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Les Glycines Centre d'études diocésain Conférence d'Andrew Bellisari sur «la bataille pour la restitution des œuvres d'art du Musée des beaux-arts d'Alger»
Le Centre d'études diocésain d'Alger abritera prochainement une très intéressante rencontre sur un sujet inédit. En effet, l'Américain Andrew Bellisari, de l'université Harvard, donnera une conférence intitulée «L'art de la décolonisation : la bataille pour la restitution des œuvres d'art du Musée des beaux-arts d'Alger, 1962-1970». Cette conférence est prévue le mardi 31 mars 2015 à partir de 18h. En mai 1962, deux mois avant le référendum d'autodétermination en Algérie, les administrateurs français du Musée des beaux-arts d'Alger commandent le transfert, sous escorte militaire, de près de 300 œuvres d'art vers la métropole, à destination du Musée du Louvre à Paris. Parmi ces toiles figurent des chefs-d'œuvre de la peinture française signés Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Delacroix. Mais cette collection de tableaux, en principe, n'appartient plus à la France. En effet, au terme des accords d'Evian, la collection rapatriée en France était devenue la propriété officielle du futur Etat algérien. Le nouveau gouvernement indépendant entend récupérer ce bien. Le sort de l'art «français» appartenant à l'Algérie sera l'objet d'âpres négociations. Ces négociations dureront près d'une décennie avant que la France n'accepte de restituer la presque totalité des œuvres au Musée des beaux-arts d'Alger. Aujourd'hui, elles constituent l'une des plus grandes collections d'art européen du continent africain. Dans sa communication au Centre d'études diocésain d'Alger, Les Glycines, Andrew Bellisari examine non seulement la décision française d'agir en contradiction avec les accords d'Evian, mais aussi la complexité culturelle du phénomène de la décolonisation dont les négociations entre l'Algérie et la France pour la restitution des œuvres d'art au Musée national des beaux-arts d'Alger constituent un exemple édifiant. Plusieurs questions se posent. Quels enseignements et quelles conclusions tirer lorsque des œuvres d'art signées par quelques-uns des plus célèbres peintres français deviennent la propriété culturelle d'une ancienne colonie ? Quels sont les enjeux liés au désir d'une ancienne colonie de revendiquer comme élément précieux du patrimoine culturel de la patrie postcoloniale des œuvres d'art symboliques de l'ancien colonisateur ? «Les négociations menées dans le but de rapatrier l'art français en Algérie mettent en exergue les refontes culturelles précipitées par le processus délicat de la décolonisation. Elles viennent également questionner les connexions qui subsistent au «désenchevêtrement» colonial, connexions qui ne sont pas si aisément reconnues dans le récit traditionnel de la «fin de l'empire», lit- on dans la présentation de l'événement. Andrew H. Bellisari est doctorant dans l'histoire européenne contemporaine à Harvard University où il s'est affilié au Center for European Studies et au Weatherhead Center for International Affairs. En 2010, il avait reçu une licence en histoire et français de Rutgers University où il a travaillé sous la direction de Matt Matsuda, Jennifer Jones, et Mathilde Bombart. En 2010-2011, il était étudiant en Master associé à l'EHESS en tant que boursier Fulbright où il avait suivi le parcours "Histoire du fait colonial et impérial" organisé par Myriam Cottias. Aujourd'hui, il entreprend, sous la direction de Mary D. Lewis, des recherches sur les processus politiques et culturels de la décolonisation française et ses conséquences, en particulier en Algérie. Il mène actuellement des recherches en France et en Algérie pour son travail de thèse : «Colonial Remainders : Algeria, France, and the Culture of Decolonization, 1958-1970» (Vestiges coloniaux : l'Algérie, la France, et la culture de la décolonisation, 1958-1970). En étudiant la période qui va des dernières années de la lutte des Algériens contre l'occupation française jusqu'à la deuxième décennie de l'Algérie indépendante, son projet cherche à examiner la manière dont la décolonisation fut vécue sur le terrain par les acteurs locaux et interroge le devenir des liens complexes qui ont perduré après la fin de l'occupation coloniale. Ce projet se focalise sur les négociations et les échanges entre Algériens et Français (la plupart du temps informels) au sujet du patrimoine et des questions de propriété, ainsi que sur la nature des réseaux interpersonnels. Bellisari est l'auteur de Raiders of the Lost Past : French Imperialism and Archaeology in the Near East, 1798-1914 (Rutgers University, 2010).