[email protected] Le prétendu «printemps arabe» est en train de livrer ses funestes bilans et ils ne sont guère réjouissants sauf pour les initiateurs de ce plan impérialo-sioniste dont l'objectif premier est de détruire toutes les potentialités de notre région, y stopper le développement économique et social, y installer régression et chaos, y brimer des populations qui, à peine sorties de dictatures modernes, se retrouvent muselées par des oligarchies religieuses d'un autre âge ! Un plan concocté dans les laboratoires sionistes, avec l'aide des mentors anglo-saxons et d'une France qui joue là un rôle qui n'a jamais été le sien ! Le financement est bien sûr assuré par les traîtres arabes qui, sans voir leur bosse antidémocratique, s'acharnent sur le chameau arabe. Leurs victimes : les rares Etats-nations résolument tournés vers la modernité et la création d'économies nationales indépendantes ainsi que l'émergence d'élites scientifiques capables de rivaliser avec leurs collègues du monde entier. De force auxiliaire dans les «coalitions» qui installent terreur et chaos, les Arabes se découvrent désormais une vocation de «coalisés» à part entière : les voilà détruisant le Yémen et tuant les civils massivement. Incapables de s'unir pour combattre l'ennemi sioniste, ils se mettent à plusieurs pour intervenir militairement dans un pays «frère» et régler à leur manière un problème politique interne qui pouvait être solutionné par des voies pacifiques. Après l'ère du Qatar dictant ses ordres aux autres pays, au sein d'une Ligue arabe amorphe et impuissante, voilà que l'Arabie Saoudite impose le wahhabisme et se met en tête d'un mouvement entièrement tourné vers la satisfaction des désirs sionistes. Le plan entamé en 2010 et qui connaît des développements de plus en plus inquiétants, repose sur une immense manipulation : faire croire que la chute des dictateurs a débouché sur la démocratie ! La réalité vécue par les pays touchés par la vague de révoltes montre, à l'évidence, que c'est plutôt l'inverse qui se produit. La destruction des pays visés est presque achevée : ruines et désolations sont le lot quotidien en Syrie, Libye, Yémen, etc. Le désastre libyen ne semble pas près de s'arrêter. Tous ces massacres, ces destructions massives auraient pu être évités sans l'implication des forces de l'OTAN qui, défiant la communauté internationale, ont agressé un territoire souverain : est-ce que la grande presse dite libre s'en inquiète aujourd'hui, elle qui nous intoxiquait quotidiennement durant la campagne libyenne menée du ciel ? L'objectif est désormais atteint et les actuelles souffrances du peuple libyen, confronté à la loi des nouveaux seigneurs de guerre, n'intéressent personne ! Le grand chapiteau de la manipulation a été démantelé pour se fixer ailleurs, là où il y a encore un spectacle à donner : cette Syrie qui a tant résisté et qu'on veut détruire à jamais pour que s'ouvre enfin le chemin royal qui mène à Téhéran ! Où est la démocratie ? Où sont les promesses de développement économique et de justice sociale ? Nous ne voyons que la décomposition de la Libye qui ressemble de plus en plus à la Somalie ; nous ne voyons qu'une Egypte et une Tunisie affaiblies et livrées à des extrémistes que nous ne connaissons que trop bien, hélas ! Nous ne voyons que le pourrissement au Yémen et la destruction quotidienne de la Syrie ! Non, ce n'est pas un printemps ; c'est la fin de toutes les illusions, de tous les rêves des patriotes et des nationalistes qui ont livré des batailles héroïques contre l'impérialisme et ses serviteurs locaux ; c'est la fin des grands projets de modernisation basés sur le progrès social et l'acquisition de la science pour tirer nos pays de la misère et de la stagnation culturelle et les propulser dans leur siècle ! Et de quoi parle-t-on aujourd'hui ? D'agriculture ? D'industrie ? De facultés ouvertes sur l'universalité ? De découvertes scientifiques ? De réformes pour plus de justice et plus de libertés ? Non, la prétendue révolution a mis au pouvoir des censeurs qui donnent libre cours à leur misogynie et à leur brutale haine contre la culture et les choses de l'esprit ! C'est l'obscurantisme qui s'installe partout et cet obscurantisme est le meilleur allié d'Israël et des forces qui le soutiennent et qui ne veulent pas d'un deuxième Irak avec des élites de très haut niveau, ni d'un développement économique et militaire qui sert les intérêts supérieurs de la Nation, un Irak d'ailleurs où il y a eu le plus d'assassinats de scientifiques depuis que le monde est monde ! Non, il n'y a jamais eu de «printemps arabe» ! C'est la saison la plus morne, la plus glaciale, la plus sombre qui s'annonce à l'horizon. Et il ne faut surtout pas penser que le plan de destruction des potentialités arabes en est à sa phase finale avec le front syrien. Les regards des nouveaux vampires assoiffés de sang se tournent vers l'Algérie, pays qu'on a essayé de détruire dans les années 1990 et qui était, avec l'Irak, parmi les deux premières cibles de ce plan. Quand Bernard-Henri Lévy, le philosophe français qui a joué un rôle déterminant dans la guerre contre la Libye, commence à trop parler de notre pays, il ne faut pas prendre à la légère ses déclarations. Elles traduisent certes des prises de position politiques qui peuvent paraître sincères tant elles rejoignent celles de larges parties de l'opposition nationale, mais quand ça vient de ce bonhomme, il faut faire gaffe. Et deux fois mieux qu'une. Car ce penseur «libre et progressiste» a fini par reconnaître qu'il a agi en Libye en tant que juif et «pour le sionisme» ! En Algérie, l'ANP veille au grain et sa dernière victoire éclatante contre l'obscurantisme armé nous réjouit et nous montre que les forces hostiles au progrès des peuples et à leur émancipation souveraine sont loin d'avoir gagné la bataille sur nos terres. Mais ces victoires militaires nous semblent parfois inutiles quand cet extrémisme religieux combattu au maquis, se généralise aux quatre coins du pays et semble même encouragé. Sans modernité et démocratie, sans une société libre vivant la réalité de son siècle, le combat héroïque de nos soldats risque d'être vain. Nous avons besoin d'une école tournée vers la savoir scientifique et technologique, bâtie sur la raison et la logique, éloignée des chauve-souris qui veulent perpétuer l'ignorance et l'arriération. Nous avons besoin de mosquées qui propagent un islam de paix et de tolérance. Nous avons besoin de télévisions privées qui parlent de leur siècle, de ses conquêtes scientifiques, du formidable développement de ses technologies et qui tirent les masses vers le haut au lieu de les enfoncer dans le charlatanisme. Mais il n'y a pas que cela : les valses-hésitations du pouvoir, ses faux-pas, son hégémonie et ses pratiques désarmantes alimentent une contestation qui peut déraper car toutes les opportunités sont bonnes pour allumer la mèche. Les grandes victoires militaires ne doivent plus se transformer en défaites politiques. Il nous faut bâtir un ordre politique nouveau, démocratique et moderne, s'insérant dans les grands courants émancipateurs universels. Oui, «il nous faut !», mais le pouvoir actuel en est-il capable ? En a-t-il la volonté ? M. F. P. S. : Aux amis lecteurs qui ont manifesté un grand intérêt pour les deux premières parties de la série «Bône, ma maladie», toutes mes excuses pour cette interruption. Ils trouveront la suite de ces «mémoires» dans un livre qui est le cadre approprié pour ce genre d'écrits.