Par Maâmar Farah Je viens de terminer le volumineux livre écrit par M. Mohamed Saïd Mazouzi, l'un des hommes les plus propres de l'Algérie révolutionnaire. Cet homme a témoigné. Réticent suite à ce qu'il qualifie de «coup d'Etat» (19 juin 1965), il n'avait pas la meilleure image de Boumediène. Mais, peu à peu, au fil des années et en côtoyant un homme de dialogue, il changera d'avis (il le consultait souvent avant de prendre des décisions relevant du monde du travail, mais aussi sur d'autres questions) et il adhérera au projet révolutionnaire qui visait la promotion de l'homme et la distribution équitable des richesses. En tant que wali de Tizi-Ouzou, il racontera l'accueil extraordinaire de la ville à Boumediène, aimé parce que juste et fier. Et quand la délégation présidentielle grimpa à Aïn-El-Hammam, on n'était pas sûr que la population du village «le plus haut perché de Kabylie» allait en faire de même. Mais ce fut le même raz-de-marée. Et le burnous mis sur les épaules du chef de l'Etat voulait dire — contrairement à tous les autres burnous «protocolaires», détournés de leur haut symbole — «tu es des nôtres». Citation : «Le monde aura compris cela (Ndlr : l'adhésion des masses au projet des années 1970) à la mort de Boumediène, au vu de la réaction spontanée de son peuple. Et les Algériens encore plus qui l'ont pleuré à l'infini, comme s'ils avaient compris, à l'avance, ce qui les attendait en matière d'épreuves, de renoncements et de reniements. L'Algérie avait perdu un leader, un grand chef et son enthousiasme. Mais elle le retrouvera un jour ; c'est ma conviction.» (J'ai vécu le pire et le meilleur, édition Casbah). L'histoire d'un Boumediène anti-kabyle, inventée dans les années 2000, vient d'être battue en brèche par un homme courageux, brave, sincère et qui ne cherche pas à se mettre dans le sens du vent. Un grand merci, Si Mohamed Saïd, pour ce moment de vérité. Heureux que votre fils, qui a beaucoup de qualités professionnelles et humaines, prenne les rênes de Sonatrach. Les temps ne sont plus les mêmes mais bon sang ne saurait mentir. Bon vent à Mazouzi junior !