La corruption est un phénomène qui a pris, au cours de ces dernières années, des proportions inquiétantes, l'Algérie étant un des pays les plus touchés. Il faut développer pour chaque pays des stratégies spécifiques et adaptées aux formes et dimensions historiques que prend le phénomène dans chacun de ces pays. Mais pour combattre ce phénomène, encore faut-il l'identifier au mieux, en indiquant une définition du concept, pour mieux en mesurer les dimensions afin de produire des indicateurs, qui permettent d'appréhender ses formes, ses manifestions et ses mécanismes. Si la corruption enrichit un petit nombre de personnes, elle affaiblit la société, l'économie et l'Etat. Là où elle s'enracine, la corruption devient un obstacle important au développement. Une justice égale et équitable pour tous est cruciale pour la stabilité et la croissance d'un pays. Elle contribue également à lutter efficacement contre la criminalité. La corruption sape les fondements mêmes de l'Etat de droit et mine les bases de la démocratie ; elle entraîne une mauvaise utilisation des fonds publics, fausse la concurrence et fait obstacle au commerce et à l'investissement. Voilà pourquoi la corruption est aujourd'hui unanimement reconnue comme un grave fléau. Plus un pays a des institutions de qualité, plus la corruption diminue, plus le développement économique durable augmente. Tolérance zéro Attirer l'attention du public, des médias et des pouvoirs publics sur le coût de la corruption pour les services essentiels, tels que la santé et l'éducation : lorsque les services de base fonctionnent, toute la société y gagne. Apprendre aux jeunes ce qu'est un comportement éthique, ce qu'est la corruption et comment la combattre, et les encourager à revendiquer le droit à l'éducation, élever les futures générations de citoyens dans l'idée que le pays doit être exempt de corruption est un des moyens les plus efficaces de leur garantir un avenir meilleur. Refuser de participer à toute activité qui ne soit ni légale ni transparente, accroître les investissements tant nationaux qu'étrangers : tout le monde préfère investir dans un pays dont on voit que les fonds ne disparaissent pas dans les poches de fonctionnaires corrompus. Favoriser la stabilité économique en pratiquant la tolérance zéro vis-à-vis de la corruption et un milieu d'affaires transparent et ouvert est la pierre angulaire d'une démocratie solide. Donner un contenu à l'alternance Pour que le mot alternance ait un sens, il s'agit aussi de lui donner un contenu. C'est bien sûr à chaque peuple qu'il revient de le définir suivant son histoire, sa culture et son imagination créatrice. Mais quelques mesures pourraient ancrer une véritable alternance porteuse de démocratie : transparence sur le budget de l'Etat, les contrats avec les multinationales et les recettes issues de l'exploitation des ressources naturelles ; respect des normes républicaines dans les nominations aux postes de commandement militaire et policier ; liberté d'opinion, de presse et de manifestation sans préalable autre que l'information de l'autorité administrative ; nomination des magistrats indépendamment du pouvoir politique... La performance n'a jamais été à l'ordre du jour du processus des nominations ; c'est plutôt la soumission, l'abus d'obéissance et l'allégeance qui entrent en ligne de compte. La gestion des carrières des ministres, des hauts fonctionnaires, des walis, des directeurs d'institutions et des administrations publiques, des dirigeants d'entreprises publiques économiques n'obéit pas aux lois en vigueur : elle est principalement la résultante des tractations et des luttes intestines au sein du pouvoir et des décideurs de l'ombre. La notion de «part de marché économique» nourrit les secteurs les plus puissants du pouvoir. Dis-moi combien tu gères de carrières de «chefs» d'EPE (même les EPA et les EPIC), et je te dirai ton poids dans le cercle très fermé des décideurs. Les personnes qui sont à la tête de ces institutions diverses (ministères, wilayas, entreprises et établissements publics, etc.) ne les ont jamais réellement dirigées ni n'ont eu les coudées franches pour le faire : elles le savent elles-mêmes pertinemment et pour la plupart elles ont accepté d'être en attente des instructions issues des cercles qui les ont nommées.