Par Maâmar Farah Quelle différence y a-t-il entre Daesh, adepte de l'esclavage des femmes, et ceux qui, ici chez nous et en 2015, s'opposent à une loi qui punit les hommes qui battent leurs épouses ou leurs sœurs ? Ces combats d'arrière-garde montrent que la lutte entre la modernité et l'arriération n'est pas terminée et ne se terminera jamais tant que la politique est polluée par l'intégrisme. Et en plus des partis islamistes, voilà que l'association des Ulémas joint sa voix aux condamnations multiformes de cette loi ! Visiblement, les nouveaux membres de cette association qui se réfère à cheikh Ben Badis ne semblent pas avoir lu ce grand réformateur, ce musulman progressiste qui ne s'est jamais fourvoyé dans les débats stériles du «fatwisme» à quatre sous, pour inscrire son action dans les grands courants émancipateurs des peuples. Ben Badis était pour la libération des femmes, pour qu'elles aient accès aux bienfaits de la modernité; il était aussi pour les droits syndicaux des travailleurs et pour la promotion du monde rural. Lui et ses compagnons avaient d'autres préoccupations que de débattre de la barbe ou du hidjab ; eux avaient compris que, sans modernité, sans adaptation aux réalités de son siècle, sans humanisme et sans l'égalité entre les femmes et les hommes, tout projet de société était voué à l'échec. Et quand Layada demande de rétablir dans leurs «droits politiques» les anciens bouchers, la République est vraiment en danger ! Le jour où on le comprendra et où l'on tentera de mobiliser les Algériens autour de cette urgence, – aussi bien qu'on le fait pour le gaz de schiste –, il y aura peut-être une lueur d'espoir.