Par Kader Bakou Invité dernièrement à l'émission TV «Saâ Riadha» (une heure de sport), un membre du staff technique de l'équipe nationale de football à fait remarquer : «Aujourd'hui la rue ne forme plus de grand joueurs.» Dans la foulée, il a cité une liste de grands joueurs qui avaient fait leurs classes dans les petits terrains des quartiers populaires. Mais, il n'a pas cité un nom qui est, pourtant, un pur produit de «l'école» de la rue : Ali Bencheikh ! Eux aussi oubliés par le technicien et ex-entraîneur invité à «Saâ Riadha», les joueurs du grand Chabab de Belcourt, comme Lalmas, Selmi, Kalem ou Achour, s'entraînaient aussi au petit terrain du stade Aït Saâda de Laâqiba, afin d'apprendre à mieux maîtriser le ballon et à se perfectionner en dribbles dans des espaces réduits. Ils utilisaient aussi ce qu'on appelait une «médecine ball», beaucoup plus lourd qu'un ballon de foot ordinaire, parce que comportant du sable à l'intérieur. Bencheikh, c'est l'art à l'état pur ! Lui, c'est dans les ruelles de la Casbah d'Alger qu'il a appris à maîtriser le ballon à la perfection. Dans d'autres circonstances, le milieu de terrain du Mouloudia d'Alger aurait pu continuer sa carrière en Europe et passer à un stade supérieur. Contacté à l'époque par le FC Nantes, il avait été empêché de sortir du territoire national, dit-on, sur ordre de Boumediene. En 1976, à l'âge de 21 ans, il avait été classé troisième meilleur joueur africain. On dit aussi que c'était juste parce que ses deux concurrents étaient beaucoup plus âgés que lui et que les instances africaines avaient voulu les distinguer avant leur retraite sportive. En 1978, Bencheikh qui avait marqué le but victorieux de l'équipe nationale contre le Nigeria en finale des Jeux africains avait reçu le Ballon d'argent africain. «Alilou» était une véritable idole pour les supporters du Mouloudia d'Alger qui inventaient de tas de chansons à sa gloire. Balle au pied, il pouvait faire ce qu'il voulait sur le terrain. Il était le roi du «petit pont», un truc qu'affectionnent les férus de football à travers le monde entier. Parfois, il s'arrête au beau milieu du terrain sans que les défenseurs du club adverse osent aller lui subtiliser la balle. Il pouvait aussi attirer lui-même les défenseurs vers le poteau de corner, un «numéro» qu'attendent à chaque match les supporters du MCA au stade de Bologhine. Quantité de blagues aux dépens de ses adversaires sur le terrain circulaient à l'époque. Mais contrairement à ce que pensent certains, Ali Bencheikh n'est pas uniquement un dribbleur hors pair. Il est aussi doué d'une grande vision de jeu qu'il met souvent au service de ses coéquipiers du Mouloudia d'Alger et de l'équipe nationale. D'ailleurs, à un certaine période, il avait formé un redoutable duo avec Baïlèche, buteur de la JS Kabylie et de l'équipe nationale, dont la carrière a été malheureusement éphémère. Bencheikh, un art et une technique proches du fameux «football à l'algérienne» qu'avait lancé avec succès Rachid Mekhloufi avec les lutins de l'équipe nationale aux Jeux méditerranéens de 1975. K. B.