Abdelaziz Bouteflika prépare un grand chamboulement dans la haute hiérarchie institutionnelle. Selon une source sûre, il serait ainsi question, en premier lieu, d'un changement à la tête de la deuxième Chambre du Parlement, avec «la désignation» de l'actuel secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani qui remplacerait son homologue du Rassemblement national démocratique, Abdelkader Bensalah, à cette prestigieuse fonction de deuxième personnage de l'Etat. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Bensalah, qui serait également remplacé par Ahmed Ouyahia à la tête du RND, comme nous l'annoncions dans nos précédentes éditions, bénéficierait toutefois d'une «compensation» en se voyant confier un poste de ministre d'Etat auprès de la présidence, vraisemblablement comme celui qu'occupait Abdelaziz Belkhadem. «Ce changement à la tête du Sénat est d'abord une nécessité. Il faut à tout prix éviter une crise politique majeure, en cas de vacance de pouvoir. Or, Abdelkader Bensalah ne pourra jamais exercer la fonction de président de la République, même à titre intérimaire, en raison de sa nationalité algérienne acquise, et non pas d'origine comme le prévoit la Constitution», nous explique notre source. «Cela obéit aussi à un souci d'équilibre entre le FLN et le RND. Actuellement, le parti majoritaire ne compte, en dehors du Président Bouteflika lui-même, qu'un seul haut responsable qu'est le président de l'Assemblée populaire nationale, Larbi Ould Khelifa. Tandis que le RND compte, lui, le président du Sénat et le directeur de cabinet de la présidence». Et si le choix de Amar Saâdani semble bien surprendre, notre source ne manquera pas de rappeler que ce dernier «a bel et bien été président de l'APN jusqu'en 2007». Après une traversée du désert, depuis, il aura aussi effectué un spectaculaire retour sur le devant de la scène à la veille du «quatrième mandant» à la réalisation duquel il prendra une part très active. Saâdani avait en effet été imposé à la tête du FLN, le 29 août 2013 malgré une très forte opposition interne au parti et en dépit des textes propres au FLN mais aussi à la loi sur les partis. Depuis cette date, Saâdani joue un rôle politique de premier plan, se permettant même de s'attaquer frontalement au Premier ministre Abdelmalek Sellal et même au parton du DRS, ce qu'aucun autre responsable politique affilié au pouvoir ne s'était jamais permis jusque-là. A l'exception, bien sûr, de certaines «piques» épisodiques de ... Bouteflika. Le rôle de Saâdani, dans le nouveau dispositif du règne de Bouteflika, n'avait d'ailleurs pas tardé à éclater au grand jour après ce surprenant épisode : non seulement il ne sera jamais inquiété, mais il sera désigné dans le fameux directoire de campagne du Président-candidat, aux côtés des Sellal, Ouyahia, Bensalah, Belkhadem, Benyounès, Ghoul et Bessaïeh. Mieux, aucune grande décision politique n'a été prise, depuis l'automne 2013, sans qu'elle ne soit annoncée au préalable par l'actuel secrétaire général du FLN. Le remaniement ministériel ? Effectivement, Saâdani l'avait annoncé. Certes, il n'avait pas eu lieu mais c'était parce que Bouteflika l'avait tout simplement reporté après l'avoir «finalisé». La brutale crise pétrolière de début janvier avait en effet chamboulé tout l'agenda présidentiel. «Les priorités changent. Désormais, le Président met le cap sur son projet phare, la révision de la Constitution. En plus de la gestion en cours de la crise économique, c'est cette révision qui constitue sa priorité absolue et il compte bien en finir d'ici le mois d'avril, au plus tard», nous confie encore notre source. «Tout suivra juste après cette révision, à savoir le changement à la tête du Sénat, un grand remaniement du gouvernement Sellal ainsi que d'importants changements dans la haute hiérarchie militaire.» C'est dire que l'après-17 avril n'a pas encore commencé!