Une journée d'information sur le projet de réhabilitation et de dédoublement de la ligne ferroviaire Béni-Mansour–Béjaïa (sur 88 km) a été organisée,hier, à la salle des congrès de la wilaya de Béjaïa, en présence du représentant de l'Anesrif, M. Aït Oufella (Agence nationale d'étude et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), du wali, des élus et des représentants des associations concernées par le tracé de ce projet. La tension a atteint son paroxysme dans la salle lors de la présentation du projet de réhabilitation et de dédoublement de la voie ferrée entre Béni-Mansour et le chef-lieu de wilaya. Présents dans la salle, des propriétaires de certaines unités de production se trouvant au niveau de la zone d'activités de Taharacht d'Akbou et d'Ighzer Amokrane tout comme de nombreux citoyens touchés par les expropriations se sont fermement opposés au tracé choisi par le bureau d'étude engagé par l'Anesrif. Organisés dans une association de défense des intérêts des opérateurs et des citoyens de la vallée de la Soummam, les opposants au tracé proposé par le bureau d'étude de l'Anesrif motivent leur refus par ,selon eux, la destruction du tissu économique de la région ainsi que la démolition de centaines de maisons. «32 unités de production, 1 600 habitations, sept cimetières, trois mosquées et trois établissements scolaires seront touchés par ce nouveau tracé. C'est un véritable drame !», explose K. Aït Braham, le président de l'Association de défense des intérêts des citoyens et opérateurs économiques de la vallée de la Soummam dans son intervention. Le même représentant de l'association a, dans son intervention, accusé ouvertement l'Anesrif d'avoir recouru à Google Earth pour les besoins de son étude et le choix du tracé du projet. «Vos experts ne sont même pas sortis sur le terrain , ils ont utilisé Google Earth, derrière un bureau, pour définir le tracé. C'est ainsi qu'ils ont même pris un container pour une habitation à indemniser» ironise le même intervenant. Le P/APC d'Ighzer Amokrane, Beldjoudi Rachid, a fait observer de son côté que «le maintien du tracé actuel menace près de 12 000 postes de travail» dans sa municipalité. Répliquant aux accusations des opposants au tracé, le représentant de l'Anesrif rejette en bloc les chiffres avancés par l'Association de défense des intérêts des opérateurs et des citoyens de la vallée de la Soummam quant au nombre de maisons et usines qui seront affectées par le tracé de la voie ferrée. «Nous avons enregistré 482 maisons et 25 unités de production qui seront touchées, partiellement, par le tracé» a-t-il soutenu tout en infirmant les propos des opposants accusant l'Anesrif d'avoir recouru à Google Earth pour les besoins des études et du nouveau tracé du projet en réalisation. «Nous sommes bel et bien sortis sur le terrain pour effectuer notre travail. Nous avons des relevés topographiques qui attestent mes affirmations», s'est défendu le représentant de l'Anesrif dans ses réponses. Pour mettre fin à cette rencontre très mouvementée et avec un souci d'apaiser les esprits, le wali a proposé la désignation d'une délégation regroupant les opérateurs économiques, des élus, des représentants de la société civile des communes concernées pour l'organisation de réunions de concertations avec les dirigeants de l'Anesrif, dont le siège se trouve à Rouiba, pour discuter de toutes ces difficultés et proposer ainsi des solutions afin de faire avancer enfin ce projet» a déclaré le wali, Hamou Ahmed Touhami. Une proposition qui a été accueillie avec soulagement par les différentes parties concernées par le conflit. Il convient de noter que le projet de réhabilitation et dédoublement de la voie ferrée Béjaïa-Béni-Mansour s'inscrit dans le cadre du plan national de modernisation du secteur ferroviaire avec une enveloppe de 106 milliards de dinars pour la réalisation de ce projet. Un projet qui prévoit aussi la rénovation de neuf gares, la réalisation de 55 ouvrages d'art, dont trois tunnels et la suppression des 98 passages à niveau jonchant le tracé. Le directeur de l'Anesrif présent aussi à cette rencontre a signalé que la réalisation de ce projet structurant permettra de passer d'une vitesse de 70 km/heure actuellement à 160 km/heure pour le transport des voyageurs et à 100 km/heure pour le transport des marchandises.