Encore une fois, la rencontre entre les représentants de l'Agence nationale de suivi et de réalisation des investissements ferroviaires ( ANESRIF ) et les représentants locaux dans la wilaya de Bouira bute sur le problème du tracé de cette double voie ferrée électrifiée devant relier à grande vitesse Thénia à Bordj Bou-Arréridj en passant par Bouira sur un linéaire de 82 kilomètres. Hier, lors de la rencontre périodique, présidée par le SG de la wilaya, les maires des communes concernées par ce tracé, à savoir entre autres, M'chédallah, EL-Adjiba, Bechloul, El-Esnam ou encore Kadiria et Lakhdaria et Aomar, se sont tous élevés contre ce tracé qui en finalité, n'aura pas tenu compte des réserves émises auparavant par leurs prédécesseurs sur les impacts négatifs que ce tracé aura sur les terres agricoles de haute valeur, ni sur les agglomérations urbaines dont certaines, se verront, comme l'a souligné le maire de Kadiria, comme ghettoïsée avec l'autoroute d'un côté et la voie ferrée électrifiée et clôturée de l'autre. Du coté de la région Est, c'est surtout l'atteinte aux terres agricoles de haute valeur qui est mis en exergue par le maire de M'chédallah qui a appris au même titre que les présents lors de la présentation de ce tracé par projection aérienne que celui-ci touchera plus de 500 hectares de terres agricoles, une cinquantaine d'habitations, et plusieurs édifices et autres bâtiments agricoles et industriels. Du côté de la commune d'Ath-Mansour, un CEM qui vient d'être réceptionné il y a de cela moins d'une année est touché par le tracé et donc, appelé à être démoli. A Aomar, un viaduc qui longera l'oued et passera près de la ville sur deux kilomètres risque de chevaucher avec la pénétrante de Tizi- Ouzou vers l'autoroute Est- Ouest, alors qu'à Kadiria, en plus de certaines bâtisses qui seront appelées à être démolies, c'est toute la ville qui se retrouverait, si jamais ce tracé venait à être retenu, otage et enclavée entre l'autoroute et cette voie ferrée. Et le comble de ces constats, c'est que les représentants du peuple ont appris que ce tracé passera par ces endroits sans aucune contrepartie puisque la seule gare ferroviaire prévue pour la wilaya de Bouira est celle du chef-lieu. Un chef-lieu dont les concepteurs avaient prévu un tunnel de plus de 5 kilomètres et qui évitera à la ville les emprises et les remises en cause des plans urbanistiques déjà approuvés et dont certains projets sont déjà lancés. Aussi, après toutes ces réserves émises par les maires, ajoutées à celles émises par le Directeur des services agricoles qui rappellera son refus de voir plus de 500 hectares engloutis par ce projet alors que l'Etat dépense des milliards de dinars pour créer un périmètre irrigué dans la vallée du Sahel et le plateau d'El-Esnam et espère arriver à une autosuffisance alimentaire. Réserves appuyées également par son homologue des ressources en eau qui rappellera que les études faites pour l'irrigation de la vallée du Sahel et du plateau d'El-Esnam, ne peuvent être revues et le tracé va priver une bonne partie de ces terres d'accéder au réseau. Après ces réserves faites également par le DUC, le directeur d'Algérie Poste concernant le risque sur les réseaux des fibres optiques et le DTP sur certaines routes éliminées par le tracé , le SG de la wilaya a invité les représentants d'Anesrif de faire des sorties sur le terrain pour chaque secteur et en présence des élus locaux et des techniciens afin de relever toutes les contraintes, les notifier sur PV afin de sortir avec une synthèse qui puisse aboutir à une solution définitive : soit poursuivre le projet sur le même tracé en levant uniquement certaines contraintes, soit revoir le tracé en le déplaçant un peu. En tout état de cause, le SG de la wilaya qui a souligné l'importance de ce projet stratégique, rappellera également la prise en compte de l'autre projet structurant lancé par le ministère et qui concerne les périmètres irrigués de M'chédallah et d'El- Esnam ; ainsi que la préservation des plans urbains surtout à Bouira où sur les 22 hectares situés à l'est de la ville et touchés par le tracé, deux écoles nationales de la police et de la Protection civile, y sont prévues. En tout état de cause, une autre rencontre est prévue dans un mois pour essayer d'en finir avec ce projet qui n'a que trop tardé.