C'est dans une ambiance des «stades» que le 10e congrès du Front de libération nationale a été inauguré, jeudi dernier, à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, à Alger. La cérémonie d'ouverture, et contrairement aux traditions ancrées dans les mœurs du vieux parti, a été marquée par de grosses failles dans l'organisation et par de multiples incidents. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Inévitable scénario au regard du nombre record des participants à ce congrès, 6 371 délégués, et de la présence d'un service d'ordre «parallèle», heureusement vite neutralisé par les chargés «officiels» de la sécurité. Ceci pour le décor d'ensemble. Quant au reste, ce grand rendez- vous n'aura été qu'une fastueuse halte pour confirmer et conforter les choix inspirés et imposés par Abdelaziz Bouteflika en août 2013. Ainsi, en guise de cérémonie d'ouverture, l'on assistait, jeudi, à une séance entièrement consacrée à... Abdelaziz Bouteflika ! Devant une assistance où se distinguaient des invités de marque, notamment une vingtaine de ministres dont le premier d'entre eux, Abdelmalek Sellal, l'on passera vite aux «choses sérieuses». D'abord, la désormais incontournable «lettre du Président». Et à l'occasion, il s'agit du président de la République mais aussi du FLN. C'est le tout nouveau ministre chargé des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, qui en fera la lecture. Bien évidemment, Amar Saâdani ne pouvait espérer meilleure caution, qui «l'officialise » à son poste de secrétaire général avant même qu'il ne le soit formellement par le congrès. Bouteflika y confirmera même à sa manière avoir été le véritable architecte de tout : «Il ne fait aucun doute que votre présente rencontre sera couronnée de succès et que vous en sortirez plus unis autour de la direction qui en sera issue et qui reflétera votre choix judicieux et votre sens militant qui ne laisse guère de place à l'improvisation ni à la complaisance dans le choix des femmes et des hommes les plus à même d'assumer les responsabilités avec dévouement et mérite». Après lecture de la lettre, Tahar Khaoua reprend sa place. Il demandera la parole quelques minutes plus tard, après avoir reçu un coup de téléphone. On ne tardera pas à en connaître l'objet et, bien sûr, l'origine de cet appel. De retour à la tribune, Tahar Khaoua entrera directement dans le vif du sujet : «Nous proposons à ce que le Président Abdelaziz Bouteflika soit désigné président du Front de libération nationale. Et je dis bien président effectif et non pas président d'honneur.» Naturellement, la «proposition» est acceptée à l'unanimité de la salle, déjà... à moitié vide ! Même topo lorsque Amar Saâdani lira son allocution que l'écrasante majorité ne faisait même pas semblant d'écouter ! Du jamais vu dans ce genre d'événement chez l'ex-parti unique. En réalité, tout comme la «réélection» de Bouteflika comme président du parti, tout le monde savait que le seul enjeu digne d'intérêt au cours de ce congrès reste la composante du prochain Comité central. Ce dixième congrès, davantage que tous les précédents tenus sous Bouteflika, est entièrement contrôlé, de bout en bout, en amont comme en aval, par le cercle présidentiel. C'est d'ailleurs un fidèle parmi les fidèles à Bouteflika, en l'occurrence l'ancien ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui a été désigné pour présider la plus importante commission du congrès, celle des candidatures pour le Comité central. Un Comité central dont les élections ont commencé hier vendredi tard dans la soirée et dont le nombre des membres est revu à la hausse. Il est désormais fixé à 550 membres. A ceux qui seront issus des élections au niveau des mouhafadhas, au nombre de 123, s'ajoutera une liste de désignés par le secrétaire général, Amar Saâdani. Celle-ci sera constituée de personnalités et cadres du parti comme le président de l'Assemblée populaire nationale, Larbi Ould Khelifa, des ministres comme Tayeb Louh, Abdelkader Messahel, Tahar Khaoua, Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Kadi, Tahar Hadjar, ou encore d'anciens autres membres du gouvernement comme Saïd Barkat, Mahmoud Khodri, Mahi Khellil, ou alors d'autres personnalités comme Abdelkader Hadjar, Abdelkrim Ghrieb, «et certainement quelques surprises encore», nous confie-t-on. La liste du nouveau Comité central devra être connue aujourd'hui, samedi, au dernier jour du congrès. C'est ce nouveau Comité central qui va, par ailleurs, «plébisciter» Amar Saâdani comme secrétaire général.