De notre envoyé spécial à Blida, Mehdi Mehenni L'affaire du placement des 1 200 milliards de centimes de la Caisse nationale des retraites chez Khalifa Bank est revenue, hier, à l'ouverture de la douzième journée du procès Khalifa, mais cette fois-ci, avec la comparution de l'ex-DG de la CNR à la barre. Salah Arifi a nié avoir intercédé en faveur de son fils qui, d'un niveau scolaire terminale, a bénéficié d'une formation de pilote en Angleterre offerte par Khalifa Airways. Ce dernier est aujourd'hui pilote à Air Algérie. La douzième journée du procès Khalifa s'est ouverte hier au tribunal criminel près la cour de Blida, sur un détail qui n'a pas manqué d'effrayer l'assistance. Le fils de l'ex-DG de la Caisse nationale des retraites qui est d'un niveau scolaire terminale a bénéficié d'une formation de pilote en Angleterre offerte par Khalifa Airways, et transporte aujourd'hui des passagers chez Air Algérie. Salah Arifi, en qualité d'ex-DG de la CNR, a nié devant le juge avoir fait bénéficier son fils de cette formation en contre-partie du dépôt des 1 200 milliards de centimes des retraités chez Khalifa Bank. Pour rappel, le juge Antar Menouar a ouvert le dossier des placements de la CNR, samedi, avec la comparution de l'ex-président du conseil d'administration de la Caisse des retraites, Abdelali Meziani. Ce dernier avait indiqué au juge qu'à peine cinq jours après la réunion dudit conseil d'administration, Salah Arifi a signé la convention de placements avec Khalifa Bank. Abdelali Meziani avait aussi précisé que tous les membres du conseil n'étaient pas présents et qu'il y avait des réticents pour le transfert des 1 200 milliards de centimes, jusque-là hébergés au Trésor public. Six mois plus tard, le directeur financier de la CNR, un certain Kerrar, récupéra les 800 milliards de centimes, alors que les 400 autres milliards de centimes se sont volatilisés. Salah Arifi, qui répondait de ses actes, hier, devant le juge, a affirmé que les placements ont été effectués d'une manière réglementaire, c'est-à-dire après réunion du conseil d'administration le 16 septembre 2001, puis signature de la convention le 29 septembre 2001. La tutelle, qui est le ministère du Travail, en a été informée, selon lui. Comme tous ceux qui ont précédemment comparu devant le juge pour le dépôt de sommes astronomiques, celui-ci a également expliqué son geste par le seul souci de rendre fructueux l'argent de la CNR à travers les taux d'intérêts qu'offrait Khalifa Bank. Interrogé par le juge sur les privilèges qu'il a pu obtenir en contre-partie de ces placements, Salah Arifi dira n'avoir jamais intercédé en faveur de son fils, attestant qu'il avait les capacités requises pour devenir pilote. Antar Menouar lui fera rappeler qu'entre autres conditions d'accès au concours pour formation de pilote, exigées à l'époque par Khalifa Airways, celle d'être titulaire d'un bac+2, alors que son fils avait à peine un niveau scolaire de terminale. A une autre interrogation du juge, l'accusé a reconnu avoir bénéficié d'une carte de voyage gratuite offerte par Khalifa Airways. Il dit ne l'avoir utilisée qu'une seule fois, pour un vol Alger-Batna. L'autre accusé du jour, Rabah Bousbaïne, ex-DG de l'EPLF de Blida, a reconnu devant le juge avoir procédé au dépôt de 16,5 milliards de centimes chez Khalifa Bank. Il a également reconnu que 11,8 milliards de centimes du dépôt initial ont été perdus après la faillite de Khalifa Bank. Pareillement, il a expliqué ces placements par le seul souci de rendre fructueux l'argent de son entreprise à travers les taux d'intérêts intéressants qu'offrait Khalifa Bank. Le juge lui rappellera qu'il avait, par contre, bénéficié d'un crédit bancaire chez Khalifa. Ce que l'accusé n'a pas nié. Néanmoins, Antar Menouar a trouvé étrange que sur la convention portant octroi du crédit, le taux d'intérêt du remboursement a été corrigé au stylo, devenant ainsi 2 plutôt que 3%. Rabah Bousbaïne dit l'avoir fait après une entente avec le directeur de l'agence Khalifa de Blida, en portant le délai du remboursement à sept ans. Le troisième accusé passé à la barre était l'ex-président de la mutuelle des travailleurs de la Poste. Mohamed Tchoulak n'a également pas nié le placement de 8 milliards de centimes chez Khalifa Bank, pour une durée de dix ans et un taux d'intérêt de 12%. Celui-ci a également justifié son acte par le souci de faire gagner plus d'argent aux travailleurs de la Poste.