Le séjour de Abdelaziz Bouteflika dans un établissement hospitalier à Grenoble, dans le sud de la France, le 13 novembre dernier, avait, rappelons-le, surpris tout le monde. En Algérie comme en France. Pourquoi le chef d'Etat algérien a-t-il choisi cette petite ville plutôt que la capitale française où il avait l'habitude de se rendre pour ses soins depuis 2005 ? La réponse, c'est l'un de ses médecins, un Français, qui la donnera. Il l'a révélée au quotidien régional Le Dauphiné qui avait annoncé ce séjour en exclusivité ce jour-là. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Ce quotidien est allé à la rencontre du médecin en question, Jacques Monségu, spécialiste de cardiologie interventionnelle, qu'il a fait parler sur son site électronique, hier mercredi. «J'ai commencé à suivre le Président algérien il y a dix ans», expliquera ce professeur qui a longtemps exercé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. «C'est particulier la médecine du cœur, il y a une symbiose puissante qui arrive à créer des liens très forts entre les soignants et les patients. Le cœur, c'est la vie. Alors oui, je peux dire que j'ai des liens d'amitié avec le Président algérien.» Or, cet éminent professeur qui a eu à soigner de nombreuses grandes personnalités avait, un jour, décidé de quitter Paris pour Grenoble où il officie depuis dans cette clinique dotée des plus pointues technologies et inaugurée en septembre 2014. «Quand je lui (Bouteflika, ndlr) avais annoncé ma volonté de quitter Paris, il m'avait dit : "Partout où vous serez, j'irai". Et il est venu», confie encore Jacques Monségu. Il donne d'autres détails encore : «Contrairement à ce qui a été dit, un étage entier ne lui avait pas été réservé. Mais c'est vrai qu'en raison de sa qualité de chef d'Etat avec la sécurité que cela exige, plusieurs chambres lui avaient été dédiées. Mais sa venue n'a annulé aucune des interventions ces jours-là.» Ce médecin français suggère, à travers ses déclarations, que Bouteflika lui rendra certainement d'autres «visites». A-t-il fait ces révélations spontanément ou alors avec l'aval des autorités de son pays ou alors de son «ami patient» dans l'objectif de préparer, en les banalisant, d'autres visites de Bouteflika à l'avenir ? Rien n'est exclu. En tout cas, il est manifeste que le professeur maîtrise bien le dossier médical de Bouteflika. «Quand on lui demande si Abdelaziz Bouteflika pourrait, un jour, revenir à Grenoble, Jacques Monségu sourit, mais ne répond pas», écrit d'ailleurs le journaliste du Dauphiné. Par contre, le médecin de Bouteflika est catégorique : «En revanche, les rumeurs qui ont annoncé son hospitalisation au Val-de-Grâce à la mi-décembre, étaient de l'intox. ça, je peux vous l'assurer.» Pour rappel, le Soir d'Algérie avait également annoncé, s'agissant de cette même rumeur, qu'un avion présidentiel transportait à Paris, ce jour-là, effectivement un patient qui n'était pas Abdelaziz Bouteflika mais l'aîné de ses frères.