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ATTITUDES
La bague
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 04 - 2015


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Fadhila aura essayé tous les remèdes pour soulager ses maux, en vain. A 60 ans, l'arthrose, la polyarthrite, les rhumatismes auront raison d'elle. Les douleurs lui empoisonnent la vie et elle donnerait tout pour apaiser ses souffrances. Elle n'hésitera pas à recourir à la médecine douce et se souviendra de cet ami de la famille qui, dit-on, avait le don de guérir par hypnose et qui, paraît-il, faisait des miracles. Elle ne se donnera même pas un temps de réflexion et courra chez son guérisseur. Un homme discret à qui on ne peut pas donner d'âge, ou de situation familiale. Elle se présentera à son cabinet et lui expliquera sa détresse.
Notre hypnotiseur la rassurera et lui promettra qu'en quelques séances ses soucis de santé disparaîtront.
Confiante, elle se laissera hypnotiser, elle qui ne croyait pas beaucoup à ce genre de pratiques, qu'elle voyait uniquement dans les films.
Elle s'allonge et après quelques massages, les points récurrents de la douleur seront canalisés par notre toubib, et en deux temps, trois mouvements, Fadhila se retrouve dans les bras de Morphée. A son réveil, elle ne se souvient de rien. Avec le sourire, l'hypnotiseur lui serrera la main en lui donnant rendez-vous pour une autre séance.
- Il n'y a pas de quoi vous alarmer. Tout ira bien.
- Merci, je vous fais entièrement confiance.
Fadhila rentre chez elle, heureuse.
Mais le soir, elle déchantera vite. Ses douleurs ont repris de plus belle. Pour s'éviter une nuit blanche, elle dut ingurgiter un calmant qui a de plus l'effet d'un somnifère. En massant son poignet et ses doigts, quel fut son étonnement en découvrant que sa bague avait disparu ! Un bijou de sa mère qu'elle n'a jamais ôté depuis qu'elle le lui a offert il y a plusieurs années, hormis le jour où elle dû subir une intervention chirurgicale lorsqu'elle l'avait confié à son époux. Le lendemain à la première heure, elle appela son guérisseur. D'une voix très détachée, il lui répondra : «Je n'ai pas remarqué de bague, je ne pense pas que vous l'ayez oubliée chez moi, mais demain quand je me rendrai à l'institut, je chercherai.» Cette disparition intriguera Fadhila, qui était sûre que sa bague se trouvait à son doigt quand elle s'est rendue chez lui. Plus tard, ses soupçons se confirmeront lorsqu'elle apprendra que des patientes qui sont passées par le même cabinet ont vécu la même mésaventure. «Et qui sait, dira l'une d'entre elles, profitant de nos moments d'inconscience il a dû aussi nous ‘‘tripoter''.» Mais Fadhila, sensible aux souffrances des malades, leur parlera quand même de lui, en les mettant en garde de ne porter aucun bijou si elles désiraient se rendre chez lui.


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