Le phénomène semble prendre de l'ampleur dans les établissements scolaires dans les trois paliers, primaire, moyen et secondaire. Tout le monde s'accorde à le dire mais les statistiques sont gardées secrètes. Les questions se font nombreuses. Qui sont les auteurs et qui sont les victimes ? Une violence subie par les élèves ou par les enseignants de la part de leurs élèves ? Violences verbales ou physiques ou les deux à la fois ? Une violence que génère l'établissement scolaire lui-même ou bien elle prend sa source de l'environnement, social, familial ? A tout ce questionnement, la commission de l'éducation chargée de l'éducation, présidée par M. Zenadra Belkacem, inspecteur de l'enseignement primaire, s'est penchée sur ce phénomène et a organisé, mardi dernier, au siège de l'APW, une journée de sensibilisation d'information, d'étude et de débat pour poser un diagnostic sur la situation, pour sensibiliser tous les concernés dans le but non pas d'éradiquer totalement ce phénomène mais tout au moins de le juguler en agissant sur ses causes apparentes ou profondes. On a assisté lors de cette journée à de nombreuses interventions de spécialistes, éducateurs, chefs d'établissements, psychologues, responsables de l‘orientation, universitaires... chacun donnant sa vision du phénomène, sa définition, ses causes et ses remèdes. A l'écoute des différents intervenants, il apparaît que l'école n'est que l'espace où se propage non pas une violence mais des violences multiformes qui se manifestent par des actes entre les élèves, entre les élèves et leurs enseignants, entre les enseignants et les élèves, entre les élèves et le personnel administratif depuis le préposé à l'entrée de l'établissement jusqu'à la Direction, violence aussi contre le mobilier et la structure et ses équipements qui subissent des dégradations à longueur d'année. Selon un enseignant qui a passé toute sa vie dans le secteur, la violence naît dans la famille qui est la cellule de base de toute société, violence au sein du couple, du père contre la mère, violence des aînés sur les cadets, violences générées par les besoins et les frustrations, violences qui apparaissent déjà dans le milieu familial et dans les relations de voisinage. L'enfant, selon l'intervenant, devient alors porteur et vecteur de la propagation de cette violence. Un autre intervenant parlera de la violence des parents contre l'enseignant qui va jusqu'à l'invective et l'insulte devant l'élève, ce qui ne fait que porter atteinte à la relation fondamentale de tout le système éducatif et qui ne fait qu'encourager l'apprenant à relayer ces formes de violence. Un autre intervenant ne mâche pas ses mots pour désigner comme auteur de ces violence la structure éducative elle-même. «La forme de sa construction, son architecture, ses manques de fonctionnalité, la surcharge des classes, l'absence d'espaces de détente, de personnel qualifié, personnel technique et même pédagogique ; certaines fonctions ayant disparu depuis longtemps de la carte administrative, telles que le factotum ou le jardinier...» Il a aussi été question du rôle mineur, voire insignifiant des associations de parents d'élèves qui ne sont sollicitées que pour financer certaines manifestations, comme des sponsors. La présence de ces associations est à peine tolérée par l'administration. A l'issue de cette journée, une vingtaine de recommandations ont été formulées. Cependant, dira un participant «ces recommandations, qui en est le destinataire ? Quelle est ou quelles sont les instances qui vont prendre en considération ces recommandations ?» et d'ajouter «si on fait des recommandations pour des recommandations, des recommandations qui resteront sans écho....». Cependant débattre de ce phénomène, définir ses contours, évoquera une stratégie de lutte, l'évaluer objectivement n'est jamais vain.