Le nouveau ministre des Transports a eu, hier, à défendre face aux sénateurs le projet de code de l'aviation civile présenté à l'APN par son prédécesseur. Aux sénateurs qui ont beaucoup critiqué la compagnie nationale, le ministre a répondu avec franc-parler qu'il partageait leur vision, n'hésitant pas à évoquer les recrutements «parrainés» et des mentalités à changer absolument. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Présentation, hier, du projet de code d'aviation civile. C'est au nouveau ministre des Transports qu'est revenue cette mission après le départ de Amar Ghoul du département des transports. Boudjemaâ Talai n'a pas choisi la langue de bois pour répondre aux nombreuses critiques émises par les sénateurs. Il a d'ailleurs choisi d'y répondre sans demander de délai pour le faire. Aux sénateurs qui ont pointé du doigt les nombreuses lacunes d'Air Algérie, le ministre des Transports a répliqué qu'Air Algérie était «une compagnie historique» qui doit avoir droit à un traitement particulier au regard des réflexes développés en son sein depuis des années. Boudjemaâ Talai n'hésite pas à évoquer «le problème spécifique» des personnes recrutées sur recommandation, des jeunes non formés et des retraités toujours en place. Il ajoutera que «tout le monde sait comment sont choisis les gestionnaires». Pour y remédier, le ministre des Transports annonce le lancement d'un audit sur la question pour que les changements interviennent enfin. Le successeur de Ghoul annonce un plan de mise à niveau de la compagnie qui concernera plusieurs volets : celui de la sécurité, de la gestion, et de la formation. Les ressources humaines, dit-il, ont trop longtemps été négligées et les certifications deviennent rapidement du domaine de la théorie. Il a fait savoir que son département comptait créer une école pour l'aviation civile en partenariat avec l'institution militaire qui formera, selon ses dires, «des civils avec l'esprit militaire» qui auront, dit-il, le souci du respect du service public et donc ne penseront pas à recourir à la grève. Interpellé au sujet de l'absence de ponctualité, il répondra que cette question doit être appréhendée dans sa globalité pour inverser la tendance. Cela impliquera, cependant, une meilleure collaboration entre tous les acteurs de la chaîne devant prendre en charge le voyageur. Comme le veut la procédure, le rapporteur de la commission de l'équipement et du développement local avait auparavant fait lecture du rapport préliminaire dans lequel sont consignées les réponses du représentant du gouvernement. Ce sont les réponses données par Amar Ghoul qui ont été lues aux sénateurs. En effet, c'est l'ex-ministre des Transports qui avait été entendu à l'époque. Ce dernier avait, sans surprise, défendu le texte, affirmant qu'il permettait non seulement à l'Algérie de se conformer aux normes internationales mais également de mieux prendre en charge les voyageurs. Une lecture que ne partagent pas l'ensemble des sénateurs. Les débats ont tourné quasi exclusivement autour de la compagnie nationale. Ceux qui ont pris la parole, hier, ont stigmatisé la gestion faite par Air Algérie. Ils ont évoqué la mauvaise prise en charge des voyageurs à bord des avions et les nombreux retards que subissent les usagers de la compagnie nationale. D'autres sénateurs ont estimé que certains articles étaient trop ambigus et que trop d'articles renvoient à des textes réglementaires à venir. Des critiques formulées en présence du nouveau responsable de la compagnie.