Une banque d'investissement dédiée aux petites et moyennes entreprises essentiellement étrangères pourrait être créée. L'Algérie devrait devenir un hub (plateforme) pour les entreprises américaines dans le domaine pharmaceutique et de l'industrie mécanique notamment. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) «Nous réfléchissons sur la création d'une banque d'investissement», indiquait hier à l'hôtel Hilton le ministre de l'Industrie et des Mines, en marge d'une conférence sur le partenariat algéro-américain. Une banque qui permettrait aux Pme, en déficit de «visibilité» selon Abdesselam Bouchouareb, de contracter des partenariats avec des entreprises algériennes dans le respect de la règle 49/51 régissant l'investissement étranger. La création d'une telle banque a été, certes, évoquée et de manière récurrente durant la décade écoulée, mais sans aucune concrétisation. Cela étant, une telle institution financière pourrait compléter, voire suppléer aux garanties bancaires exigées et dont disposent, certes, les investisseurs nationaux uniquement. Or, la règle 49/51, en vigueur depuis la mi-2009 et même si elle a été déjà assouplie dans la mesure où le partenaire étranger, quoique minoritaire, bénéficie du management de projet de partenariat, constitue encore une contrainte pour les investisseurs étrangers dont ceux américains. C'est ce que le secrétaire d'Etat adjoint aux affaires économiques et commerciales, Charles Hammerman Rivkin, a justement laissé entendre lors de son intervention durant la conférence. Ainsi, l'officiel américain appellera l'Etat algérien à améliorer le climat d'affaires et l'attractivité aux investissements directs étrangers, en supprimant cette règle. Certes, Abdesselam Bouchouareb éludera l'existence d'une hostilité des Etats-Unis vis-à-vis de la règle 49/51, arguant que l'officiel américain n'a exprimé que le souci de discuter de la situation du code des investissements. Or, la règle n'a pas empêché la firme américaine General Electric de contracter deux partenariats en une année avec Sonelgaz notamment, observe le ministre de l'Industrie qui note également que l'attractivité de l'Algérie est de mise pour les opérateurs américains. Toutefois, le gouvernement cherche à contourner cette règle, maintenue et «élargie au commerce de gros qui constituait une brèche béante» en termes de transferts d'argent, assurera le ministre de l'Industrie, en mettant en place une telle banque d'investissement. Ceci outre les diverses incitations et facilitations qui sont développées vis-à-vis des investisseurs étrangers, notamment américains, relèvera Abdesselam Bouchouareb lors de cette conférence, organisée sous l'égide du Conseil d'affaires algéro-américain, l'ambassade d'Algérie à Washington, la Chambre de commerce arabo-américaine et le Forum des chefs d'entreprises (FCE) et qui a coïncidé avec une mission commerciale et d'investissement conduite par une vingtaine d'entreprises américaines exerçant dans le domaine de l'énergie solaire, la gestion des déchets, la pharmaceutique... L'occasion pour le ministre de l'Industrie d'inviter les entreprises américaines, réputées pour leur excellence technologique et pouvoir d'innovation de profiter des opportunités et atouts du marché algérien et de s'inscrire dans la stratégie actuellement à l'œuvre en matière de relance et de développement industriels et d'insertion dans les segments à haute intensité technologique. Ainsi, les entreprises américaines sont invitées à délocaliser leurs activités vers l'Algérie, en vue de booster le réseau local de sous-traitance et développer les Pme nationales. «Notre ambition est d'attirer les leaders dans un partenariat gagnant-gagnant mais aussi offrir aux PME et à toutes les entreprises innovantes étrangères les conditions de leur épanouissement dans notre pays», dira Abdesselam Bouchouareb en ce sens. Et ce dans le contexte où l'Algérie est appelée, à terme, à devenir un hub (plateforme) pour les entreprises américaines opérant notamment dans le domaine pharmaceutique mais aussi de l'industrie mécanique. Soit la possibilité pour l'Algérie de devenir un hub d'ici 2020-2030 dans le domaine de la formation, la recherche-développement et la production pharmaceutique et médicale, à la faveur de divers contrats de partenariat déjà conclus ou en voie de finalisation entre des entreprises américaines et des groupes publics et privés nationaux. Comme l'Algérie deviendrait un hub africain pour l'industrie mécanique notamment le machinisme agricole, la firme américaine Massey Fergusson devant mettre en place une école de formation et développer l'exportation de produits fabriqués en Algérie (tracteurs et autres matériels aratoires). Le partenariat dans le domaine de l'énergie solaire est également en vue, la firme américaine leader First Solar lançant un projet en ce sens avec des compagnies publiques (Enie et Sonelgaz), indiquera par ailleurs le ministre de l'Industrie ainsi que le président du Conseil d'affaires algéro-américain, Smaïl Chikhoune. D'autres contrats notamment dans le domaine du tourisme (lancement d'un hôtel Marriott) et de l'agriculture (production de semences pour la pomme de terre) sont déjà entérinés ou en cours de finalisation, pour des montants de l'ordre de 100 à 500 millions de dollars. Ce qui permettrait de consolider les investissements américains dont le volume hors hydrocarbures avoisine actuellement les 2 milliards de dollars et le volume en hydrocarbures atteint les 6 milliards de dollars. Ce qui permettra également de suppléer à la baisse du volume des échanges commerciaux entre l'Algérie et les Etats-Unis durant les dernières années, en raison de la diminution de ventes d'hydrocarbures algériens sur le marché américain.