Par Boubakeur Hamidechi [email protected] La rumeur parle déjà d'un possible retour de Ouyahia à la direction du RND, de la même manière, l'on explique les récentes colères publiques de Amar Saâdani par le fait qu'il ait eu vent d'une probable «amnistie» de Belkhadem mettant fin à son bannissement politique et qui lui permettrait d'activer à nouveau au sein des instances du FLN. A mesure que les langues se délient et que les informations recoupées confirment la mise en route des scénarios évoqués, d'autres interrogations sont nécessairement soulevées sur les objectifs réels de ces manœuvres internes. Car dans un cas comme dans l'autre, il est difficile, pour ceux qui sont derrière les rideaux, de parler de «reconfiguration» de l'espace partisan alors que l'on risque d'assister à une lamentable opération de chaises musicales. Tant il était que la manière brutale à laquelle l'on avait recouru pour forcer le passage vers un quatrième mandat avait fait voler en éclats la coalition des partis qui accompagna le régime, 15 années durant. Le FLN et le RND notamment en sortirent laminés au point d'apparaître comme des leviers secondaires dans une perspective évoquée à demi-mot et qui concernerait la «transition» que le pouvoir voudra vendre. Car enfin, se demande-t-on, quel genre de plus-value le pouvoir espère tirer en combinant cette double manœuvre qui, en définitive, ne vise qu'à aggraver le discrédit d'un binôme d'appareils dont il s'était précédemment servi comme caisse de résonance ? C'est ainsi que dans l'hypothèse d'une réactivation désirée de la complotite au FLN, un duel Saâdani – Belkhadem ne peut, cette fois, se conclure que par l'effondrement du vieil appareil. Or, même si la perspective n'est pas souhaitable auprès de la petite «technostructure», qui cimente le clan et dirige réellement l'Etat, il existe cependant un appareil de rechange qui pourrait parfaitement se substituer aux archaïsmes novembristes du FLN et cela grâce à des crédos plus actuels tout en étant patriotards. Le RND justement avec Ouyahia à sa tête. Cette figure de proue qu'il a, continuellement, incarnée bien qu'il eût à connaître souvent la détestation à travers la suspicion que lui avait vouée plus d'une fois le Président. Sans omettre également celle de l'opinion qui n'a toujours pas compris comment «une tête bien faite» politiquement ait pu se compromettre par le recours abusif au mensonge ou du moins à la démagogie. Mensongère celle-là, aussi ! En songeant donc à remettre en selle un ex-Premier ministre et ex-SG d'un parti au service du pouvoir que l'on a malmené sans que la moindre explication soit rendue publique, le palais s'apprêterait peut-être à organiser la succession au sujet de laquelle il s'est enfin convaincu qu'elle est inévitable sur le court terme. Et si le nom de son chef de cabinet, et néanmoins ministre d'Etat, est cité par le colportage des «on-dit», cela a été fait à dessein. Celui de le réhabiliter par étapes. La première consistant à le désigner de nouveau comme le patron légitime du RND. D'ailleurs Bensalah, rompu aux arcanes du régime, observe une attitude sereine face à l'agitation orchestrée des militants. Laissant ainsi entendre qu'il n'a pas de compte à rendre à ces derniers mais plutôt à ceux qui lui ont fait le devoir d'assumer ce mandat en 2014. Occupant le perchoir du Sénat, ce fidèle parmi les fidèles sait parfaitement bien qu'en ce qui le concerne, sa vraie-fausse destitution ne sera sûrement pas considérée comme un désaveu, bien que certains députés lui reprochent clairement sa mollesse. Confortablement immunisé dans son cocon de second personnage de l'Etat, il est déjà clair qu'il ne s'échinera pas à défendre cette sinécure qu'est la direction du RND. Et c'est ainsi que par défaut (de combativité !), il en vienne à être le bon avocat de Ouyahia contre sa propre éviction ! A l'heure donc où le pouvoir donne tous les feux verts à la justice pour qu'elle solde à la hussarde la totalité des dossiers compromettants de la corruption, grâce à des procès biaisés et expéditifs, lui ne chôme guère. En effet, dans la discrétion il réorganise, en même temps, les pions politiques en vue d'une hypothétique échéance fixée autour de 2017-2018. C'est donc dans cet esprit qu'Ouyahia, lui apparaissant alors comme la pièce maîtresse dans le futur échiquier, il fallait commencer par doper sa stature en affaiblissant l'interface du RND qu'est le FLN. De ce fait, cela consiste à remettre de la braise dans la rivalité violente qui oppose Saâdani à Belkhadem en émancipant ce dernier jusqu'à l'autoriser implicitement à organiser des messes basses. Comme quoi, donc, l'on s'achemine vers la consolidation d'un casting pour une succession pilotée. Celui qui a fait le choix d'un Ouyahia tout à fait semblable psychologiquement au maître actuel des lieux. Une doublure idéale qui s'interdirait d'ouvrir, plus tard, la boîte de Pandore.