Examen du brevet, baccalauréat... des étapes charnière dans la vie de nos potaches. Durant les jours qui précédent l'annonce des résultats, la tension est palpable dans les foyers, aussi bien chez les parents que chez leurs enfants candidats à ces examens. Quand enfin arrive le jour «J» et l'heure «H», les boussoles s'affolent. Le rythme cardiaque s'accélère et les interrogations se lisent sur les visages. Les youyous fuseront-ils des chaumières ? Ou laisseront-ils place à un silence d'enterrement ? Des parents nous racontent comment ils ont vécu le moment «T» de la réussite ou de l'échec de leur enfant. Souhila, 49 ans «Les journées qui ont précédé l'annonce des résultats du baccalauréat de ma fille étaient chargées de tension. Elles m'ont semblé interminables. L'année a été très studieuse pour ma fille. Elle a bossé tous les soirs jusqu'à pas d'heure, a pris des cours particuliers et a sacrifié weekends et vacances afin de mettre toutes les chances de son côté. La veille de l'affichage des résultats, elle était sur des charbons ardents au point de rester toute la journée scotchée sur internet guettant les premiers résultats. Finalement son nom s'est affiché avec une moyenne de 11 sur 20. Avec son père, nous avons préféré tempérer notre joie, en attendant de nous rendre à son lycée le lendemain matin, vérifier de visu les listes définitives. J'avais pris mon caméscope et mon appareil photo avec moi pour immortaliser ce moment. En arrivant devant le portail, j'ai vu des élèves pleurer et d'autres rire. Un petit groupe s'était agglutiné au milieu de la cour devant un tableau sur lequel étaient épinglées les listes de noms. Il a fallu jouer des coudes pour me frayer un chemin. Mon cœur battait la chamade. Ma vision s'est brouillée tellement j'étais excitée mais j'ai quand même réussi à capter le nom de ma fille. J'ai crié de joie et j'ai senti les larmes rouler sur mes joues sous le coup de l'émotion. Non seulement ma fille avait décroché son examen et en plus avec la moyenne honorable de 14. J'étais la plus heureuse des mamans. Je voulais crier sur tous les toits combien j'étais heureuse et fière. J'ai ensuite passé plusieurs coups de fil pour annoncer la bonne nouvelle à mes proches. Puis en apercevant la mine défaite de certains parents dont les enfants avaient fait chou blanc, je me suis dit que je devais être moins expansive. D'autres mamans, elles, s'en fichaient! Elles embrassaient leur enfant et lançaient de stridents youyous. Ce moment magique est inscrit dans ma mémoire à jamais. Il a été fort et intense, un peu comme le jour de la naissance de ma fille». Mahmoud, 45 ans «Pour les parents, assister à la réussite de leurs enfants c'est comme atteindre le nirvana. En revanche, l'échec de leur rejeton est vécu comme une déchirure. Mon expérience est inédite. La même année, j'ai dû affronter les deux situations en simultané. Ma fille a réussi son brevet et mon fils a raté son baccalauréat. Ma femme et moi sommes passés de l'état d'euphorie à celui de déception. C'est très dur à vivre une joie en demi-teinte. Féliciter l'un et consoler l'autre, sous le même toit, n'est pas chose aisée. Mais nous avons fait la part des choses en organisant une petite réception en l'honneur de la réussite de notre fille. Il n'était pas question de lui gâcher sa fête. Elle l'avait amplement mérité après une année studieuse. Ma femme et moi avons ravalé notre chagrin. Notre fils était suffisamment accablé pour lui en rajouter. On a trouvé les mots réconfortants. Les mois ont défilé très vite. L'année suivante, il a enfin décroché son bac. Nous étions ivres de bonheur et avons fêté ça en grande pompe.» Selma, 39 ans «Voir son enfant rater un examen important est un véritable crève-cœur. Je parle en connaissance de cause. L'année dernière, mon fils a loupé son bac. Ce jour-là, c'était comme si le ciel me tombait sur la tête. Nous nous sommes précipités au lycée dès l'annonce des résultats. Devant les listes affichées, je le voyais blêmir et moi-même je sentais mes jambes flageoler. A ces moments-là, on essaye de prendre sur soi, de ronger sa peine et lâcher sur un ton serein : «Maâliche. Ce sera pour l'année prochaine, Inchallah.» Mais on ne peut s'empêcher de penser aux sommes d'argent englouties dans les cours particuliers, aux sacrifices en tous genres, aux nuits blanches passées à réviser et surtout à la déprime de notre enfant qu'il va falloir gérer parce qu'il est complètement abattu de voir que ses meilleurs amis sont sur la liste des lauréats.» Fusionnelles, nos relations avec nos enfants le sont à plus d'un titre. Leur réussite ou leur échec sont aussi les nôtres. C'est aussi ça être parents !»