Tel un jeu de yoyo, les cours du pétrole alternent entre baisse et hausse. Après avoir fini l'année 2014 en forte baisse, les prix du pétrole ont connu hier, second jour de l'année 2015, une légère hausse le matin sur le marché asiatique et en cours de journée à Londres et New York. Lors d'échanges matinaux, le baril de Light sweet crude (WTI), pour livraison en février, prenait 80 cents, à 54,07 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison à même échéance, se renchérissait de 71 cents, à 58,04 dollars. En cours de journée, le baril de Brent de la mer du Nord valait 57,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 10 cents par rapport à la clôture de mercredi. La référence européenne du brut avait atteint le 31 décembre un niveau plus bas en plus de cinq ans et demi à 55,81 dollars. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de WTI grignotait 25 cents à 53,53 dollars. Le WTI est tombé mercredi à son plus bas niveau depuis le 1er mai 2009, à 52,44 dollars. Ce sont certes de faibles volumes d'échanges durant cette période de fête, plusieurs places financières de la région Asie-Pacifique étant fermées pour cause de vacances. Néanmoins, des gains probablement dus aux données positives concernant les stocks américains, publiées mercredi dernier. Ainsi, les réserves de brut ont reculé de 1,8 million de barils, à 385,50 millions, lors de la semaine achevée le 26 décembre, alors que les analystes s'attendaient à une baisse de 600 000 barils seulement. Les stocks américains sont un bon indicateur de l'état de la demande chez le plus gros consommateur de brut mondial. Une année 2014 noire ! Ce faisant, les cours du pétrole avaient terminé l'année sur un nouveau recul mercredi. Le baril de référence (WTI), pour livraison en février, a cédé 85 cents à 53,27 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit un niveau plus bas en clôture depuis le 1er mai 2009 et portant sa chute sur l'ensemble de l'année à environ 46%. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord, pour la même échéance, a terminé à 57,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), retrouvant des niveaux inédits en clôture depuis cinq ans et demi également et affichant une baisse de 48% sur l'année. Durant l'année 2014, les cours ont été assez plombés par une offre mondiale en or noir surabondante et des perspectives de demande moroses. Déstabilisant les marchés financiers et les économies de nombreux pays producteurs comme le Venezuela dont le baril est passé à 48 dollars ou la Russie, les prix du pétrole coté ont décroché d'environ 46% sur l'année, enregistrant leur plus fort recul depuis 2008, lorsqu'ils avaient plongé de plus de 53%, en pleine crise financière. L'essor de la production américaine en cause Ce qui surprend un analyste, c'est la vitesse avec laquelle les prix sont tombés depuis la mi-juin lorsqu'il est apparu que la production nord-américaine devenait plus importante que nécessaire pour subvenir à la croissance des besoins mondiaux sur l'année, créant une situation de surplus. A plus de 9 millions de barils par jour (mbj), la production de brut des Etats-Unis se situe à des niveaux record depuis au moins trente ans. C'est le cas également pour la production d'essence et de produits distillés, sur une base hebdomadaire, constate le même analyste. En effet, quelque 10,2 mbj d'essence ont été produits au cours de la semaine achevée le 26 décembre et quelque 5,3 mbj pour les produits distillés, des sommets depuis au moins 1982, date des premières statistiques hebdomadaires du département de l'Energie américain (DoE). L'annonce, d'autre part, mercredi d'un nouveau bond des stocks de brut à Cushing, un terminal pétrolier clef dans l'Oklahoma (centre-sud) dont les réserves servent de référence aux prix du WTI, à 30,8 millions de barils, a jeté un nouveau froid sur les marchés pour cette dernière séance de l'année. «Cela montre un envol de 66% des réserves de Cushing depuis début octobre», note l'analyste, soulignant la persistance d'une situation de surplus de l'offre au sein du premier consommateur mondial de brut, malgré la chute des prix. Face à cet essor, la perspective d'une augmentation de l'offre libyenne ou irakienne s'ajoutant à un climat morose du côté de la demande, avec une activité économique encore vacillante en zone euro et des signes de ralentissement en Asie, sans compter un regain de vigueur du dollar, ont peu à peu convaincu les investisseurs de fuir ce marché en masse. Et pour 2015, un autre recul ? «L'on s'attend à ce que les cours glissent encore plus bas l'an prochain, au moins jusqu'à la mi-2015», a estimé l'analyste, évoquant un recul probable «d'encore 10 dollars». En effet, «l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne devrait pas diminuer son plafond de production, fixé actuellement à 30 millions de barils par jour au moins jusqu'à l'été», estime-t-il. Comme le chef de file de l'Opep, l'Arabie saoudite, «les Etats entourant le Golfe persique ont choisi d'adopter une vision de long terme en maintenant leur niveau de production et en laissant les prix dévisser, dans l'espoir d'une part de susciter un rebond de la croissance mondiale» par un sursaut de la consommation, «et de ralentir la croissance de l'offre américaine», considère un expert énergétique.