25 000 véhicules - Capacité journalière actuelle : 25 véhicules - Capacité théorique : 120 véhicules/jour - Nombre d'emplois actuel : 250 - Age moyen : 32 ans - Nombre de femmes : 40% de l'effectif Au volant de «Symbol dialna» Un atout supplémentaire, le GPS Après la découverte de son processus de montage à Oued Tlélat, l'opportunité nous était offerte de partir en essai dynamique à bord des premiers exemplaires de la Renault Symbol made in Algeria. D'emblée et sur son aspect extérieur, elle ne diffère en rien de celle importée directement par Renault Algérie si ce n'est la couleur foncée de ses feux arrière qui la distingue un tant soit peu. Pour le reste, la différence est quasi impossible à établir. Il en est de même de l'intérieur de la voiture où seul l'écran tactile intégrant le GPS algérien fait le distinguo. Une application, inédite dans le marché algérien et qui constituera sans aucun doute un atout de charme supplémentaire dans l'argumentaire de vente des commerciaux de la filiale. Utilisable dans une quinzaine de wilayas, ce GPS se révèle facile à la manipulation une fois les rudiments assimilés et une précision appréciable dans la navigation. En dehors de quelques tronçons en travaux ou non encore répertoriés, il remplit correctement les missions qui lui sont imparties et vous guide droit vers votre destination. Une première qui sera sans doute méditée par d'autres concessionnaires. La Symbol nationale est montée en une finition unique, Nouvelle Version Extrême, proposant une large palette d'équipements de confort et de sécurité, dont on citera à titre indicatif : la climatisation régulée, 4 airbags, ABS, ordinateur de bord, système multimédia, écran tactile 7 pouces avec radio et GPS, radar de recul... Sous le capot, on retrouve le bloc essence 1.6 MPI développant 80 ch qui procure à la voiture agilité et dynamisme y compris sur les routes escarpées menant vers les hauteurs de Santa Cruz. Le comportement routier de la Symbol Dialna reste conforme aux valeurs habituelles du modèle en matière de stabilité et tenue de route. Le renforcement au niveau du train arrière permet une absorption encore plus efficace des inégalités de la chaussée.Son prix de vente est fixé à 1 287 000 DA toutes taxes comprises. La montée en cadence et le passage à la 2e phase de production entraîneront le montage d'autres modèles en finition moins riche et donc au prix de vente encore plus abordable.