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A PROPOS DU COLLOQUE ORGANISE PAR L'ASSOCIATION DES MOUDJAHIDINE DU MALG (ALGER , 14 ET 15 D�CEMBRE 2004 )
"De l'image perturb�e vers la gloire � restaurer ou la probl�matique de la reconstitution de l'histoire du MALG"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 12 - 2004


1 – Probl�matique g�n�rale
Le colloque organis�, r�cemment, par l'Association des moudjahidine du minist�re de l'Armement et des liaisons g�n�rales constitue la premi�re tentative de reconstitution de l'histoire des services de renseignement alg�riens durant la guerre de Lib�ration nationale.
Il n'est pas sans int�r�t de rappeler, � cet �gard, le contexte de d�part des activit�s de l'Association caract�ris� par :
— L'av�nement du multipartisme et la cons�cration de la libert� d'association qui ont permis aux anciens cadres du MALG de se regrouper en se donnant une consistance organique et juridique ;
— la lev�e graduelle des tabous sur ces pans obscurs de l'histoire contemporaine de l'Alg�rie avec la perspective aussi bien d'en soumettre � examen les questions �pineuses que, le cas �ch�ant ,de proc�der � la r�habilitation de ces hommes de l'ombre si souvent fustig�s ;
— la manifestation d'aspirations pressantes de la jeunesse alg�rienne en attente d'une meilleure connaissance de l'histoire du pays afin de d�passer cette tentation ambivalente qui la ballotte entre culte et rejet selon l'inspiration qu'elle tire de l'exemple de ses a�n�s. De mani�re plus concr�te, le colloque �voqu� se d�roule apr�s une fin qui s'annonce pour ce climat d'�quivoque, pour ne point dire de suspicion, entretenu depuis l'av�nement de l'ind�pendance contre le MALG, son histoire et ses cadres :
— Le conflit �tat-major g�n�ral de l'ALN-Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne a pes�, n�gativement, sur l'avenir post-ind�pendance des cadres du MALG, car ils avaient refus� de s'y impliquer s'inspirant de la position ostensible de neutralit� affich�e par Abdelhafid Boussouf ;
— une suspicion chronique fut cultiv�e, depuis, par le pouvoir politique vis-�-vis de ces anciens cadres du MALG tenus plus ou moins � distance de la vie publique et contraints d'observer une obligation de r�serve, malgr� la d�valorisation entretenue de leur image de guerre ;
— une page blanche est perceptible pour ce qui touche � l'histoire sp�cifique du MALG. Dans le processus complexe de construction de la m�moire nationale, une forme d'ambigu�t�, autant suscit�e que naturelle, persiste, obstin�ment, � propos de l'empreinte des services de renseignement de guerre sur l'histoire du FLN et du GPRA. Le rappel de ce climat n'est pas inutile. C'est lui qui met en relief l'importance de ce devoir de m�moire auquel restent astreints les anciens cadres du MALG. Un devoir de m�moire d'autant plus imp�rieux que les survivants de l'�pop�e du MALG, seuls t�moins de ses exploits ou de ses m�prises, d�c�dent, � une cadence acc�l�r�e, du fait de l'�ge ou des s�quelles de la p�riode de combat.
2 – L'Association des moudjahidine du MALG et son �volution
C'est � la faveur du multipartisme que les anciens cadres du MALG, des services de la logistique plut�t que des services de renseignement au d�part, ont pu constituer l'Association des moudjahidine du MALG, officiellement agr��e en 1990. Les d�buts de cette association ont �t� prudents et se sont presque cantonn�s aux mondanit�s. Il fallait, sans doute, d�passer la difficult� de l'�cueil psychologique h�rit�e de la p�riode du parti unique, les anciens cadres du MALG, disciplin�s et rompus � la clandestinit� �tant peu port�s sur les apparitions et d�bats publics. Il fallait, par ailleurs, r�ussir la gageure de mettre en harmonie, avec leurs sp�cificit�s, ces composantes complexes du MALG : cadres des transmissions, du renseignement, de l'armement et des liaisons. Une deuxi�me phase semble s'ouvrir pour l'Association dont le bilan est, d�sormais, plus substantiel. Il suffit de noter cette pr�sence publique, d�sormais, plus dynamique de l'Association, l'impulsion de la recherche multiforme sur l'histoire du MALG et l'audace manifest�e par ses membres dans la clarification politique de leur mission de guerre. Toutes activit�s qui supposent, naturellement, une r�habilitation soutenue, d'abord du souvenir des compagnons disparus et occult�s de la m�moire nationale, mais aussi de l'image du p�re fondateur des services de renseignement, Abdelhafid Boussouf, celui que tous les cadres du MALG d�nomment, affectueusement, "Si Mabrouk". L'�vocation du personnage de Abdelhafid Boussouf vient fort � propos pour vider de leur vraisemblance les sp�culations hasardeuses qui pr�tent � ces attachants et redout�s "Malgaches" — d�nomination de d�fiance autant que de r�v�rence dont sont affubl�s les anciens cadres du MALG— le projet de constituer un groupe de pression en vue d'agir sur la sc�ne politique. Pour quelques rares Malgaches rendus c�l�bres par leurs charges officielles ou favoris�s par les affaires, combien d'autres— pour ne point dire tous les autres— qui, fuyant les feux de la rampe, ont trac� une croix sur leur pass�, renon�ant � tout honneur ou r�compense mat�rielle, pour se fondre, sans espoir de retour, dans le strict anonymat au milieu de leur peuple. Si ces Malgaches ont quelque ambition, aujourd'hui, ce ne serait pas en rapport avec la gloire �ph�m�re des honneurs officiels ou les attraits de la rente � partager. Ils semblent mus, exclusivement, par le devoir de m�moire qui leur enjoint de concourir � pr�server le sens de leurs vies par la r�habilitation du souvenir de leurs compagnons disparus. Si ces Malgaches sont apparus, au cours de ce colloque, meurtris par l'ostracisme qui, si longtemps, avait frapp� leurs exploits de guerre dans l'histoire de la lutte de Lib�ration nationale, rien ne permet d'imaginer qu'ils sont concern�s par les bruissements d'une agitation politique dont ils se sont depuis longtemps d�tourn�s.
3 – La probl�matique de la reconstitution de l'historie du MALG
La probl�matique de l'histoire des services de renseignement durant la guerre de Lib�ration nationale nous projette au cœur d'un d�bat dont l'int�r�t est autant politique que scientifique. Un voile opaque n'a cess� de recouvrir, en effet, l'histoire du MALG r�duite � une s�rie de r�glements de comptes et de disparitions, occultant tous les exploits et faits de guerres r�alis�es par le MALG. C'est un fait �tabli que le pouvoir politique post-ind�pendance en Alg�rie a fonctionn� en r�primant les vell�it�s de substitution d'une autre l�gitimit� � la sienne propre. Durant l'�re du pr�sident Boumediene, la consigne �tait claire. De m�me qu'il fallait exploiter le savoir-faire technique des officiers d�serteurs de l'arm�e fran�aise, en leur verrouillant les marches conduisant � la l�gitimit� historique, l'exp�rience des anciens cadres du MALG et leur potentiel intellectuel devaient �tre mis � profit, sans que leurs d�tenteurs acc�dent � la d�cision strat�gique. Ce constat peut sembler contradictoire avec la nature de l'encadrement de la puissante S�curit� militaire constitu�e, durant cette p�riode, par des anciens cadres du MALG, issus, plus sp�cifiquement, des services de renseignement militaires. La r�ponse est � rechercher dans le mode op�ratoire particulier par lequel le pr�sident Boumediene supervisait et contr�lait cette S�curit� militaire. Mais cela constitue la mati�re d'un autre d�bat. Pour revenir � la question qui nous pr�occupe, il est vrai que ces "Malgaches"ont adopt�, lorsqu'ils sont rest�s au service de l'Etat, un profil bas, acceptant m�me que l'histoire officielle d�nature leur vraie histoire. Ceux qui avaient d�cid� de rompre avec les charges publiques se sont, pour leur part, retir�s dans une solitude qui confinait, parfois, aux portes de la d�raison psychopathologique. Il n'est pas �tonnant, donc, que cette p�riode ait laiss� le champ libre � de nombreux historiens, plut�t des "pseudo- historiens", qui produisirent, sur l'�pop�e du MALG, des pan�gyriques sans pertinence scientifique au moment o� d'autres s'affairaient � souiller cette m�me �pop�e, sur la base de pures sp�culations. Il convient, � ce propos, de distinguer entre la reconstitution �pique de l'histoire— mati�re � meubler les mus�es et entretenir le mythe dont se nourrit l'imaginaire populaire— et la reconstitution scientifique de la mati�re historique o� se donnent � examiner les interrogations essentielles qui tiennent � la nature des �v�nements pas � leurs apparences. Avec le nouveau souffle de l'Association des moudjahidine du MALG, c'est une prise de conscience profonde, bien que tardive, qui se manifeste quant � l'urgence de combler la page blanche que nous �voquions peu avant. L'urgence de la reconstitution de l'histoire du MALG est, d�sormais, partag�e mais il faut s'impr�gner aussi des obstacles qui peuvent entraver la tache :
— la disparition acc�l�r�e des survivants parmi les acteurs de cette histoire ;
— l'indisponibilit� des archives �crites et sonores du MALG d�tenues par le minist�re de la D�fense nationale ;
— l'offensive m�thodique de certains milieux fran�ais de la recherche historique qui, arm�s de solides sources coloniales, organisent, dans une guerre d'intelligence qui ne dit pas son nom, une œuvre de contre-information destin�e � alt�rer les rep�res essentiels de la m�moire alg�rienne. Tout ceci pour souligner que la d�marche actuelle de l'Association comporte des insuffisances de m�thode qui peuvent fausser les r�sultats obtenus.
4 – La d�marche de l'Association des moudjahidine du MALG dans la reconstitution de l'histoire du MALG
Pour louable qu'elle soit, l'initiative de l'Association des moudjahidine du MALG n'atteint pas encore la perfection m�thodologique. Cette d�marche repose, principalement, sur le recueil de t�moignages individuels ou collectifs qui donnent lieu, p�riodiquement, � l'organisation de travaux d'ateliers ou de s�minaires et colloques th�matiques. Elle ne s'inscrit pas dans cette dimension strat�gique qui requiert le choix d'une finalit� clairement exprim�e avec une m�thodologie parfaitement �labor�e et la mobilisation de toutes les potentialit�s pertinentes du pays. La mati�re premi�re n�cessaire � la reconstitution de cette histoire existe bel et bien. La richesse des th�mes �voqu�s lors de ce colloque et la vivacit� des d�bats qui ont suivi sont des indicateurs probants. Les communications pr�sent�es lors du dernier colloque constituent, en effet, un mat�riau riche et le ton m�me des d�clamations des t�moins un indice pr�cieux sur l'intensit� psychologique de l'engagement de ces hommes de l'ombre. Imaginez, pour l'exemple, ce que peut tirer un expert en techniques de l'histoire de cette description m�thodique des bases logistiques de la guerre de Lib�ration nationale, pr�sent�e, lors de ce colloque, par Mansour Boudaoud, surtout ponctu�e par ce cri du cœur lanc� en pleine salle sur le d�voiement de la R�volution. Et ce t�moignage �labor�, pr�cis, percutant et combien �mouvant de Abderrahmane Berrouane, fondateur, sous le pseudonyme de "Safar", de la "Direction vigilance et contre-renseignement", lorsqu'il �voquait, avec des mots choisis et un ton juste, la personnalit� captivante de Si Mabrouk. Comment tirer le meilleur profit de cette mati�re premi�re sinon par le concours de l'universit� ? C'est l'�lite intellectuelle qui doit prendre le relais de ces "Malgaches". Il faut sceller une alliance entre l'Association et la communaut� universitaire pour mettre en relation ces chercheurs �prouv�s et ces t�moins fiables, car ils sont, �galement, int�ress�s par la manifestation de la v�rit�. Il n'est plus question d'histoire �pique, d�sormais, mais de processus scientifique de reconstitution d'uns s�quence d�terminante de l'histoire nationale.
5 - Les insuffisances de la d�marche de l'Association en mati�re de reconstitution de l'histoire
Revenons sur les insuffisances enregistr�es dans la d�marche de reconstitution de l'histoire du MALG par l'Association. Ces insuffisances pourraient �tre r�sum�es comme suit :
— l'absence d'une conception strat�gique qui permettrait une mise en situation appropri�e de la probl�matique g�n�rale. Le contexte politique permet, pourtant, de faire �tat, d�sormais, de cette dimension. Il s'agit bien de proc�der � la r�habilitation du MALG et de ses cadres en vue de r�concilier la soci�t� alg�rienne et sa m�moire d'histoire. Tr�s significativement, cette dimension vient d'�tre, officiellement, prise en charge par la France qui a mis en place une fondation sp�cifique pour assainir les rapports de l'imaginaire de la soci�t� fran�aise avec son histoire coloniale en Alg�rie. La France avec ses archives utiles et les t�moignages qui les accompagnent sera-t-elle tent�e de revisiter, � sa mani�re, l'histoire de nos services de renseignement ? Certains universitaires fran�ais scrupuleux refuseront, sans doute, de travestir les faits historiques, mais que peuvent-ils face aux imp�ratifs d'Etat ? Le risque d'alt�ration de l'image du MALG s'aggravera au fur et � mesure que la France approfondira la reconstitution de son histoire coloniale en Alg�rie, car elle d�tient, quasiment, le monopole des sources. Laisser l'histoire du MALG se reconstituer par effraction, par des mains non expertes, ou de mani�re tendancieuse, par des auteurs malveillants, c'est barrer le chemin � cet esprit de d�fense sur lequel se fonde le destin de toutes les grandes nations ;
— l'absence de m�thode se per�oit aussi bien dans les travaux de reconstitution de l'histoire du MALG que m�ne l'Association. L'histoire n'est pas une science rigoureuse mais elle ob�it � des m�thodes et des techniques �prouv�es qui lui donnent consistance scientifique. Des amateurs ne peuvent pas s'acquitter de la t�che fastidieuse et ingrate qui interpelle l'Association. Il faut faire appel aux historiens alg�riens, universitaires s'entend, et aux autres sp�cialistes de sciences sociales pour organiser, de mani�re scientifique, le recueil des t�moignages, leur exploitation ainsi que leur mise en forme. Cette mission — comme cela se pratique dans tous les pays soucieux de leur histoire— pourrait constituer, parfaitement, la mati�re d'un projet majeur de recherche scientifique, financ� par l'Etat mais men� dans des conditions d'autonomie scientifique totale ;
— l'absence de p�dagogie est �galement perceptible dans la d�marche de l'Association. En fonction de la finalit� de la d�marche, le public cibl� par la probl�matique de la reconstitution de l'histoire du MALG doit �tre, correctement, cibl�. La meilleure mani�re d'�touffer le message � d�livrer et d'�viter qu'il ne parvienne � ses destinataires naturels consiste bien � s'en tenir � ces dizaines de v�t�rans du MALG �largis, selon les circonstances, � tel ou tel panel de notabilit�s institutionnelles. L'Association a pour obligation, si elle veut remplir sa mission, d'investir la soci�t� r�elle et, surtout, la communaut� universitaire. Voil� les v�ritables relais qui vont permettre de corriger, dans la dur�e, l'image d�voy�e du MALG. Imaginez la richesse du d�bat si ce dernier colloque s'�tait d�roul� dans l'enceinte de l'universit�. Dans le m�me ordre d'id�es, � l'or�e de ce vingt et uni�me si�cle, il faut se d�cider � recourir aux moyens p�dagogiques modernes pour illustrer les expos�s et rendre vivantes, par l'image et le son, les communications pr�sent�es � l'auditoire. N'oublions pas, enfin, la sage pr�caution de s�parer les tentations politiciennes qui pourraient s'incruster dans la d�marche pour ne retenir que les pr�occupations scientifiques et historiques lesquelles doivent constituer le socle qui rassemble, par del� toute incitation politicienne, les membres de l'Association. Il est bien �tabli qu'il existe un mobile politique explicite � la d�marche de l'Association, en l'occurrence la r�habilitation des hommes qui ont forg� la gloire du MALG, mais ce sont les faits, m�thodiquement reconstitu�s, qui r�tabliront l'image fauss�e, pas les d�clamations ou autres discours verbeux.
6 – Propositions alternatives pour conforter la d�marche actuelle de l'Association des Moudjahidine du MALG
La priorit� porte sur la clarification de la probl�matique soulev�e par la reconstitution de l'histoire du MALG. Il est indispensable de r�tablir la visibilit� strat�gique du projet en apportant des r�ponses convaincantes � certains questionnements essentiels : quelle finalit� politique? Quelle d�marche m�thodologique? Quelle insertion dans la soci�t� ? Quels rapports � la communaut� universitaire ? Quels liens � la corporation du renseignement ? Voici, sous forme concise, les axes essentiels de la d�marche compl�mentaire qui est propos�e :
— au plan de la forme, la d�marche est � inscrire dans le cadre d'un projet de recherche scientifique � engager avec les universitaires, partenaires naturels de l'Association des moudjahidine du MALG et, le cas �ch�ant, d' autres personnalit�s scientifiques ou historiques.
— au plan de la m�thode, il s'agira de recourir aux normes scientifiques en usage et, notamment, de recouper, syst�matiquement, des sources et les donn�es. Les t�moignages, individuels et collectifs, doivent �tre directifs et soumis, constamment, � des tests de coh�rence. La combinaison des apports de m�thode fournis par les uns et la mati�re premi�re procur�e par les autres devraient permettre de tirer un profit maximal des mat�riaux disponibles, les archives �crites devront, chaque fois que de possible, �clairer et conforter les t�moignages oraux ;
— au plan de la planification, il s'agira de se fixer des priorit�s de route, en fonction des mat�riaux disponibles et des t�moins pr�sents. Il est possible d'envisager la publication pr�liminaire des t�moignages d�j� recueillis ou des expos�s d�j� pr�sent�s en colloque. Mais la recherche historique ne saurait s'arr�ter � ce seuil d�risoire de la connaissance. Il y a lieu, donc, de planifier dans le temps, par phases, par s�quences et par th�mes, la r�alisation de ce projet qui, probablement, n�cessitera quelques ann�es d'efforts ;
— l'�ch�ancier pourrait �tre marqu� de haltes de parcours, sous forme de colloques ou s�minaires destin�s � tester les r�sultats de la recherche aupr�s d'un public pertinent ou � les diffuser s'ils ont d�j� �t� v�rifi�s. La reconstitution d'une biographie exhaustive de Abdelhafid Boussouf s'annonce comme une premi�re priorit�. Cette figure embl�matique du monde du renseignement, ce leader �clectique dans un environnement d'�lite, ce dirigeant r�volutionnaire impr�gn� de l�galisme, m�rite de figurer au panth�on de notre histoire. Enfin, pour illustrer la sp�cifit� du MALG, ne convient-il pas de s'attarder sur la conception �litiste du leadership qui caract�risait le fonctionnement des services de renseignement de l'�poque tant et si bien qu'ils furent, m�me apr�s ind�pendance, un vivier de comp�tences intellectuelles pour encadrer l'administration naissante de l'Alg�rie ;
— la confection de publications p�riodiques et ponctuelles est � envisager de mani�re � vulgariser aupr�s de l'opinion publique nationale les travaux historiques men�s par l'Association. Accessoirement, d'ailleurs, l'Association devrait se doter d'une revue sp�cifique, non seulement pour permettre la publication partielle et p�riodique de t�moignages travaux de recherches mais pour offrir, �galement, un lieu de rencontre tant pour "les Malgaches" eux-m�mes, que pour ceux qui s'int�ressent � l'odyss�e du MALG.
7- Projections
De quelle mani�re faut-il clore, en substance, ces libres propos d'un cadet plein d'admiration pour ses a�n�s ? Attardons-nous, un moment, sur cette probl�matique qui porte sur les liens du MALG avec nos services de renseignement post-ind�pendance. Il serait hasardeux d'affirmer, dans l'absolu, que ce furent des liens de rupture ou de continuit�. Il faut convenir, n�anmoins, que la suspicion qui avait entour�, des d�cennies durant, le MALG est � l'origine, sinon d'une coupure du moins d'une distanciation, entre les services de renseignement de la guerre de Lib�ration nationale et ceux de l'Alg�rie ind�pendante. Il n'y a pas lieu de s'�tonner qu'un jeune cadre des services de renseignement post-ind�pendance ait eu � m'interpeller, il n'y a pas si longtemps, � l'effet de savoir si "la S�curit� Militaire constituait une continuit� du MALG". A d�faut de r�pondre, impulsivement, sur le fond de la question, la r�ponse affective jaillit d'instinct plus que de raison : "C'est une grande fiert� de compter parmi les continuateurs de ces a�n�s exceptionnels, ces hommes cultiv�s, sobres et courageux". Ceci �tant, "les Malgaches" doivent se rendre � l'�vidence. Leur mission au service de la patrie n'est pas achev�e tant qu'ils ne se seront pas acquitt�s de leur devoir de m�moire vis-�-vis de leurs compagnons disparus. Ce n'est pas un service accessoire qu'ils doivent rendre � l'Association, c'est une obligation morale qui leur enjoint de livrer, sans restriction, leurs t�moignages sur l'�pop�e du MALG. Il suffit de mettre en place les filtres appropri�s pour �viter, le cas �ch�ant, la divulgation d'informations qui peuvent encore causer du tort � l'Alg�rie ou � ceux qui l'ont servie. Autrement, ces "Malgaches" que d'aucuns prenaient pour des fortun�s de l'ind�pendance— et apparus, lors de ce colloque, si d�senchant�s— doivent surmonter leur amertume car ils sont tenus d'�clairer, malgr� tout, le chemin de leurs cadets parmi les jeunes cadres du renseignement en les impr�gnant de l'exemple lumineux de leurs a�n�s. C'est la meilleure mani�re d'insuffler l'esprit de solidarit� si propre � cette corporation chevaleresque. Bien s�r qu'il faut examiner le fonctionnement de nos services de renseignement actuels � l'aune des exploits des services du MALG. Sinon quel int�r�t � enseigner, depuis la nuit des temps, l'histoire de l'humanit�? Il est vrai, � cet �gard, que le colloque de l'Association des moudjahidine du MALG aurait pu se tenir dans l'enceinte de la Grande �cole de nos services de renseignement. Mais c'est d�j�, l�, un autre probl�me. A moins que l� ne soit tout le probl�me.


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