Le secrétaire général du RND jette l'éponge comme l'a fait, il y a plus d'une année, celui à qui il a succédé en janvier 2013 et qui devra le remplacer dans une permutation propre aux partis du pouvoir. M. Kebci - Alger (Le Soir) - En effet, Abdelkader Bensalah a annoncé, jeudi dernier, sa démission de la tête du RND. Pour ce faire, il a préféré emprunter à son prédécesseur et son potentiel successeur, Ahmed Ouyahia, le même procédé que celui-ci a adopté pour annoncer son départ. Comment ? Via une lettre adressée aux militants et cadres mise en ligne sur le site du parti et dans laquelle Bensalah explique le «long processus de réflexion» ayant fini par le convaincre du devoir de céder la place. Une réflexion «nourrie» des avis au sein et en dehors du parti, parmi les cadres, les dirigeants, les députés, les ministres et les simples militants du parti. Car pour Bensalah, il y a l'impératif de se «fier au maximum des avis des militants et des cadres et responsables du parti. Ce qui m'a obligé à temporiser pour arrêter ma décision». Et d'avouer ne pas avoir trouvé de «réponses convaincantes» aux «interrogations quant aux raisons ayant poussé le parti à atteindre cette situation». Un manque d'arguments qui ne l'a, néanmoins, pas dissuadé de la «conviction finale de «prendre mes responsabilités entières comme militant et responsable pour assurer l'unité et la stabilité du parti et son action agissante sur la scène politique et lui éviter de rentrer dans des conditions inconfortables que personne ne souhaite». D'où, donc, sa résolution de démissionner du poste de secrétaire général du parti. Un poste dont, a-t-il précisé, «je n'ai jamais été demandeur et vous le savez, et je ne suis pas venu pour m'y éterniser». Timing bien choisi Cela dit, il est à s'interroger sur le timing choisi par Bensalah pour annoncer son départ de la tête du RND. Une fin de semaine, et surtout au moment où son frère-ennemi, le FLN, organisait son 10e congrès dans un contexte marqué par une grave fracture dans ses rangs. Un choix loin de relever de l'anodin et à travers lequel le deuxième homme de l'Etat veut céder son poste en «douceur», étant convaincu que le plébiscite de Ammar Saâdani à la tête du vieux front attirerait plus l'attention. Car un autre contexte «plus calme» lui aurait attiré davantage d'intérêt médiatique, lui dont la sobriété et la réserve lui collent comme une seconde nature. Deux facettes que ses détracteurs lui reprochent, eux qui les interprètent comme de la «mollesse » et un «manque d'agressivité». D'où leur plaidoyer ces dernières semaines pour le retour d'Ouyahia, synonyme de son départ. Et même si sa succession ne fait pas l'ombre d'un doute, puisque Ahmed Ouyahia devra le remplacer et retrouver ainsi son poste qu'il a dû abandonner dans les mêmes conditions, Bensalah n'y a fait aucune allusion. «Vous êtes libres de choisir celui qui convient à notre parti.» Je resterai militant de la base du parti et j'apporterai dans les limites de mes capacités, l'appui à celui qui me succédera», s'est-il contenté de dire, précisant que se démission est effective à partir du 5 juin prochain. Un retrait dont les membres du conseil national qui doivent se retrouver le 10 juin prochain dans une session ordinaire, devront constater et choisir un intérimaire que ne devrait être autre qu'Ouyahia. Même si, comme l'a souligné Nouria Hafsi, membre du secrétariat national sortant du parti, «ils sont nombreux à convoiter ce poste même à titre intérimaire». Un intérimaire qui devra prendre fin puisque un congrès extraordinaire se tiendra dans les trois prochains mois pour consacrer le come-back de l'actuel directeur de cabinet du président de la République. M. K. NOURIA HAFSI, MEMBRE DU SECRETARIAT NATIONAL DU RND : «J'espère que les conditions du départ d'Ouyahia ne seront pas de mise à son retour» Ayant été une fervente détractrice de l'ancien et potentiel prochain secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, Nouria Hafsi dit espérer que les conditions ayant été derrière le départ de ce dernier ne soient plus de mise à l'occasion de son come-back. Le Soir d'Algérie : Bensalah vient de rendre le tablier. Quelle lecture en faites-vous ? Nouria Hafsi : Le secrétaire général n'est pas le genre d'homme à se précipiter pour prendre une quelconque décision. Il a pris le temps qu'il faut pour se convaincre de devoir de se retirer dans la sérénité. Il a, pour ce faire, consulté au sujet et en dehors du parti et s'est convaincu de la nécessité de démissionner pour sauvegarder la cohésion et la place du RND sur l'échiquier politique national. Des consultations en dehors des rangs du parti. Mais cette décision ne devait concerner que les militants... Cela est le cas des autres partis, pas le RND ou le FLN qui sont des partis du pouvoir. Les décisions sont aussi prises en fonction de l'option qu'on aura arrêtée. Notre parti n'est pas comme les autres formations politiques, les facteurs exogènes sont souvent déterminants dans l'adoption des options et le choix des hommes. Ahmed Ouyahia est annoncé pour reprendre son poste... Pour la précision, les cadres du parti, auteurs de la fameuse pétition, ont exigé le retour d'Ahmed Ouyahia aux affaires du parti. Il n'était pas question d'exiger le départ de Bensalah au vu de son rang de second homme de l'Etat. Ce dernier a compris le message et a préféré céder la place dans la sérénité. Vous étiez pour le départ d'Ouyahia. Et maintenant que son retour est annoncé... J'espère seulement que les conditions ayant dicté son départ de la tête du parti ne seront plus de mise à l'occasion de son retour.