Maux de ventre, insomnies, irritabilité, pleurs sont autant de symptômes et de signes de détresse lancés par les enfants lorsqu'ils subissent un stress scolaire. Les parents sont les premiers à en prendre conscience, avant le personnel éducatif. Ils témoignent. Nadia, mère au foyer : «Ma fille a été vexée par son professeur» «Ma fille aînée est une excellente élève. Elle se donne à fond. C'est vrai qu'elle n'a pas d'autres activités. Elle ne sort de la maison que pour partir à l'école. Lors de son admission au collège, elle continuait à être épanouie jusqu'à ce qu'elle commence à se plaindre de maux de ventre. Au début, une fois par semaine par la suite c'est devenu plus persistant au point de devoir s'absenter de l'école. Son père et moi-même avons commencé à nous inquiéter sérieusement. Nous avons consulté plusieurs médecins sans rien trouver d'anormal. Vous savez, nous sommes arrivés à lui faire une biopsie tellement nous étions dans le désarroi», confie Nadia en pleurant en se remémorant ces moments difficiles. Et de poursuivre : «Lorsque nous nous sommes aperçus qu'il n'y avait rien d'anormal sur le plan médical, au bout de plusieurs mois, nous avons commencé à suspecter qu'il lui est arrivé quelque chose d'autant plus qu'elle ne parlait pas. Tout ce qu'elle disait était qu'elle avait mal au ventre et dès qu'elle se sentait mieux, elle se mettait à réviser à la maison et recopiait les cours que je lui ramenais. Je commençais à trouver cela étrange. Je me disais que quelqu'un a dû lui faire mal ou se faire agresser.» Par la suite, Nadia a pu réellement dialoguer avec sa fille et la cause de ces maux de ventre n'aurait jamais pu lui traverser l'esprit : «Son enseignante d'histoire-géographie l'a complexée. Comme ma fille aimait l'école et participait en classe, elle lui faisait des remarques désobligeantes lorsqu'elle se trompait. Et lorsque ma fille a décidé de ne plus participer en classe, cela s'est transformé en cauchemar. Elle l'humiliait et lui disait qu'elle pensait être trop intelligente pour participer ou venir en classe. Et ma fille n'a pas pu se confier à nous parce que de notre côté, nous lui avions tellement dit que c'était important l'école et d'être la meilleure, qu'elle a dû tout garder pour elle.» Nadia a, par la suite, repris les choses en main. Elle s'est présentée à l'enseignante et lui a tout expliqué. Cette dernière n'a rien voulu admettre. L'année d'après, sa fille a changé de classe et pratique depuis une activité parascolaire. «Tout ce que je veux est que ma fille soit heureuse et épanouie. Maintenant, je me moque des notes, et cela ne m'intéresse plus qu'elle soit la meilleure.» Souhila, 34 ans, enseignante : «Maux de tête et de ventre» Dans le milieu éducatif, Souhila n'a jamais pu imaginer que son fils puisse subir ou plutôt être atteint par le stress. Son enfant, l'aîné, a intégré depuis deux années le système scolaire de façon officielle. Il est maintenant en deuxième année primaire. «Je dirais que mon fils subit le stress parce qu'il en présente les symptômes. Pas de façon violente mais ils sont là et je dois les gérer», explique de prime abord cette enseignante dans une école primaire publique. «Vous savez, comme c'est mon premier enfant qui fait son entrée à l'école, je l'ai vraiment boosté. Et petit à petit, durant sa première année, il a commencé à souffrir de maux de ventre. cela se manifestait ensuite à la fin de l'année scolaire. cette année, c'est pareil, quelques jours après la rentrée, il s'est plaint de maux de tête et de ventre. C'est la psychologue scolaire qui m'a expliqué les causes de ces malaises. En début d'année, il redoutait la rentrée scolaire et à la fin, il est tellement saturé et sous pression que physiquement il n'en peut plus», relève sa maman. Depuis, Souhila a décidé de ne plus lui faire de révision à la maison et de l'encourager à dessiner. «Je veux qu'il ait un équilibre. Il aura tout le temps d'apprendre», conclut-elle. Nora, 30 ans, agent administratif : «Mon fils ne veut plus aller à l'école» Le stress de son enfant, Nora le vit dès la rentrée scolaire. «Mon fils était content au départ. Il était très enthousiaste. Comme je l'ai fait participer à l'achat des fournitures et des livres, il était très pressé d'aller à cette grande école. Au bout de quelques jours, son enseignante m'explique que du fait qu'il n'ait pas fait de pré-scolaire, il est en retard et qu'en plus son écriture est illisible. Donc, j'ai commencé à lui mettre la pression à la maison pour bien écrire. Son enseignante, de son côté, lui faisait faire beaucoup d'écriture en lui rajoutant une heure de cours. Au début, mon fils s'appliquait sans broncher. Mais au bout de quelques semaines, il a décidé de ne plus partir à l'école. Avec ma pression et celle de son enseignante, nous l'avons dégoûté de l'école. Il fait une révulsion. Et je me retrouve maintenant dans le désarroi le plus total. Il a commencé à ronger ses ongles et ne veut même plus dessiner !»