Moment de vérité demain pour les candidats au baccalauréat. Le premier bac sans le fameux seuil des cours depuis 2003, date d'instauration de ce que les pédagogues ont toujours qualifié d'hérésie. L'édition de 2015 se caractérise par une augmentation du nombre de candidats mais également par la volonté du département de l'éducation de placer le pédagogique au cœur des préoccupations. Nawal Imès- Alger (Le Soir) - Dès demain, les élèves des classes de terminale subiront les épreuves du baccalauréat. Ils sont cette année plus de 853 780 lycéens à subir les épreuves en raison de l'arrivée de la double cohorte issue de la réforme. Grande nouveauté cette année : point de seuil de cours fixé. La ministre de l'Education aura tenu le pari de supprimer l'une des aberrations du système scolaire algérien, à savoir le fameux seuil des cours à réviser exigé depuis 2003 par les lycéens. Habitués à une concession faite sous l'ère de Benbouzid dans un contexte de grèves à répétition, les candidats au baccalauréat avaient fini par considérer cette pratique comme un droit. Chaque année, à l'exception de celle en cours, des groupes de lycéens envahissaient les rues pour exiger ni plus ni moins de connaître le seuil des cours qu'ils devraient réviser. Catégorique, Nouria Benghebrit s'était engagée à supprimer cette «faveur» accordée aux candidats et qui a fini par aboutir à un bac au rabais. En sa qualité de pédagogue, elle a tenu à réhabiliter la pédagogie dans un secteur où les mouvements de grève sont récurrents et où les nombreux problèmes posées ont fini par reléguer au second plan les questions de pédagogie. Pourtant, le pari semblait difficile. D'abord parce que les lycéens, pas très rassurés après la suppression du fameux seuil, ont tenté de faire pression. C'était compter sans la détermination du département de Benghebrit. Deuxièmement, parce que l'année aura eu comme toutes les précédentes sont lot de mouvements de grève. Les uns après les autres, les syndicats du secteur ont débrayé, obligeant la tutelle à rouvrir des dossiers en suspens depuis des années. Des mouvements de grève qui, au-delà de la traditionnelle guerre des chiffres autour des taux de suivi, auront perturbé l'année scolaire. Une parenthèse refermée après d'âpres négociations pour laisser place au rattrapage des cours et aux préparatifs des examens. La machine est désormais mise en branle. L'important dispositif qui entoure les examens est fin prêt. Contrairement à ses prédécesseurs, la ministre de l'Education se refuse à aller sur le terrain des pronostics. Pas de projections possibles, dit-elle, au sujet du taux de réussite éventuel. Rassurante, elle rappelle que tous les candidats ayant obtenu la moyenne de 10 sur 20 seront assurés d'une place à l'université. Benghebrit ne se fait pas d'illusion : avec de pareilles moyennes, son secteur n'a pas encore atteint l'excellence et celui de l'enseignement supérieur pâtit du niveau des bacheliers qu'il réceptionne année après année. C'est pour ces raisons que l'enseignement du secondaire fera l'objet d'une analyse dès le mois de juillet au cours d'une conférence nationale qui devra aboutir à des propositions pour la réforme de ce palier.