Les contestataires de Amar Saâdani comme secrétaire général du Front de libération nationale, jusque-là divisés en trois groupes, s'unissent en un front commun construit sur la base d'une revendication consensuelle : «S'opposer à l'organisation du congrès annoncé pour la fin mai 2015.» C'est ce qui a été convenu, samedi dernier, à l'occasion d'une rencontre les ayant regroupés sur la côte-ouest d'Alger. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) En sa qualité de plus âgé des membres du comité central, l'ancien ministre, ancien moudjahid et actuel sénateur du tiers présidentiel, Salah Goudjil, a été désigné porte-parole du mouvement. Lundi, les trois chefs de file des contestataires ont animé une conférence de presse à la villa d'El-Biar à Alger, qui fait office de siège du groupe Belayat, pour expliquer leur démarche. Belayat, Goudjil et Abdelkrim Abada, donc, font l'état des lieux général du parti et évoquent longuement ce qu'ils comptent faire pour empêcher la tenue du 10e congrès convoqué par Amar Saâdani. «Devant cette situation exceptionnelle (de crise, ndlr), un nombre important des membres du comité central (l'instance dirigeante du parti entre deux congrès), conscients de leur responsabilité historique, ont profité d'une rencontre à Alger pour débattre, sous la houlette du membre le plus âgé d'entre eux, à savoir le sénateur Salah Goudjil, de la gravité de la situation et s'entendre sur la manière d'éviter l'implosion du parti, implosion qui ne manquera pas d'avoir de graves incidences en particulier sur le fonctionnement des institutions de l'Etat, notamment au sein du Parlement et dans les autres assemblées populaires où le FLN détient la majorité des sièges.» C'est ce qu'annoncent, d'emblée, les contestataires à travers une déclaration préliminaire lue par Goudjil. En guise d'actions concrètes envisagées afin d'empêcher la tenue du congrès, il est question d'une action en justice. «Nous allons attendre mercredi (demain, ndlr) pour voir. Et nous avons entièrement confiance en la justice», répondra Salah Goudjil. Pour rappel, la justice avait ajourné sa décision sur cette affaire du congrès du FLN d'une semaine et le verdict est attendu pour demain mercredi. Pour rappel aussi, une précédente décision de justice, prononcée le 28 août 2013 dans l'après-midi, et empêchant formellement la tenue de la session du comité central du lendemain, n'a pas survécu à l'«assaut» de Saâdani et de ceux qui l'ont désigné le 29 août comme secrétaire général du FLN ! En dépit d'une décision du Conseil d'Etat, la plus haute juridiction en la matière et dont les verdicts sont sans appel, l'on avait fait prendre, en effet, une décision à une juridiction «subalterne», annulant celle du Conseil d'Etat ! Bien évidemment, l'empreinte de Bouteflika dans tout cela saute aux yeux. Et d'ailleurs, depuis, Saâdani est impliqué dans tout ce qu'entreprend la présidence. Y compris de l'associer dans la direction de campagne du candidat Bouteflika que dirigea Sellal en 2014. Cela n'a, bien sûr, pas échappé à de vieux routiers de la politique comme Goudjil, Belayat et Abada. «La politique n'est pas une science exacte», répondra Goudjil à une question relative aux chances du mouvement de barrer la route à Saâdani lui qui, comme tout ce qui se fait au niveau du FLN depuis 1999 et davantage encore depuis 2004, n'est qu'une fabrication de... Abdelaziz Bouteflika ! En décidant d'interpeller Bouteflika, les contestataires ne font visiblement que prendre à témoin l'opinion publique. «Les membres du comité central concernés se tournent vers leur président, le président Abdelaziz Bouteflika, pour attirer son attention sur le grave danger que court son parti, parti auquel il n'a cessé d'appartenir depuis sa prime jeunesse, dans le meilleur et dans le pire. Il ne peut accepter que l'Histoire retienne que le FLN a subi, de son vivant, un sort aussi lamentable que celui qui l'attend inévitablement si les choses restent en l'état.» Cela n'empêchera pas pour autant les animateurs du mouvement de contestation de réitérer leur détermination à maintenir leur mobilisation qu'elle que puisse être la décision de justice ou celle, encore moins probable, de... Bouteflika !