Par Maâmar Farah Un jour, et alors que je passais en appel devant la grande justice algérienne pour avoir publié un article de mon ami Aïssa dénonçant la tentative de vente en catimini de l'hôtel El Djazaïr, «délit» pour lequel je fus astreint à verser un dinar symbolique, devenant le tout premier responsable de journal public à être condamné; donc, ce jour-là, dans la petite salle gauche du rez-de-chaussée du tribunal de Abbane-Ramdane, je rencontrai deux autres «accusés» dont l'histoire est assez singulière. Le premier, emmitouflé dans une kachabia pure laine d'origine garantie, se trouvait là en tant que plaignant. Il m'apprit le plus naturellement du monde qu'il agissait contre un hebdomadaire qui avait publié un article raciste contre les Juifs. Mais qui êtes-vous, lui dis-je, interloqué ? Je suis le représentant de la communauté juive d'Algérie, me répondit-il. A côté de lui, se trouvait un gars aux lunettes, mine patibulaire, qui m'apprit qu'il était là en tant qu'accusé. Mais de quoi donc ? Suite à une requête du ministère public qui s'était autosaisi pour défendre la famille royale saoudienne, diffamée semble-t-il par ledit journaliste. Pourtant, ce dernier ne faisait que décortiquer un livre qui apportait des preuves et des témoignages accablants sur le rôle de cette famille dans la grande trahison arabe ! Je vois vos mines incrédules : mais où veux-tu en venir ? A rien ! Je n'ai pas de sujet pour le billet du jour et je voulais vous mener en bateau. Si, si, tout ce que je dis est vrai et ça s'est passé en 1989 ; mais ça ne me mène nulle part... Ah ! Au fait, qu'est devenue la plainte de Kamel Daoud contre le sieur Hamadache ? Cette justice qui se met au garde-à-vous devant un pays étranger ne peut-elle donc rien faire pour écouter un Algérien menacé publiquement de mort ? [email protected]